29 octobre, 2012

Road Trip Plateau central : Taupō et Tongariro National Park

Il est mardi 30 Octobre, j’écris depuis la bibliothèque de Turangi, une petite ville de 4000 hbts sur les rives du lac Taupō, qui s’est développée grâce à sa station hydroélectrique (c’est aussi la capitale mondiale de la pêche à la truite). Le temps est venu de vous raconter la seconde partie de mon road trip dans le plateau central de l’île du Nord. Je reprends exactement là où je m’étais arrêté.
Le samedi après-midi, je profite d’un beau rayon de soleil pour découvrir une petite promenade le long des berges du lac Okareka, juste au pied de la propriété de Lucy. Je suis un sentier bien aménagé dans cette zone humide et j’observe un nichoir d’une dizaine de cygnes noirs. Je rentre ensuite au ranch de Lucy, en chemin je rencontre Sam, le père de Lucy, devant sa maison. Nous discutons sous sa véranda autour d’un verre de blanc ; je lui raconte mon voyage en Nouvelle-Zélande, et je lui parle un peu de moi et de l’Auvergne en image (j’avais mes photos sur moi).C’est un personnage haut en couleur, qui connaît très bien le pays, mais aussi la France (situation politique et économique !). Ensuite, je remonte au ranch pour le dîner, je retrouve Emmeline qui revient d’une journée de docking (vaccination et ablation de la queue des jeunes agneaux pour des raisons d’hygiène). Elle s’était levée très tôt pour assister au docking (personnellement je n’ai pas voulu y assister : c’est un peu particulier et je voulais écrire pour le blog). Finalement, Emmeline a même participé ; et en une journée c’est 630 agneaux qui ont été « opérés »! Elle n’avait plus de bras à force de porter les agneaux, et plus d’oreilles car c’était un immense troupeau.

Après le dîner, j’accompagne à la nuit tombée Carmen et Caroline pour voir des glowworms et des opossums. Les opossums ici sont légions (un dans chaque arbre !), j’exagère mais ils sont nombreux ce qui me permet d’en voir deux ce soir là. Et j’en profite pour vous dire que je me suis aperçu que, sous ma plume rapide, j’avais oublié d’évoquer, dans l’article précédent, ma rencontre avec un autre nuisible importé d’Australie : un wallaby. Je l’ai observé dans le jardin du ranch de Lucy le jeudi d’avant. C’est normalement un animal nocturne mais celui-ci était aveugle, d’où sa présence en plein jour. Je l’ai porté à bout de bras, car la pauvre bête s’était enfermée dans une petite courette et se cognait aux murets pour sortir. J’ai donc attrapé ce wallaby comme un gros chat avec autant de précautions que possible et je l’ai relâché un peu plus loin en lisière de forêt. Il est resté curieusement passif dans mes bras! C’était le moment animalier de l’article (j’aurai envie de dire comme à chaque semaine depuis les dauphins du Coromandel).

Voici la vue depuis les pontons de la promenade du lac Okareka.

Le wallaby en question dans le jardin : Il s’agirait d’un wallaby d’Eugénie.

Le réveil du dimanche matin est difficile, la pluie est tombée toute la nuit, jouant du tambour sur le toit de mon van. Et il continue au matin de pleuvoir abondamment. Mais je reste optimiste après avoir vérifié la météo sur Internet ; une fenêtre de 2 heures sans pluie se dessine dans l’après-midi. Je convaincs Emmeline de prendre la route pour Taupo pour continuer le Road-trip. Cela revient à quitter le cocon douillet du ranch, qui fut une halte merveilleuse et inespérée pour se refaire une santé au milieu du Road-trip. On pourrait rester des jours ici, la décision n’est pas facile surtout avec ce temps de grisaille. Finalement nous faisons nos adieux à Lucy et à John (pour Emmeline c’est la seconde fois mais elle les reverra en Mars) et nous les remercions chaleureusement pour leur hospitalité. Nous nous arrêtons à Rotorua, vers les 13 heures pour les incontournables ravitaillements (nourriture, carburant, eau et huile moteur pour le van d’Emmeline).

