Il est
mardi 30 Octobre, j’écris depuis la bibliothèque de Turangi, une petite ville
de 4000 hbts sur les rives du lac Taupō, qui s’est développée grâce à sa
station hydroélectrique (c’est aussi la capitale mondiale de la pêche à la
truite). Le temps est venu de vous raconter la seconde partie de mon road trip
dans le plateau central de l’île du Nord. Je reprends exactement là où je
m’étais arrêté.
Le
samedi après-midi, je profite d’un beau rayon de soleil pour découvrir une
petite promenade le long des berges du lac Okareka, juste au pied de la
propriété de Lucy. Je suis un sentier bien aménagé dans cette zone humide et
j’observe un nichoir d’une dizaine de cygnes noirs. Je rentre ensuite au ranch
de Lucy, en chemin je rencontre Sam, le père de Lucy, devant sa maison. Nous
discutons sous sa véranda autour d’un verre de blanc ; je lui raconte mon
voyage en Nouvelle-Zélande, et je lui parle un peu de moi et de l’Auvergne en
image (j’avais mes photos sur moi).C’est un personnage haut en couleur, qui
connaît très bien le pays, mais aussi la France (situation politique et
économique !). Ensuite, je remonte au ranch pour le dîner, je retrouve
Emmeline qui revient d’une journée de docking (vaccination et ablation de la
queue des jeunes agneaux pour des raisons d’hygiène). Elle s’était levée très
tôt pour assister au docking (personnellement je n’ai pas voulu y
assister : c’est un peu particulier et je voulais écrire pour le blog).
Finalement, Emmeline a même participé ; et en une journée c’est 630
agneaux qui ont été « opérés »! Elle n’avait plus de bras à force de
porter les agneaux, et plus d’oreilles car c’était un immense troupeau.
Après
le dîner, j’accompagne à la nuit tombée Carmen et Caroline pour voir des glowworms
et des opossums. Les opossums ici sont légions (un dans chaque arbre !),
j’exagère mais ils sont nombreux ce qui me permet d’en voir deux ce soir là. Et
j’en profite pour vous dire que je me suis aperçu que, sous ma plume rapide,
j’avais oublié d’évoquer, dans l’article précédent, ma rencontre avec un autre
nuisible importé d’Australie : un wallaby. Je l’ai observé dans le jardin
du ranch de Lucy le jeudi d’avant. C’est normalement un animal nocturne mais
celui-ci était aveugle, d’où sa présence en plein jour. Je l’ai porté à bout de
bras, car la pauvre bête s’était enfermée dans une petite courette et se
cognait aux murets pour sortir. J’ai donc attrapé ce wallaby comme un gros chat
avec autant de précautions que possible et je l’ai relâché un peu plus loin en
lisière de forêt. Il est resté curieusement passif dans mes bras! C’était le
moment animalier de l’article (j’aurai envie de dire comme à chaque semaine
depuis les dauphins du Coromandel).
Voici la vue depuis les pontons de la promenade du lac
Okareka.
Le wallaby en question dans le jardin : Il s’agirait
d’un wallaby d’Eugénie.
Le
réveil du dimanche matin est difficile, la pluie est tombée toute la nuit,
jouant du tambour sur le toit de mon van. Et il continue au matin de pleuvoir
abondamment. Mais je reste optimiste après avoir vérifié la météo sur
Internet ; une fenêtre de 2 heures sans pluie se dessine dans
l’après-midi. Je convaincs Emmeline de prendre la route pour Taupo pour continuer
le Road-trip. Cela revient à quitter le cocon douillet du ranch, qui fut une
halte merveilleuse et inespérée pour se refaire une santé au milieu du
Road-trip. On pourrait rester des jours ici, la décision n’est pas facile
surtout avec ce temps de grisaille. Finalement nous faisons nos adieux à Lucy
et à John (pour Emmeline c’est la seconde fois mais elle les reverra en Mars)
et nous les remercions chaleureusement pour leur hospitalité. Nous nous
arrêtons à Rotorua, vers les 13 heures pour les incontournables ravitaillements
(nourriture, carburant, eau et huile moteur pour le van d’Emmeline).
