19 décembre, 2012

Wellington : un séjour qui joue les prolongations.

Me revoilà après pratiquement 1 mois sans avoir donné de nouvelles (je m’en excuse j’ai été bien occupé dernièrement), et je ne vais pas vous mentir je ne suis toujours pas sur l’île du Sud. J’ai prolongé mon séjour dans la capitale. Et le ferry que j’avais reporté au 30 Novembre, face au risque d’une grève qui finalement n’a pas eut lieu? Et bien, j’ai à nouveau fait changer la date pour le 6 Janvier (ils commencent à me connaître aux bureaux de la compagnie maritime). Le road-trip dans l’île du Sud aura bien lieu mais un peu plus tard voilà tout. Pourquoi la parution a été un peu plus longue que d’habitude ? Pourquoi tant de changements et de rebondissements dans mes plans ? Je le révèle dans cet article.

Un ferry dans la baie de Wellington mais ce n’est pas encore le mien !

Je vais encore pas mal parler de cinéma, c’est donc en toute logique que je reprends à peu près le fil de mon récit dans un cinéma le Jeudi 22 Novembre. Et pas n’importe lequel : « The Embassy Theatre » à Wellington. The Embassy Theatre dispose de la plus grande salle du pays, et fut construit en 1924 dans le style Art Déco. Il a été rénové à plusieurs reprises. Cette fois-ci je reviens à l’intérieur de la salle principale en ayant pris des places pour Skyfall, le dernier James Bond, le jour même de sa sortie en Nouvelle-Zélande. Eva m’accompagne pour l’occasion (vous vous souvenez la fille de mon hôte HelpX). Nous prenons tout d’abord nos places de cinéma. Et alors fait totalement surprenant, dans tous les cinémas de la ville on peut choisir sa place. Oui, on a un numéro de siège attribué sur le ticket ; chose que je n’ai jamais vu en France. Les places du milieu sont plus spacieuses, prises d’assaut, et surtout un peu plus onéreuses (les prix de l’Embassy varient de 14 à 30 DNZ). D’un autre côté c’est pratique on peut se permettre d’arriver au dernier moment pour la séance.

Eva et moi, profitons ainsi de ce surplus de temps et nous nous rendons sur le remblai d’« Oriental Bay » pour manger un morceau avant le film. Le coin est très côté, les maisons en front de mer valent de l’or. Il fait beau, l’été se rapproche. Sur la plage artificielle (sable ramené de l’île du Sud) les gens prennent le soleil après leur journée de travaille. Nous dînons dans le petit restaurant « Beach Babylon » avec vue sur la mer (30 DNZ le repas).
Puis nous retournons au cinéma, en dégustant une glace, en chemin (la première glace de NZ pour moi ! quand je vous dis que ça sent l’été). Après pratiquement 6 mois dans le pays, regarder un film en anglais ne me pose plus de problème même si parfois certaines répliques m’échappent sur le coup, mais je peux reconstruire l’histoire à la fin du film.

Au passage, j’ai trouvé ce James Bond différent mais réussi (très orienté sur les faiblesses psychologiques de 007) et le méchant à un petit côté Jocker dans Batman the Dark Knight (même si Javier Bardem n’est aussi transcendant qu’Heath Ledger). Je m’arrête là pour la critique cinématographique ce n’est pas la fonction du blog. Pourquoi je vous parle de ce cinéma, et bien tout simplement parce que c’est là, le 28 Novembre, qu’a eut lieu la projection de la première du Hobbit (je sais je le rabâche depuis un petit moment déjà!). De voir un film dans la même salle de cinéma à moins d’une semaine de l’événement est une bonne mise en bouche.

Oriental Bay avec son jet d’eau fait face au port de Wellington.

Oriental Bay : Des maisons très cotées.

Les canoës des mers longent la plage d'Oriental Bay.