Ensuite, le voyage continue en direction du Sud vers le lac et la ville de Taupō. Mais en chemin, nous nous arrêtons à Waimangu Volcanic Valley. C’est encore un site à forte activité géothermique comme le nom l’indique. Il se situe à quelques kilomètres de Wai-O-Tapu et de Kerosene creek, situés sur la même faille. Sauf qu’ici la faille est plus prononcée : c’est une vallée encaissée qui descend vers les rives du lac Rotomahana. La faille continue sous les eaux du lac, atteint le Mont Tarawera et le coupe en deux au niveau de son cratère. Cette vallée à l’allure d’un rift est une partie de la faille de 17kms qui s’est créée à la suite de l’éruption du Tarawera le 10 Juin 1886 (la 5ième en 18000 ans). C’est d’ailleurs le seul système hydrothermal au monde où il est possible d’établir une datation exacte. La ligne du rift est ponctuée d’une série de cratère, et d’activités géothermales uniques qui se développent constamment.

 La rivière fumante qui circule dans le fond de la vallée prend des teinte improbable.

Nous arrivons donc sur les lieux avec un léger crachin, nous prenons le parapluie au cas où. Et après avoir payer les 34 DNZ, nous empruntons donc le sentier de 4km qui descend dans la vallée. Au départ nous longeons de grands lacs installés dans d’« anciens » cratères (« Southern crater, Echo crater »). Dans l’ « Echo crater » « le Frying Pan Lake »  bouillonne et fume. Ce cratère résulte d’une grosse éruption en 1917. Sur la rive orientale du lac se dressent des pinacles fumantes nommées « rochers de la cathédrale ». Nous continuons et traversons des dépôts de cendres mêlés à l’argile appelés « mur de cristal », la température dans le sol est de 33°C à 5cm de profondeur ! Sur cette surface chaude poussent des cristaux de souffres et de sulfates. A cet endroit même, de 1900 à 1904 : il y avait le plus grand geyser du monde : le Waimangu geyser qui jaillissait à 400 mètres toutes les 36 heures, projetant des roches et de la boue noire. Le geyser a d’ailleurs tué 3 touristes en 1903.

Nous nous enfonçons ensuite dans la vallée qui se resserre autour d’un ruisseau fumant. Nous observons tous un tas de petits geysers, de bains bouillonnants et de petites failles. Mais l’atmosphère ne ressemble pas à celle de Wai-O-Tapu. Dans cette vallée perdue dans la brume ; on a l’impression que le monde prend naissance, ici, directement depuis les entrailles de la terre. C’est la surprenante rencontre du minéral et du végétal. La végétation est bien différente de celle observée jusqu’à présent. Des algues et des bactéries thermophiles colorent en orange et en vert la rivière fumante qui traverse le site, et il y a tout un tas de variété de fougères endémiques (il y a même des fougères roses !). La végétation est récente, elle date de la dernière éruption du Tarawera, avant il n’y avait que de belles collines vertes. Après, nous passons durant l’ascension du Mont Haszard devant le joyau de Waimangu : « l’inferno crater ». Ces eaux sont bleues pâles et acides (pH : 2,1).

Du sommet du Mont Haszard nous devinons les « black craters » et le « rift valley » envahis par la végétation mais toujours animés de fumerolles. En redescendant nous terminons le circuit par les « Marble et Warbrick Terraces », des terrasses de silices blanches pour les premières et colorées par les algues pour les secondes. En fin de parcours, nous atteignons le lac Rotomahana qui a submergé les vestiges des « Pinks et whites terraces ». Nous décidons de renter avec la dernière navette qui nous remonte au parking car la pluie s’est intensifiée. Il est 17 heures quand nous prenons la route pour Taupō, nous traversons une région bien verte sous un déluge. Nous passons devant l’immense centrale géothermique de Wairakei. Et nous arrivons au campsite de Reids Farm qui présente l’avantage d’être gratuit et tout près des Huka Falls pour le lendemain.

Le « Frying Pan Lake » (le lac de la poële à frire) siège dans le cratère de l’écho suite à l’éruption du 1 mai 1917, où deux visiteurs ont trouvés la mort. Le cratère s’est vite rempli d’eau ; c’est aujourd’hui le plus grand lac chaud du monde (200 000 mètres cubes à 55°C, pH : 3,5). La dernière éruption date de 1973 et a enseveli les terrasses de Trinity.

Le niveau de l’eau dans « L’inferno crater » est animé de cycles aux rythmes compliqués (reflux de 8m tout les 38 jours) ; il est alimenté en profondeur (30m) par une source et il se comporte comme un lac-geyser (c’est le plus grand geyser de ce type au monde).

La terrasse du nid d’oiseau est le nom donné à cette formation de silice. Une source chaude sous la forme d’un petit geyser alimente l’édifice. Et des algues qui supportent jusqu’à 75°C, ont trouvées refuges sur la concrétion.