Ensuite,
le voyage continue en direction du Sud vers le lac et la ville de Taupō. Mais
en chemin, nous nous arrêtons à Waimangu Volcanic Valley. C’est encore un site
à forte activité géothermique comme le nom l’indique. Il se situe à quelques
kilomètres de Wai-O-Tapu et de Kerosene creek, situés sur la même faille. Sauf
qu’ici la faille est plus prononcée : c’est une vallée encaissée qui
descend vers les rives du lac Rotomahana. La faille continue sous les eaux du
lac, atteint le Mont Tarawera et le coupe en deux au niveau de son cratère.
Cette vallée à l’allure d’un rift est une partie de la faille de 17kms qui
s’est créée à la suite de l’éruption du Tarawera le 10 Juin 1886 (la 5ième en
18000 ans). C’est d’ailleurs le seul système hydrothermal au monde où il est
possible d’établir une datation exacte. La ligne du rift est ponctuée d’une
série de cratère, et d’activités géothermales uniques qui se développent
constamment.
La rivière fumante qui circule dans le fond de la vallée prend des teinte improbable.
Nous
arrivons donc sur les lieux avec un léger crachin, nous prenons le parapluie au
cas où. Et après avoir payer les 34 DNZ, nous empruntons donc le sentier de 4km
qui descend dans la vallée. Au départ nous longeons de grands lacs installés
dans d’« anciens » cratères (« Southern crater, Echo
crater »). Dans l’ « Echo crater » « le Frying Pan
Lake » bouillonne et fume. Ce cratère résulte d’une grosse éruption
en 1917. Sur la rive orientale du lac se dressent des pinacles fumantes nommées
« rochers de la cathédrale ». Nous continuons et traversons des
dépôts de cendres mêlés à l’argile appelés « mur de cristal », la
température dans le sol est de 33°C
à 5cm de profondeur ! Sur cette surface chaude poussent des cristaux de
souffres et de sulfates. A cet endroit même, de 1900 à 1904 : il y avait
le plus grand geyser du monde : le Waimangu geyser qui jaillissait à 400 mètres toutes les 36
heures, projetant des roches et de la boue noire. Le geyser a d’ailleurs tué 3
touristes en 1903.
Nous
nous enfonçons ensuite dans la vallée qui se resserre autour d’un ruisseau
fumant. Nous observons tous un tas de petits geysers, de bains bouillonnants et
de petites failles. Mais l’atmosphère ne ressemble pas à celle de Wai-O-Tapu.
Dans cette vallée perdue dans la brume ; on a l’impression que le monde
prend naissance, ici, directement depuis les entrailles de la terre. C’est la
surprenante rencontre du minéral et du végétal. La végétation est bien
différente de celle observée jusqu’à présent. Des algues et des bactéries
thermophiles colorent en orange et en vert la rivière fumante qui traverse le
site, et il y a tout un tas de variété de fougères endémiques (il y a même des
fougères roses !). La végétation est récente, elle date de la dernière
éruption du Tarawera, avant il n’y avait que de belles collines vertes. Après,
nous passons durant l’ascension du Mont Haszard devant le joyau de
Waimangu : « l’inferno crater ». Ces eaux sont bleues pâles et
acides (pH : 2,1).
Du
sommet du Mont Haszard nous devinons les « black craters » et le
« rift valley » envahis par la végétation mais toujours animés de
fumerolles. En redescendant nous terminons le circuit par les « Marble et
Warbrick Terraces », des terrasses de silices blanches pour les premières
et colorées par les algues pour les secondes. En fin de parcours, nous
atteignons le lac Rotomahana qui a submergé les vestiges des « Pinks et
whites terraces ». Nous décidons de renter avec la dernière navette qui
nous remonte au parking car la pluie s’est intensifiée. Il est 17 heures quand nous
prenons la route pour Taupō, nous traversons une région bien verte sous un
déluge. Nous passons devant l’immense centrale géothermique de Wairakei. Et
nous arrivons au campsite de Reids Farm qui présente l’avantage d’être gratuit
et tout près des Huka Falls pour le lendemain.
Le « Frying Pan Lake » (le lac de la poële à
frire) siège dans le cratère de l’écho suite à l’éruption du 1 mai 1917, où
deux visiteurs ont trouvés la mort. Le cratère s’est vite rempli d’eau ;
c’est aujourd’hui le plus grand lac chaud du monde (200 000 mètres cubes
à 55°C,
pH : 3,5). La dernière éruption date de 1973 et a enseveli les
terrasses de Trinity.