Les jours suivants, et précédant la première, du Hobbit marquent sans aucun doute un tournant dans mon voyage ici en Nouvelle-Zélande. En effet, je poursuis mon travail chez Déborah dans le cadre de la mission HelpX. Je continue de désherber son jardin pendant la semaine, mais cela me laisse tout de même pas mal de temps libre même si je travaille d’arrache-pied ! J’ai notamment passé beaucoup d’énergie sur les dalles de la terrasse ! Le jardin commence à ressembler à quelque chose. Je n’utilise plus mon temps libre comme simple touriste mais je deviens peu à peu un citadin de Wellington à part entière. Maintenant place à la découverte de la vie nocturne de la ville. Après « Cuba Street » et ses restaurants, l’occasion m’est donnée de fréquenter « Courtenay Place » et toutes petites rues qui donnent sur cette artère remplie de bars et de « nightclubs ».

En effet, le samedi 24 novembre, c’est ma première vraie sortie. Oui j’ai attendu presque 6 mois mais en même temps quand j’étais en mode nomade dans le bush il n’y avait pas de discothèques, juste des opossums! Je commence la soirée chez Eva, il y a pas mal de monde ; c’est une soirée barbecue où chaque colocataire (Allan, Christian, Steph et Eva) à ramener des amis. Ce qui fait que je ne suis pas le seul à pratiquement ne voir que des visages inconnus. Je prépare pour l’occasion des petits toasts « type Savoyard » au fromage, à la crème, aux lardons et à la moutarde de Dijon (le tout passé au four). Et j’en fais d’autres avec Tzatziki et tomates cerise. Ils sont engloutis en un rien de temps, ils ont été appréciés je m’intègre ainsi au groupe grâce à ma cuisine et aussi grâce à mon accent français (il parait que c’est sexy).

La soirée se passe bien mais dés le départ j’assiste à un accident. Un gars a un peu trop bu, et trouve le moyen de s’ouvrir le crâne en faisant une roulade sur un toit en tôle ondulée. Résultat, l’ambulance arrive et l’embarque, il en sera bon pour deux doigts cassés et 11 points de sutures. Après cet accident qui a jeté un petit froid. Tout rendre dans l’ordre. Il y a juste des policiers en faction devant la maison du premier ministre, de l’autre coté de la rue, qui viennent demander à certaines personnes un peu ivres de bien vouloir rester à l’intérieur et de ne pas se promener sur la voie publique. Oui le premier ministre vit en face dans un véritable bunker et le terrain est immense. En discutant au cours de la soirée, je me rends compte qu’un bon nombre d’invités, qui ont entre 20 et 30 ans, viennent d’Irlande, d’Écosse, et d’Angleterre. Mais il y a tout de même une majorité de Kiwis.

Ensuite vient l’heure de se rendre en centre ville afin de poursuivre la soirée. Et c’est avec un cortège de 4 taxis que nous arrivons à Courtenay Place. Je reste avec Eva et deux de ses amies (Christine et Betsy). Dans l’ordre, nous passons au « MiniBar » puis à « l’Establisment » et terminons par le « Dragonfly ». Il y a beaucoup de similarités avec la France, j’avais un peu le sentiment d’être à Clermont-Ferrand un soir de Juin. Et les prix des boissons sont similaires si l’on convertit en euros. La vie nocturne est intense, les rues sont plus bondées qu’en journée. Sinon je constate que l’on s’amuse de la même manière de ce côté de la planète. Je trouve tout de même quelques différences, par exemple il est courant de voir des groupes de gens complément inconnus venir discuter à notre table, pour juste faire connaissance!

Je suis aussi agréablement surpris de la spontanéité des filles qui m’accostent et qui en second lieu après mon prénom demandent si je suis célibataire ! C’est formel c’est carré, il est de coutume d’annoncer directement la couleur ici. À ce sujet, j’en viens au délicieux tournant de mon périple en Nouvelle-Zélande. Dès le minibar, toujours avec beaucoup de spontanéité, je suis tombé sous le charme d’Eva qui était mon « hôtesse » de soirée, et ce fut réciproque. Étant tout les deux célibataires nous nous sommes pas faits priés et ce fut vraiment une superbe soirée. Je vous le dit c’est le destin tout ça ! Le fait de ne pas rester sur Napier car j’avais loupé la saison du fruitpicking (comme quoi parfois le cours des événements ne tient pas à grand-chose)! Voilà je ne m’étendrais pas davantage sur notre relation qui se doit de rester privée mais j’étais un peu obligé d’en parler car j’ai changé par conséquent mon planning de voyage mais aussi mes projets pour la suite.