Le lundi, nous attaquons notre seconde semaine de road-trip dans la région de Taupō. C’est une étape de transition avant le Tongariro National Park. La ville est sur notre route, ainsi que l’immense lac. Nous nous levons sous un soleil radieux, nous nous dirigeons dans un premier temps vers les « Huka Falls ». Le site est le plus visité du pays, je ne serais pas l’expliqué (peut être son emplacement central ? sa facilité d’accès ? son immense parking ?). Il s’agit du déversoir direct du lac Taupō qui donne naissance au plus long fleuve du pays (le Waikato) qui traverse un goulot étroit dans la lave. Nous nous rendons par la suite dans la ville de Taupō. Nous sommes surpris du nombre de commerces pour la taille de la ville (21000hts). C’est une ravissante ville au bord du lac.

Nous en faisons le tour, et c’est là, en plein centre ville, et contre toutes attentes, que je vais embarquer dans un vieux coucou : un DC-3 ZK CAW. Il s’agit en fait d’un avion désaffecté qui sert d’enseigne pour un restaurant Mc Donald. Je me prends au jeu, il est midi, c’est donc le moment idéal pour embarquer à bord avec bien sûr mon plateau repas contenant mon menu McDo ! Ce coup marketing fonctionne très bien ; il faut dire que l’idée est originale! Nous quittons ensuite la ville direction le Sud, nous empruntons la route 1 (la même que j’avais au cap Reinga !) qui serpente le long du lac Taupō. Nous traversons ensuite Turangi. Puis nous entrons dans le Tongariro National Park par le Nord. Sur le trajet nous contemplons à moitié cachée par les nuages quelques cheminées actives du Tongariro. Et en fin d’après midi nous arrivons au campsite du DOC de Mangahuia, à l’Ouest du parc, pour passer notre première nuit en altitude à plus de 1000 mètres.


Les Huka falls : un canyon de 15m de large précède les chutes de 10m de hauteur. Le débit est de 200 000 litres par seconde est impressionnant.
 
Le fameux avion de la célèbre marque de fast-food, en centre ville, qui rameute les clients. Pourquoi on n’a pas des trucs aussi cool en France ?

Le lac Taupō occupe une caldeira d’un volcan dont la première éruption se produisit il y a 300 000 ans (et la dernière en 186 apr. J-C projetant de la ponce à 50km d’altitude) ; ses 606k² en font le plus grand lac du pays.

Le mardi matin, nous nous réveillons dans le froid : ça sent la neige ! Le temps est bien bouché mais quelques éclaircies nous permettent de voir les contreforts d’autres volcans du parc. Le Tongariro National Park est le doyen des parcs nationaux du pays. Il fut cédé au gouvernement en 1887 par le chef Tukino Te Heuheu 4 de la tribu Ngati Tuwharetoa. Ce parc est un fleuron de l’île du Nord et abrite trois gros stratos-volcans tous en activité : les monts Ruapehu (2797m), Ngauruhoe (2291m) et Tongariro (1967m), Pour ces trois volcans les dernières éruptions remontent respectivement à 1996, à 1977 et au 6 août 2012 ! Le parc est connu pour la qualité de ses chemins de randonnées et ses 3 stations de ski (Whakapapa, Turoa et Tukino). Malgré le temps incertain, nous montons au village de Whakapapa à 10 minutes du campsite pour prendre un maximum d’informations sur les conditions météo et volcaniques.

Nous avions envisagé au départ de faire une boucle dans le parc : le « Northern circuit » avec une nuit dans un refuge (hutte) durant les jours suivants. Mais la météo incertaine de montagne nous a fait changé d’avis. Nous avons plutôt opté pour deux grosses randonnées à la journée (Tama Lakes Walk et l’Alpine Crossing) qui recoupent les 2/ 3 du tracé du « Northern Circuit ». Mais ces randonnées demandent une bonne préparation et une météo clémente. Les conditions volcaniques sont de 1 sur une échelle de 5 (faiblement explosif), les risques d’avalanches sont modérés, mais la météo du jour n’est pas favorable  (il a effectivement neigé à 1400m) nous attendrons des jours meilleurs.

À l’entrée du village de Whakapapa trône le château Tongariro, un établissement de luxe construit en 1929 qui dispose même d’un golf !