Le niveau de l’eau dans « L’inferno crater » est
animé de cycles aux rythmes compliqués (reflux de 8m tout les 38 jours) ;
il est alimenté en profondeur (30m) par une source et il se comporte comme un
lac-geyser (c’est le plus grand geyser de ce type au monde).
La terrasse du nid d’oiseau est le nom donné à cette
formation de silice. Une source chaude sous la forme d’un petit geyser alimente
l’édifice. Et des algues qui supportent jusqu’à 75°C, ont trouvées refuges sur
la concrétion.
Le
lundi, nous attaquons notre seconde semaine de road-trip dans la région de
Taupō. C’est une étape de transition avant le Tongariro National Park. La ville
est sur notre route, ainsi que l’immense lac. Nous nous levons sous un soleil
radieux, nous nous dirigeons dans un premier temps vers les « Huka
Falls ». Le site est le plus visité du pays, je ne serais pas l’expliqué
(peut être son emplacement central ? sa facilité d’accès ? son
immense parking ?). Il s’agit du déversoir direct du lac Taupō qui donne
naissance au plus long fleuve du pays (le Waikato) qui traverse un goulot
étroit dans la lave. Nous nous rendons par la suite dans la ville de Taupō.
Nous sommes surpris du nombre de commerces pour la taille de la ville
(21000hts). C’est une ravissante ville au bord du lac.
Nous
en faisons le tour, et c’est là, en plein centre ville, et contre toutes
attentes, que je vais embarquer dans un vieux coucou : un DC-3 ZK CAW. Il
s’agit en fait d’un avion désaffecté qui sert d’enseigne pour un restaurant Mc
Donald. Je me prends au jeu, il est midi, c’est donc le moment idéal pour
embarquer à bord avec bien sûr mon plateau repas contenant mon menu McDo !
Ce coup marketing fonctionne très bien ; il faut dire que l’idée est
originale! Nous quittons ensuite la ville direction le Sud, nous empruntons la
route 1 (la même que j’avais au cap Reinga !) qui serpente le long du lac
Taupō. Nous traversons ensuite Turangi. Puis nous entrons dans le Tongariro National
Park par le Nord. Sur le trajet nous contemplons à moitié cachée par les nuages
quelques cheminées actives du Tongariro. Et en fin d’après midi nous arrivons
au campsite du DOC de Mangahuia, à l’Ouest du parc, pour passer notre première
nuit en altitude à plus de 1000
mètres.
Les Huka falls : un canyon de 15m de large précède
les chutes de 10m de hauteur. Le débit est de 200 000 litres par
seconde est impressionnant.
Le fameux avion de la célèbre marque de fast-food, en
centre ville, qui rameute les clients. Pourquoi on n’a pas des trucs aussi cool
en France ?
Le lac Taupō occupe une caldeira d’un volcan dont la
première éruption se produisit il y a 300 000 ans (et la dernière en 186
apr. J-C projetant de la ponce à 50km d’altitude) ; ses 606k² en font le
plus grand lac du pays.
Le
mardi matin, nous nous réveillons dans le froid : ça sent la neige !
Le temps est bien bouché mais quelques éclaircies nous permettent de voir les
contreforts d’autres volcans du parc. Le Tongariro National Park est le doyen
des parcs nationaux du pays. Il fut cédé au gouvernement en 1887 par le chef
Tukino Te Heuheu 4 de la tribu Ngati Tuwharetoa. Ce parc est un fleuron de
l’île du Nord et abrite trois gros stratos-volcans tous en activité : les
monts Ruapehu (2797m), Ngauruhoe (2291m) et Tongariro (1967m), Pour ces trois
volcans les dernières éruptions remontent respectivement à 1996, à 1977 et au 6
août 2012 ! Le parc est connu pour la qualité de ses chemins de randonnées
et ses 3 stations de ski (Whakapapa, Turoa et Tukino). Malgré le temps
incertain, nous montons au village de Whakapapa à 10 minutes du campsite pour
prendre un maximum d’informations sur les conditions météo et volcaniques.
Nous
avions envisagé au départ de faire une boucle dans le parc : le
« Northern circuit » avec une nuit dans un refuge (hutte) durant les
jours suivants. Mais la météo incertaine de montagne nous a fait changé d’avis.
Nous avons plutôt opté pour deux grosses randonnées à la journée (Tama Lakes
Walk et l’Alpine Crossing) qui recoupent les 2/ 3 du tracé du
« Northern Circuit ». Mais ces randonnées demandent une bonne
préparation et une météo clémente. Les conditions volcaniques sont de 1 sur une
échelle de 5 (faiblement explosif), les risques d’avalanches sont modérés, mais
la météo du jour n’est pas favorable (il a effectivement neigé à 1400m)
nous attendrons des jours meilleurs.