Quelques photos en vrac du début de soirée : « L’accident », l’apéro dans le jardin de la collocation d’Eva et le barbecue avec les langoustes pêchées du matin par un des invité.

Les jours suivants, j’assiste à l’effervescence de Wellington pour la première mondiale du film le Hobbit. La ville est rebaptisée pour l’occasion : « Middle of the middle earth » en référence au nom du monde inventé par Tolkien. Un petit marché nommé «The Hobbit Artisan Market » ouvre ses portes dès le samedi (jusqu’à la première le mercredi). J’en fais rapidement le tour avec Eva le dimanche. Nous retrouvons sous les stands, Weta Studios, mais aussi les ateliers qui ont tissés les tuniques des films, tout un tas d’artisans (forgerons, verriers, vanniers) et surtout beaucoup d’étales culinaires. L’ambiance est festive, joueurs de violon et de fluttes déambulent dans les allées et nous jouent des mélodies qui rappellent la grande fête à Hobbitbourg dans le film de « La communauté de l’anneau ».

D’ailleurs les guirlandes et les autres décorations des stands nous plongent dans un véritable petit village Hobbit (du moins juste pour l’ambiance car ce n’est pas Hobbiton non plus). Le lendemain, le lundi je retrouve Eva au même endroit pour cette fois-ci assister aux projections gratuites en plein air de la trilogie du Seigneur des anneaux. Le lundi c’est le second volet, « Les deux tours », qui est diffusé sur écran géant. Nous sommes rejoins durant la séance par Betsy. Nous regardons le film qui accompagne la venue de la nuit, il y a beaucoup de monde assis dans l’herbe tout comme nous. Il ne fait pas bien chaud et les couvertures sont donc de sorties.

Sur le chemin du marché, je découvre sur une place une cabine téléphone France Telecom ! Elle ne fonctionne pas mais au combiné on peut entendre différents fonds sonores enregistrés en Corse (lieu de provenance de la cabine)

L’entrée de « The Hobbit Artisan Market » et l’écran géant installé à Waitangi Park.

Après le film, nous admirons un magnifique ciel!

Le lendemain, le mardi 27 Novembre, dans le cadre de mon HelpX, Deborah et moi sommes invités à un « Potluck » chez des francophiles. Il s’agit d’un dîner où chaque convive amène une partie du repas et ce, de manière totalement aléatoire (pas de concertation). Je retrouve les personnes qui assistent aux sessions françaises au café de la bibliothèque chaque lundi. J’en rencontre aussi de nouvelles. Je suis très bien accueilli avec la montagne de crêpe cuisiné le jour même pendant mes heures d’HelpX (50 crêpes et 4 heures en cuisine!). L’occasion m’est donnée de refaire quelques tours de magie pour le plaisir de tous, je ne m’en lasse pas ! Le repas est excellent, je goûte même mon seconde Pavlova.

Au cours de la soirée, deux gros perroquets « Kākās » viennent se poser sur la balustrade extérieure, pour quémander de la nourriture. Ils sont bagués et proviennent de la réserve naturelle toute proche de Zealandia. A cette occasion en discutant sur Zealandia, je suis invité par Desmond et John, qui y travaillent comme guide pour des groupes de français. Nous fixons un rendez-vous pour les jours suivants. Ce potluck fut très agréable et j’ai pu reparler français tout du long. Le soir même je descends en ville sur Courtenay place pour retrouver Eva et Betsy. La rue est remplie de curieux qui viennent voir la logistique se mettre en place pour la première du Hobbit. Des écrans géants, des statues et un très long tapis rouge sont en train d’être installés. Il y a même déjà des personnes qui s’apprêtent à passer la nuit devant les barrières aux meilleures places.