Nous nous rabattons à la place sur quelques marches autour du village de Whakapapa (1119m). Nous débutons par Whakapapanui walk, une marche de 1h30 à travers une forêt humide de montagne. Nous allons marcher sous la pluie nous sortons donc les ponchos et les K-way (Nous avons un certain style couvert de la sorte !). Nous observons sur le parcours une végétation spécifique adaptée aux froids extrêmes, on trouve principalement des conifères (Kahikatea et Hall’s Totara). Mais il y a aussi ces étranges plantes grasses qui montent comme des palmiers et dont j’ignore le nom. Le tout est abondamment recouvert de mousse, d’orchidée et de lichens. En chemin, nous franchissons des torrents de montagne dont les pierres, qui tapissent le fond du lit, sont dorées. Pour l’explication c’est l’acidité de l’eau des sources volcaniques qui colore les roches.

Nous prolongeons la marche par une boucle autour des « silica rapids ». L’eau s’y écoule sur des petites terrasses de silices jaunes et blanches dans un magnifique cirque naturel. C’est l’étape parfaite pour prendre notre pique-nique surtout que la pluie s’est arrêtée. Après ce repas, nous continuons l’ascension autour des 1300m pour atteindre des zones rocailleuses recouverte de cette herbe jaune d’altitude : la « Tussock grass ». Là nous ne pouvons éviter une tempête de grésille sous forme de giboulées entrecoupées d’accalmies. Nous commençons à bien apercevoir les majestueux cônes volcaniques enneigés mais leur apparition reste furtive. Nous retournons au parking par la route, et nous nous rendons ensuite sur deux petits sites proposant des marches de 20 minutes : la ravissante « Tawhai Falls » et le curieux monticule «The Mound». À ce moment là, les sommets se sont pratiquement dégagés des nuages ! La vue est absolument grandiose. Le changement météo fulgurant et les infos que nous prenons à l’I-site nous permettent de planifier une excellente randonnée le lendemain. Et le soir nous rentrons au même campsite de Mangahuia.

Un  aperçu de la forêt humide luxuriante des hauts plateaux du Tongariro National Park.

Un torrent de montagne riche en couleurs.

Les magnifiques  rapides de silices.

La petite boucle pour atteindre le Mound permet d'avoir un beau point de vue sur la montagne.

Le mercredi matin, ça y est le temps est parfaitement dégagé, mais il y a du vent (60km/h). C’était la nuit la plus froide : nous trouvons de la glace sur les vitres à l’intérieur de nos voitures. Nous remontons au village de Whakapapa, d’après les informations que nous glanons à l’I-site : il y a encore trop de glace sur les sommets pour l’Alpine crossing. La rando du jour sera donc les 17kms pour rallier les lacs Tama. Nous ne monterons pas au dessus des 1500m. Nous débutons notre excursion sous le soleil avec comme panorama les magnifiques montagnes enneigées. Nous ne pouvions espérer mieux. La rando n’est pas trop exigeante physiquement (200m de dénivelé) mais le poids de nos sacs à dos rajoute tout de même un sacré effort. J’avais bien 12 kilos : 2 litres d’eau, un thermos, des vêtements chauds, trousses de secours et lampe et j’avais surtout emmené mon netbook aussi pour le préserver du vol au parking!

La ballade est vraiment agréable, nous traversons la lande rocailleuse parsemée d’une multitude de torrents et de petits plans d’eau. Au loin, en direction de l’Ouest, nous apercevons nettement le mont Taranaki enneigé (c’est un gros volcan conique à l’extrémité Ouest de l’île du Nord), il se situe pourtant à 250kms. À la mi-journée nous atteignons les lacs Tama, logés dans deux cratères bien distincts (un en hauteur, un autre en contre bas). Leurs eaux sont d’un bleu intense. Là encore, nous profitons d’un panorama à couper le souffle. Nous choisissons d’ailleurs de pique-niquer devant ce paysage incroyable. Au retour, nous empruntons quasiment le même sentier ; excepté pour les 4 derniers kilomètres nous bifurquons pour voir la superbe cascade de Taranaki. Avant de rentrer au campsite, nous retournons à l’I-site de Whakapapa pour reprendre les conditions météo essentielles pour le lendemain. Nous parlons à un guide haute de montagne qui revient de sa journée sur « l’Alpine Crossing ». Les conditions s’annoncent finalement parfaites pour effectuer cette rando le lendemain.

La mont Ngauruhoe, ici parfaitement dégagé, est un cône parfait qui servit pour représenter la montagne du destin dans la trilogie  « Le seigneur des anneaux ». 