À l’entrée du village de Whakapapa trône le château
Tongariro, un établissement de luxe construit en 1929 qui dispose même
d’un golf !
Nous
nous rabattons à la place sur quelques marches autour du village de Whakapapa
(1119m). Nous débutons par Whakapapanui walk, une marche de 1h30 à travers une
forêt humide de montagne. Nous allons marcher sous la pluie nous sortons donc
les ponchos et les K-way (Nous avons un certain style couvert de la
sorte !). Nous observons sur le parcours une végétation spécifique adaptée
aux froids extrêmes, on trouve principalement des conifères (Kahikatea et
Hall’s Totara). Mais il y a aussi ces étranges plantes grasses qui montent
comme des palmiers et dont j’ignore le nom. Le tout est abondamment recouvert
de mousse, d’orchidée et de lichens. En chemin, nous franchissons des torrents
de montagne dont les pierres, qui tapissent le fond du lit, sont dorées. Pour
l’explication c’est l’acidité de l’eau des sources volcaniques qui colore
les roches.
Nous
prolongeons la marche par une boucle autour des « silica rapids ».
L’eau s’y écoule sur des petites terrasses de silices jaunes et blanches dans
un magnifique cirque naturel. C’est l’étape parfaite pour prendre notre
pique-nique surtout que la pluie s’est arrêtée. Après ce repas, nous continuons
l’ascension autour des 1300m pour atteindre des zones rocailleuses recouverte
de cette herbe jaune d’altitude : la « Tussock grass ». Là nous
ne pouvons éviter une tempête de grésille sous forme de giboulées
entrecoupées d’accalmies. Nous commençons à bien apercevoir les majestueux
cônes volcaniques enneigés mais leur apparition reste furtive. Nous retournons
au parking par la route, et nous nous rendons ensuite sur deux petits sites
proposant des marches de 20 minutes : la ravissante « Tawhai
Falls » et le curieux monticule «The Mound». À ce moment là, les sommets
se sont pratiquement dégagés des nuages ! La vue est absolument grandiose.
Le changement météo fulgurant et les infos que nous prenons à l’I-site nous
permettent de planifier une excellente randonnée le lendemain. Et le soir nous
rentrons au même campsite de Mangahuia.
Un aperçu de la forêt humide luxuriante des hauts
plateaux du Tongariro National Park.
Un torrent de montagne riche en couleurs.
Les magnifiques rapides de silices.
La petite boucle pour atteindre le Mound permet d'avoir un beau point de vue sur la montagne.
Le
mercredi matin, ça y est le temps est parfaitement dégagé, mais il y a du vent
(60km/h). C’était la nuit la plus froide : nous trouvons de la glace sur
les vitres à l’intérieur de nos voitures. Nous remontons au village de
Whakapapa, d’après les informations que nous glanons à l’I-site : il y a
encore trop de glace sur les sommets pour l’Alpine crossing. La rando du jour
sera donc les 17kms pour rallier les lacs Tama. Nous ne monterons pas au dessus
des 1500m. Nous débutons notre excursion sous le soleil avec comme panorama les
magnifiques montagnes enneigées. Nous ne pouvions espérer mieux. La rando n’est
pas trop exigeante physiquement (200m de dénivelé) mais le poids de nos sacs à
dos rajoute tout de même un sacré effort. J’avais bien 12 kilos : 2 litres d’eau, un
thermos, des vêtements chauds, trousses de secours et lampe et j’avais surtout
emmené mon netbook aussi pour le préserver du vol au parking!
La
ballade est vraiment agréable, nous traversons la lande rocailleuse parsemée
d’une multitude de torrents et de petits plans d’eau. Au loin, en direction de
l’Ouest, nous apercevons nettement le mont Taranaki enneigé (c’est un gros
volcan conique à l’extrémité Ouest de l’île du Nord), il se situe pourtant à
250kms. À la mi-journée nous atteignons les lacs Tama, logés dans deux cratères
bien distincts (un en hauteur, un autre en contre bas). Leurs eaux sont d’un
bleu intense. Là encore, nous profitons d’un panorama à couper le souffle. Nous
choisissons d’ailleurs de pique-niquer devant ce paysage incroyable. Au retour,
nous empruntons quasiment le même sentier ; excepté pour les 4 derniers
kilomètres nous bifurquons pour voir la superbe cascade de Taranaki. Avant de
rentrer au campsite, nous retournons à l’I-site de Whakapapa pour reprendre les
conditions météo essentielles pour le lendemain. Nous parlons à un guide haute
de montagne qui revient de sa journée sur « l’Alpine Crossing ». Les
conditions s’annoncent finalement parfaites pour effectuer cette rando le
lendemain.