Mon premier Potluck : je suis surpris de la qualité du français de ces néo-zélandais.

J-1 : mon voyage m’a permis d’être au bon endroit au bon moment, après un an d’attente!

Le tapis rouge installé sur Courtenay place fait plus de 500 mètres.

Le mercredi 28, c’est enfin le jour de la première mondiale du Hobbit, je suis tout excité! Depuis le temps que j’attends ce moment. Je revêts mon T-shirt acheté à Weta Cave spécifique pour l’événement. Avec Eva, nous nous mettons en route de bonne heure, car à 9h30 j’ai donné rendez-vous à Allen et Sandy (le couple de chinois d’Hong-Kong rencontré lors de mon premier Wwoof). J’ai également donnez rendez-vous à Stéphanie une belge (rencontrée sur le forum des Pvtistes et avec qui j’avais planifié de voir la première du Hobbit). J’ai mis son blog en lien dans mon blog (section sites amis). Malheureusement pour Allen et Sandy  j’ai confondu « am et pm » pour l’heure dans mon SMS (c’est perturbant l’heure british).

Je les rappelle donc et nous établissons de nous retrouver juste un peu plus tard. Avec Eva et Stéphanie, en chemin nous faisons quelques achats (oreilles d’elfes et armes factices), mais ce n’est en rien comparable aux magnifiques « Cosplayers » que nous voyons (des fans déguisés en personnages de la terre du milieu). Nous revenons sur les lieux parcourus la veille, il y a plus de monde mais il y a encore pas mal de place libre. Nous prenons d’assaut une petite bordure paysagée en hauteur. Elle est idéalement située devant l’Embassy Theatre, non loin de la sculpture du tripode, avec une ligne de vue directe sur le tapis rouge et la scène qui ressemble à un trou de Hobbit. Nous sommes vraiment bien installés à l’ombre d’un « cabbage tree », et assis dans l’herbe. Nous réservons aussi quelques places pour des amis d’Eva qui doivent nous rejoindre. Il est 10h00, débute alors une longue attente.

Les amis d’Eva (dont Betsy, Scott, Lena, Emily) nous retrouvent et nous rejoignent, tout comme Allen et Sandy. Les espaces autours de la scène et le long des barrières bordant le tapis rouge se garnissent peu à peu. Nous avons les yeux rivés sur le compte à rebours au dessus du cinéma. Pour donner une idée, à midi il reste encore 4 heures avant le lancement des festivités. Pour nous occuper nous jouons au jeu des petits papiers (il faut deviner le personnage du seigneur des anneaux écrit sur un papier collé sur son front), nous discutons et bien sûr nous grignotons. L’attente est longue mais il fait très beau, la même chose sous la pluie n’aurait certainement pas été possible. Les équipes de logistique s’affairent encore pour dresser des estrades, poser des affiches et même peindre en noir les poteaux des échafaudages. Les médias sont aussi présents pour couvrir l’événement.

 Quand le compte à rebours arrive à zéro, la première débute enfin. Tout d’abord un groupe de musicien se produit sur scène et interprète une version country de « Misty Moutains » (la chanson des nains dans le film). Ensuite, les stars et des invités (journalistes, équipes de tournages et quelques célébrités) défilent sur le tapis rouge ; c’est un peu le festival de Cannes version Kiwi. Je vois Peter Jackson le réalisateur du film, mais aussi des acteurs comme Cate Blanchett (Galadriel), Martin Freeman (Bilbo), Hugo Weaving (Elrond), Andy Serkis (Gollum), Elijah Wood (Frodon) et puis tous les comédiens incarnant les treize nains. James Cameron arpente aussi le tapis rouge. Sir Ian Mc Kellen (Gandalf) n’est pas présent mais fait une apparition sur l’écran géant (il a boycotté l’événement à la suite de propos homophobes tenus par le premier ministre qui était présent pour l’événement).