La mont Ngauruhoe, ici parfaitement dégagé, est un
cône parfait qui servit pour représenter la montagne du destin dans la
trilogie « Le seigneur des anneaux ».
Le lac Tama supérieur blotti contre le Ngauruhoe.
Et le lac Tama du bas avec en toile de fond le Mt Raupuhu
point culminant de l’île du Nord.
Et la vue d'ensemble sur les deux lacs (vue immersive ici).
Depuis les contreforts du Tama lake supérieur on distingue dans le lointain le Mont Taranaki.
La cascade de Taranaki : des chutes de 20m de haut
sur le Wairere Stream.
Le
jeudi, le réveil est moins difficile : le « frozing level » est
remonté au dessus des 3000m. Un vent chaud souffle et fait fondre assez
rapidement les neiges basses des derniers jours. Nous nous préparons pour ce
qui est décrit comme la meilleure randonnée sur la journée en
Nouvelle-Zélande : « l’Alpine Crossing ». L’avantage
d’avoir deux véhicule ici nous permet d’un laisser un au parking d’arrivé à
Ketebati et l’autre sur le parking du départ à Mangatepopo. Une fois cela fait,
nous sommes parés pour les 19,4 kilomètres de randonnée, et les 1872m de
dénivelés (dont 736m d’ascension). Il fait plus chaud que prévu nous sommes
obligés de monté en T-shirt sous nos blousons. Nous commençons à 9h30, nous
nous engageons au début dans une ancienne vallée glacière, creusée dans de
massives coulées de lave, avec en ligne de mir le Mt Ngauruhoe enneigé. Au bout
d’une heure et demie, nous atteignons la « Soda spring » (1400m) qui
se jette dans le fond de vallée en une petite cascade. Nous dépassons ensuite
des WC, le sentier est d’ailleurs très bien aménagé : marches, pontons, et
surfaces antidérapantes. Le gros de l’ascension débute alors au pied du Mt
Ngauruhoe pour rallier le « South crater » (1659m). Cela nous prend
45 minutes, le « South Crater » est encore enneigé, nous le
traversons après nous être recouvert car le fond de l’air se rafraîchit.
Le
lieu est majestueux : nous marchons dans le fond du cratère enneigé, avec
à notre droite l’impressionnant Mt Ngauruhoe et à notre gauche le Mt Tongariro.
Nous poursuivons l’ascension sur les pentes très ventées du « Red
crater » (1886m), point culminant de la rando. Nous avons du mal à tenir
debout avec le vent (70km/h) je suis obligé de tenir Emmeline par sécurité.
C’est le passage un peu délicat, heureusement le passage répété des randonneurs
a fait disparaître la glace. Du sommet du « red crater » nous nous
régalons encore une fois de la vue. Nous avons un visuel sur l’intérieur du
« Red crater » qui est effectivement tapissé de cendres volcaniques
rouges. Nous voyons au loin dans la plaine une vaste zone désertique, et en
contrebas de l’autre côté du sommet le chemin serpente entre les « Emerald
Lakes ». Nous redescendons prudemment de l’autre côté dans le
« central crater ». Le coin est parfait pour sortir le casse-croûte,
avec une vue directe sur le seul des trois lacs émeraude qui n’est pas gelé. Le
nom est tout trouvé : c’est réellement la couleur de ses eaux. La zone est
parcourue de quelques fumerolles pour nous rappeler que les volcans sont bien
actifs.
L’Alpine Crossing : une belle randonnée à travers les
volcans du Tongariro National Park.
Le Mont Ngauruhoe et ses champs de laves : lieux de
tournage « Du seigneur des anneaux » (scéne de la grande bataille de
Dargolard avec Isildur et Sauron & scènes dans le Mordor avec Frodon, Sam
et Gollum).
Moi-même dans le « South Crater » avec la
montagne du destin dans le dos.
Le « South crater » dominé par le Mt Tongariro
et le « Red Crater »
Il est
13h00 quand nous reprenons le chemin de rando, nous traversons le grand
« central crater », et passons devant le « blue lake »
gelé. Le reste de la rando s’avère être que de la descente. À partir de ce
point, la zone devient plus sensible car elle n’a été ré-ouverte que depuis une
semaine. En effet elle fut fermée à la suite de l’éruption du Mt Tongariro le
06 Août dernier. Nous allons passer près d’une des cheminées du volcan qui
rejette en permanence de la cendre brûlante. Nous sommes mis en garde par des
panneaux et conviés à ne pas traîner sur la zone. Nous entamons la descente,
ainsi informés. Nous passons vraiment près du cratère actif : nous
entendons gronder. Le paysage est lunaire car recouvert de cendre grise. Sur le
sentier les affres de la dernières éruption sont bien visibles ; d’immense
bombes volcaniques on creusées des cratères (on dirait un bombardement au
mortier et certains blocs font 2m de larges !!!).
Au
bout d’une heure et demi nous arrivons à Ketetahi Hut. Ce refuge est toujours
fermé suite à sa destruction partielle. Nous poursuivons la descente en passant
tout près de sources chaudes privées de « Ketetahi Hot
Springs » ; elles appartiennent à une tribu maorie et sont
considérées comme sacrées. Nous mettons encore deux bonnes heures pour
atteindre le parking (il y est alors 17h30). En effet, la dernière partie dans
la forêt est éprouvante car le dernier Lahar (Coulée de boues et de roches) en
date a détourné une rivière de son lit. Le sentier est donc inondé par endroit
et de nombreux détours peu praticables sont proposés. Une fois au van
d’Emmeline, nous revenons au parking du départ récupérer le mien. Ce fut une
grosse journée, nous allons dans un autre campsite du DOC qui est
gratuit : Kaimanawa Forest (près de Turangi) nous nous y effondrons de
sommeil.
La vue au sommet du « Red Crater ».
Je mets en lien cette vue sphérique ultra immersive prise au sommet du Red Crater.
Je mets en lien cette vue sphérique ultra immersive prise au sommet du Red Crater.
Un des magnifique lacs émeraude.
Les dégâts importants dans Ketetahi Hut :
heureusement personne ne dormait quand l’éruption est survenue.
Un des évents du Mt Tongariro bien actif.
Le lendemain,
vendredi c’est en partie repos ; nous allons tout de même le matin à
Turangi pour le plein d’essence et pour l’accès Internet de la bibliothèque.
L’après-midi, nous voulons profiter de la belle journée pour découvrir la
fameuse « desert road » qui contourne par l’Est du Tongariro National
Park. La route a bien des allures de désert, elle traverse une région aride,
recouverte de cendre volcanique grise, appelée désert de Rangipo. Il n’y a pas
grand-chose, ici, pas d’habitations, juste des lignes électriques qui longent
la route. Cela explique le choix de l’armée Néo-Zélandaise qui s’en sert de
zone d’entraînement. Le risque de tomber sur des engins explosifs ou de croiser
des tanks en exercice est important ; c’est pourquoi il est défendu de
s’écarter des axes routiers dans la région. D’immenses panneaux sont là pour
vous rappeler les risques encourus.
Sur la
route nous effectuons quelques arrêts photos pour immortaliser les volcans
enneigés. Et là, contre toute attente, nous retrouvons Tom, Mat et Jack. Ils
ont terminé le docking au ranch de Lucy et rentrent sur Wellington. Décidément
ce pays est vraiment petit ! Nous continuons jusqu’au sommet de la route à
1074m et pique-niquons sous le vent. Nous prenons une piste de graviers pour
faire quelques photos des dunes de cendres (nous restons bien sur la route).
Non loin a été tourné la dernière bataille devant la porte noire dans le film
le Retour du roi. En fin d’après-midi, nous nous arrêtons à « Tree Trunk
Gorge » mais nous reportons leur visite au lendemain (le soleil est bien
bas pour visiter les gorges). Nous rentrons au campsite mais changeons
d’emplacement (la veille Emmeline a été réveillé par un Opossum qui a sauté sur
son toit dans la nuit!). Nous trouvons un minuscule mais parfait emplacement
au bord de la rivière.
Les grandes lignes droites de la « desert Road »
qui traverse le désert de Rangipo donne un aspect désert d’Arizona.