À un moment les organisateurs nous demandent de lever les yeux au ciel. Un avion d’Air New Zealand décoré aux couleurs du film s’offre un passage à basse altitude! Tout le casting défile lentement le long du tapis rouge et signe quelques autographes, avant de monter au complet sur la scène. Le premier ministre, un dirigeant de la Warner Bross et Peter Jackson donnent à tour de rôle des discours. Après une forte ovation de la foule ; ils se rendent dans le cinéma derrière pour la projection. Je n’ai pas pût me glisser dans la salle mais ce fut une superbe journée. J’attendrais le 12 décembre comme tout le monde.


Eva et moi-même prêt à passer une longue journée de fête aux couleurs du Hobbit!

La scène en forme de trou d’Hobbit et ce maudit poteau électrique qui cache en partie la vue !

Peter Jackson lors de son discours (ma fenêtre de vue était bien réduite : maudit poteau²)

Des figurants hobbits dans un bar, je crois en reconnaître certains de la précédente trilogie?

Le 30 Novembre, je me remets à peine de la première du hobbit avec encore des images plein la tête. Ce jour là, je suis invité par Desmond et John pour visiter Zealandia. Ils viennent me chercher en voiture, mais la réserve est toute proche à seulement 5 min en voiture dans le quartier de Karori. Que dire sur Zealandia ? Et c’est un parc éco-sanctuaire qui abrite plus de 30 espèces d’oiseaux et de reptiles vraiment rares et endémiques de la Nouvelle-Zélande. Le site est ancré dans une vallée à l’aplomb de la grande faille sismique. Cette vallée, avec ses deux lacs maintenus par des barrages, sert également en partie de réservoir d’eau potable pour Wellington. Cette réserve de 225 hectares est récente : le site a été réaménagé en 2005 pour les visiteurs. Il  est « pest-free », c'est-à-dire que les animaux nuisibles et non endémiques sont éliminés lors de campagne de chasse.

Desmond et John m’offrent le ticket d’entrée (18,50DNZ), je les remercie pour cette attention. Nous commençons la visite en franchissant la double clôture grillagée via un sas (c’est Jurassique Park !). Le mur d’enceinte a été conçu pour qu’aucun chat, opossum ou même mulot ne le franchisse. Les premiers abords du sanctuaire montre une végétation européenne récente (pins et genêts), mais plus on va de l’avant et plus le bush natif et les essences rares de plantes apparaissent. Au détour du sentier, nous observons dans des vivariums des petits geckos qui se camouflent à la perfection. Le site sert de nurseries ; les reptiles sont relâchés sur place et sur Kapiti Island. Le long des berges du premier lacs nous observons les 4 espèces de Cormorans du pays. Après nous longeons un enclos qui renferme de beaux spécimens de tuataras. C’est un lézard de belle taille (50 cm) qui ressemble à un iguane. Nous observons un individu qui prend le soleil devant son terrier, il n’est nullement inquiété par notre présence. Nous nous enfonçons ensuite dans le bush. Le chemin se raidit, traverse une forêt où l’on trouve les plus grands fushias du monde. Ils ont l’allure de gros arbres, c’est le climat néo-zélandais ça!

Nous continuons, et arrivons sur une aire avec nourriture pour les oiseaux. Une dizaine de kākās se pressent pour utiliser les dispositifs des mangeoires. Ils ont de la nourriture et de l’eau sucrée en grande quantité, mais ils n’aiment pas partager. Ils se chassent et ils se disputent le nectar avec les tuis. Plus loin, Desmond et John m’emmènent sur une autre aire avec mangeoires. En chemin nous prenons un escalier, où sur chaque marche, il y a le nom de généreux donateurs ; ils me montrent fièrement la leur (la vingt-quatrième). Sur la seconde aire, nous observons des hihis. C’est encore un joli oiseau dont seul le mâle arbore le plumage noir et gris avec une ligne jaune. John m’explique que « hihi » en maori signifie rayon de soleil en allusion au plumage. Ils viennent en groupe pour manger et sont très bruyant. Sur le chemin du retour, dans des souches aménagées pour observations des insectes wetas, j’observe quelques individus de belles tailles (8cm environ). Nous rentrons en empruntant le parapet du second barrage, puis une passerelle suspendue au dessus d’une canopée de fougères géantes. Desmond me montre l’emplacement d’un nid de kiwi, il y en a une centaine dans la réserve que l’on peut observer durant des expéditions nocturnes avec des guides.