Le
samedi, le planning de la journée est chargé. Il fait encore beau même si les
nuages ne sont pas loin. Le matin à côté du campsite nous voulons visiter les
gorges de « Pillars of Hercules », mais il n’y a aucuns accès pour
descendre près de l’eau. Donc nous retournons à « Tree Trunk Gorge »
où nous étions passés la veille. Nous trouvons un chemin pour approcher de plus
près ces ravissantes gorges. L’eau se fraye un chemin dans un socle d’orgues
basaltiques et chute en plusieurs cascades et rapides. Puis nous continuons la
route en direction de la petite ville d’Ohakune (au Sud du Tongariro
National Park) ; nous retraversons le désert de Rangipo. Arrivé à Ohakune vers
midi, nous poursuivons pour rallier la station de ski de Turoa sur les flancs
du Mt Ruapehu.
Nous
voulions voir à quoi ressemblait une station de sports d’hiver ici. La côte est
bien raide pour atteindre le pied de la station à 1600m. A notre étonnement la
station est encore ouverte et il y a foule. Tous les panneaux ici nous
indiquent que la station est basée sur un volcan actif ; dans les WC je
trouve même les indications d’évacuations sur les pistes de ski. Depuis le
parking de la station je reconnais une cascade qui a servi de lieu de tournage
pour « The Hobbit » (oui j’ai suivi assidûment le making-off du
film). Je ne peux pas résister je vais au pied faire des photos. Nous sommes un
peu forcés de ne pas nous attarder car ce jour même se déroule un événement
sportif et la route va être barrée. Nous redescendons à Ohakune, Nous faisons
quelques petites ballades autour de la ville et nous arrivons à une auberge qui
fait office d’arrivée pour la course. Il s’agit du 20ième « annual peak to
powderkeg» ; un petit triathlon partant du sommet de la montagne (au
programme ski, course à pied de 5km et vélo sur 15km).
Dans
le même secteur, nous passons devant une pizzeria et là mon estomac me dicte de
déguster ma première pizza de Nouvelle-Zélande. Et puis il faut bien marquer la
fin du Road-trip. La course terminée, j’emporte ma pizza (avec du bleu dessus
en supplément!) au campsite tout proche de Mangawhero, où je la partage avec
Emmeline. Et oui, le road-trip se termine ici, le lendemain dimanche, nous
faisons un bout de chemin en commun puis nous nous séparons sous la pluie.
Emmeline se dirige à l’Est vers New Plymouth pour un HelpX avec des chevaux.
Tandis que moi, je rentre au campsite près de Turangi où je continue la
rédaction de ce long article, auquel j’ai encore consacré pas mal de temps
lundi et mardi mais j’avais beaucoup à raconter.
Le petit canyon photogénique de « Tree Trunk
Gorge » m’avait été indiqué par Martin le photographe lors de mon HelpX
près d’Opotiki.
La fameuse cascade à Turoa Skifield qui sera dans
« The Hobbit ». Je rempli progressivement mes visites des lieux du
tournage !
Ohakune affiche fièrement être la capitale locale de
la carotte.
Ainsi
s’achève ce road-trip de 15 jours, il fut riche en sensations et bien intense.
J’ai vraiment réalisé des visites et des activités incroyables ; du cheval
à la rando de 19 bornes, de la rivière chauffée au sommet glacé du Red Crater,
des bassins multicolores au monochrome de la desert road. Je me suis régalé, le
plateau central vaut le détour. Je garderais un très bon souvenir de mon
premier grand road-trip. Je tiens également à remercier Emmeline avec qui j’ai
partagé tous ces moments magiques. Et qui a rendu le road trip plus vivant et
plus « français » (j’avoue que j’ai moins parlé anglais ces 15
derniers jours !).
Nous
avons connus joies et petites galères comme se compose souvent un bon vrai
road-trip. Je souligne aussi que le blog a franchit les 1000 visiteurs uniques,
je vous remercie de votre assiduité et j’espère que vous prenez plaisir à le
lire (j’ai changé le classement des albums photos qui devenait compliqué à
lire). Prochaine destination Napier dans la Bay of Hawkes (côte Sud-Est), où je
vais essayer de travailler en intérim (Fruit Picking ou autres). Avec
entre-temps des étapes sur la route pour me refaire une santé car je suis un
peu fatigué je vous avouerais. La suite dans une semaine si possible.
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