La faune et la Flore de la réserve : cormoran, Tuatara, kākā et fushia géant.

Cette fin de semaine marque aussi la fin à proprement parler de mon HelpX. Mon jardinage est quasiment achevé et je me dois de libérer le studio pour que Déborah puisse le louer. J’aménage donc dans une chambre d’ami dans la même maison et paye cette fois-ci un loyer (140DNZ la semaine). Décembre marque également pour moi, ma recherche d’emploi. Car je compte rester sur Wellington pendant les fêtes de fin d’année et partir ensuite pour l’île du Sud avec Eva. Mais pas question de dépenser tout mon budget ici, il me faut donc travailler. Je me fais aider par Déborah pour rédiger mon CV à la sauce Kiwi. Et je commence à en déposer auprès des restaurants français. Je cible ceux-ci car je suis à la mauvaise période (je suis en concurrence avec les étudiants qui sont en vacances), et les restaurants français recherchent des travailleurs bilingues (c’est une piste que j’exploite donc).

Ma recherche d’emploi commence bien mal, je loupe le premier rendez-vous que j’obtiens le samedi matin ; la faute à l’emplacement introuvable du café du « Marché français » où je me rendais. En effet, j’ai mis une heure à tourner en rond, à passer devant sans le savoir et pour couronner le tout mon portable a rendu l’âme : la poisse ! Vous pensez bien que quand je suis rentré sur Kelburn pour téléphoner depuis le fixe et présenter mes excuses j’ai été envoyé sur les roses par Véronique la gérante. Mais j’y retourne par la suite avec des fleurs et pas mal d’avance pour trouver le lieu (au troisième étage d’un immeuble après avoir traversé des bureaux d’architectes !), et avec un nouveau téléphone acheté pour 100DNZ juste au cas où! Véronique apprécie le geste, j’ai grillé une erreur sur trois ! Je discute avec elle et son mari pendant deux heures, ce sont des personnes charmantes qui ont montés un business réputé ici à Wellington (dont la plus importante fromagerie française d’importation). Mais je n’obtiens pas de poste ; elle recherche en priorité du personnel expérimenté.

Je ne me décourage pas, pendant 4 jours je parcours à pied tout Wellington, j’y vais au culot pour demander du travail car je n’ai aucune expérience dans la restauration (j’ai uniquement travaillé que dans l’agro-alimentaire pendant les jobs saisonniers). Je franchis un grand nombre de portes de bars, de restaurants et de cafés. En attendant d'éventuelles réponses, je continue les sorties francophiles avec les amis de Déborah. Par exemple le lundi 3 Décembre, je me rends au petit cinéma Art Déco The Penthouse du quartier de Brooklin pour voir « Monsieur Lazard ».  Le film est en français (Québécois). Le mercredi 5 Décembre, j’obtiens une réponse positive pour le travail et un essai dès le lendemain (il me faut juste acheter un pantalon noir terre gale et des chaussures noires plus habillées que mes converses (240 DNZ d'investissement tout de même). Je vais travailler à « l’Hippopotamus restaurant&Bar » dans le « Museum Hotel » (je précise que cela  n’a rien à voir avec la chaîne Hippopotamus française). (Plus d’info ici).

C’est l’été sur Wellington : ma recherche d’emploi est vraiment agréable sous ce franc soleil.

Une photo du dernier carré désherbé du jardin de Deborah lors de mon HelpX (avant/après).

Ce bateau au pavillon de pirate et au look militaire fait partie de la flotte de 4 navires de l’ONG Sea Shepherd qui s’oppose en autre à la chasse illégale à la baleine.

Je commence donc le 6 Décembre mon nouveau travail dès 7 heures du matin (je me lève à 5 heures), j’avoue avoir perdu un peu le rythme de me lever si tôt. J’arrive au restaurant, situé juste à côté du musée Te Papa en front de mer. Le cadre est somptueux. Le restaurant est situé au 3ième étage du « Museum hotel » : un hôtel de haut standing qui renferme un grand nombre d’œuvres d’arts. C’est un endroit très sélect, je me sens un peu perdu dans tout ce luxe, au milieu des dorures, des panneaux de bois laqués. Ici tout brille, tout est propre et magnifiquement disposé. Je vais faire de mon mieux pour me fondre dans mon nouvel environnement de travail. Rien que ma tenue est classe ; j’enfile pour la première fois une tenue de « pingouin » (chemise, cravate, gilet, tablier, pantalon). J’ai vécu peut être un peu trop à la dure dans le bush et en tant que nomade ce qui explique que j’éprouve un léger malaise. Après avoir passé 10 minutes pour faire mon nœud de cravate (je n’en porte jamais d’habitude !), je prends l’ascenseur direction le restaurant.

La salle est vraiment belle, avec vue sur la baie. Il y a une vingtaine de table, un bar, une salle privée, un salon avec des fauteuils style Louis XVI, un grand buffet, et encore des œuvres d’arts. Je suis reçu par Stéphane qui m’encadre pour cette première journée. Je fais aussi la connaissance cette journée là de Camille, Antoine, Dee, Georgia, Daniel et de Tim le manager (pour citer les autres personnes il y a Cheta, Damien, David, Elena, Janvier, Josh, Laurent, Louis, Kenny, Mateo, Melvine, Mickael, Myriam, Patrick, Sébastien, Torah, et j’ai oublié certains noms mais cela fait pas mal de monde). La plupart des jeunes employés sont comme moi des travailleurs saisonniers (français ou néo-zélandais). Mes horaires sont variables (j’ai commencé à 6h00, 6h30, 7h00 et 8h00) et je dispose d’un à deux « days-off » par semaine (et je peux être amené à travailler 7 jours consécutifs!). Pour le moment ma plus grosse semaine fut la première avec 53 heures! La paye est hebdomadaire avec 12DNZ net de l’heure. J’ai été embauché au départ pour faire du « polishing » des assiettes, des tasses des verres et des couverts. J’utilise du vinaigre blanc et de l’huile de coude pour faire briller tout ce qui passe entre mes mains ; pas une seule trace de graisse ne doit rester !

Mais petit à petit on me forme aussi à travailler en salle au contact des clients (pour le moment je ne fais que le breakfast de 8h00 à 11h00). Mon anglais est parfois un peu maladroit mais je me corrige chaque jour. Quand les questions sont trop complexes ou les demandes vraiment spécifiques je demande de l’aide à mon supérieur. D’ailleurs deux mots à ce sujet : le staff est vraiment agréable et veille à ce que je me sente bien, et que je ménage mon stress. Tout est nouveau pour moi ici, et je fais de gros efforts mais parfois je fais quelques petites erreurs (je dois encore travailler mes automatismes). Je n’ai cassé qu’un verre pour le moment et rien renverser mais je trouve que se déplacer avec les plateaux chargés n’est pas évident. Pendant le service du petit déjeuner, j’ai appris à redresser rapidement les tables.

J’ai aussi fais un peu de room service, et de run service dans les appartements, les suites et les chambres de l’hôtel (le tout avec un chariot). J’ai aidé à préparer des fonctions dans des salons particuliers (certains avec billards et bar privé). J’aide également en cuisine pour le réapprovisionnement du beurre et de la confiture le matin (je prépare des beurriers et des ramequins de confiture pour les tables). Je prépare aussi les thermos, les théières avec les 12 thés pour l’Hight Tea (de 14h00 à 17h00). Et puis je n’échappe pas au nettoyage constant sur la journée. Chaque jour, entre 11h00 et 12h00, il faut nettoyer la salle : passer l’aspirateur, et faire la poussière sur les plaintes et les bordures et nettoyer les chaises, les portes, et les miroirs. Et à 9h00 il faut réapprovisionner le buffet et le nettoyer à 11h00. Je plie également de grandes quantités de serviettes (3 pliages différents selon le repas !).

Pour l’instant, la direction est satisfaite de mon travail, je vais m’appliquer et faire en sorte que cela continu (je compte bien travailler jusqu’à début Janvier dans le restaurant). Le boulot me convient pour le moment. Il y a quelques avantages comme approcher de près James Cameron qui était venu manger au restaurant ou avoir au quotidien un repas gratuit à 11h00 avec du saumon, du bleu, des fruits frais et pleins d’autres mets délicieux (le personnel peut manger les restes du buffet pendant les seules 15 minutes de pose journalière!). En revanche ce n’est pas toujours facile de se lever aux aurores et de rester debout toute la journée dans la chaleur des cuisines. Les journées sont bien remplies, je ne m’ennuie pas c’est l’essentiel. Mais je suis vraiment fatigué quand je rentre après 10 heures ou 11 heures de travail. Cela explique que je n’ai pas trop avancé sur le blog ces derniers temps.

Le matin quand je pars travailler je traverse une ville déserte (même en semaine). Je longe les quais à pied (je mets 30 min) : un vrai bonheur d’aller travailler dans ces conditions.

Le Museum Hotel : ce bâtiment est le plus grand édifice déplacé du pays : en 1993 il fut déplacé pour laisser la place au Musée Te Papa. La technique retenue a été d’utiliser des rails et des vérins hydrauliques.

Moi-même en tenue de travail : ça me change du jean et du T-shirt!

Le peu de temps libre je le passe avec Eva et à faire quelques sorties comme par exemple une soirée chez Besty qui habite Miramar (ces colocataires travaillent pour Weta Studios : la déco de la maison est géniale et rappelle Weta cave!). Avec Eva, lors de mon dernier day-off nous sommes allé à Makara. Mais auparavant j’ai dû emmener faire réparer mon van (changer le démarreur : 280 DNZ !!!). Le garagiste a aussi trouvé la fuite de charge sur ma batterie. Batterie qui a été remplacé depuis gratuitement car elle était encore sous garantie. 

Cette batterie m’a causé beaucoup de soucis (elle a usé mon alternateur et mon démarreur) maintenant je suis enfin tranquille. Comme je le disais, avec Eva nous sommes allé à Makara ; c’est une plage sur la côte Ouest de Wellington. L’endroit est très sauvage, et ressemble à la pointe sud de Red Rocks. Nous y avons passé une partie de la journée et pris un délicieux pique-nique en compagnie d’un bébé phoque! Dernièrement nous avons aussi vu le Hobbit à l’Embassy Theatre et comme espéré j’ai trouvé le film très bon.

Notre campement sommaire pour la journée à Makara.

Makara : un lieu isolé, où l’on aperçoit l’île du Sud et la faune sauvage.

Eva qui s’approche du bébé phoque.

Voilà les dernières nouvelles qui vont en surprendre plus d’un, et qui je l’espère rassure sur mon état de santé (par rapport au silence du blog). Prochaine échéance pour le blog d’ici peu ; sans nul doute pour parler des fêtes de fin d’année sous le soleil de l’été australe. Avant de prendre le ferry il me restera encore quelques day-off pour faire des découvertes je l’imagine. Ah oui j’oubliais, j’ai vécu mon premier tremblement de terre : le samedi 8 Décembre à 7h19 en plein travail pendant une vingtaine de secondes : c’était impressionnant toutes les piles d’assiettes se sont mises à trembler, je ne faisais pas le fier. J’ai ressentis quatre répliques depuis. C’est peut être la fin du monde qui approche pour la fin de semaine (wait and see !).

Nous nous sommes également rendu dans une exposition sur la bande dessinée Dr Grodbort. Les studios Weta ont créés les armes, les statues et les peintures de l’exposition. Et pour cause la BD est la création de Greg Broadmore un designer graphique des studios.