  Le lac Tama supérieur blotti contre le Ngauruhoe.

  Et le lac Tama du bas avec en toile de fond le Mt Raupuhu point culminant de l’île du Nord.

Et la vue d'ensemble sur les deux lacs (vue immersive ici).

Depuis les contreforts du Tama lake supérieur on distingue dans le lointain le Mont Taranaki.

La cascade de Taranaki : des chutes de 20m de haut sur le Wairere Stream.

Le jeudi, le réveil est moins difficile : le « frozing level » est remonté au dessus des 3000m. Un vent chaud souffle et fait fondre assez rapidement les neiges basses des derniers jours. Nous nous préparons pour ce qui est décrit comme la meilleure randonnée sur la journée en Nouvelle-Zélande : « l’Alpine Crossing ». L’avantage d’avoir deux véhicule ici nous permet d’un laisser un au parking d’arrivé à Ketebati et l’autre sur le parking du départ à Mangatepopo. Une fois cela fait, nous sommes parés pour les 19,4 kilomètres de randonnée, et les 1872m de dénivelés (dont 736m d’ascension). Il fait plus chaud que prévu nous sommes obligés de monté en T-shirt sous nos blousons. Nous commençons à 9h30, nous nous engageons au début dans une ancienne vallée glacière, creusée dans de massives coulées de lave, avec en ligne de mir le Mt Ngauruhoe enneigé. Au bout d’une heure et demie, nous atteignons la « Soda spring » (1400m) qui se jette dans le fond de vallée en une petite cascade. Nous dépassons ensuite des WC, le sentier est d’ailleurs très bien aménagé : marches, pontons, et surfaces antidérapantes. Le gros de l’ascension débute alors au pied du Mt Ngauruhoe pour rallier le « South crater » (1659m). Cela nous prend 45 minutes, le « South Crater » est encore enneigé, nous le traversons après nous être recouvert car le fond de l’air se rafraîchit.

Le lieu est majestueux : nous marchons dans le fond du cratère enneigé, avec à notre droite l’impressionnant Mt Ngauruhoe et à notre gauche le Mt Tongariro. Nous poursuivons l’ascension sur les pentes très ventées du « Red crater » (1886m), point culminant de la rando. Nous avons du mal à tenir debout avec le vent (70km/h) je suis obligé de tenir Emmeline par sécurité. C’est le passage un peu délicat, heureusement le passage répété des randonneurs a fait disparaître la glace. Du sommet du « red crater » nous nous régalons encore une fois de la vue. Nous avons un visuel sur l’intérieur du « Red crater » qui est effectivement tapissé de cendres volcaniques rouges. Nous voyons au loin dans la plaine une vaste zone désertique, et en contrebas de l’autre côté du sommet le chemin serpente entre les « Emerald Lakes ». Nous redescendons prudemment de l’autre côté dans le « central crater ». Le coin est parfait pour sortir le casse-croûte, avec une vue directe sur le seul des trois lacs émeraude qui n’est pas gelé. Le nom est tout trouvé : c’est réellement la couleur de ses eaux. La zone est parcourue de quelques fumerolles pour nous rappeler que les volcans sont bien actifs.

L’Alpine Crossing : une belle randonnée à travers les volcans du Tongariro National Park.

Le Mont Ngauruhoe et ses champs de laves : lieux de tournage « Du seigneur des anneaux » (scéne de la grande bataille de Dargolard avec Isildur et Sauron & scènes dans le Mordor avec Frodon, Sam et Gollum).

Moi-même dans le « South Crater » avec la montagne du destin dans le dos.

Le « South crater » dominé par le Mt Tongariro et le « Red Crater »

Il est 13h00 quand nous reprenons le chemin de rando, nous traversons le grand « central crater », et passons devant le « blue lake » gelé. Le reste de la rando s’avère être que de la descente. À partir de ce point, la zone devient plus sensible car elle n’a été ré-ouverte que depuis une semaine. En effet elle fut fermée à la suite de l’éruption du Mt Tongariro le 06 Août dernier. Nous allons passer près d’une des cheminées du volcan qui rejette en permanence de la cendre brûlante. Nous sommes mis en garde par des panneaux et conviés à ne pas traîner sur la zone. Nous entamons la descente, ainsi informés. Nous passons vraiment près du cratère actif : nous entendons gronder. Le paysage est lunaire car recouvert de cendre grise. Sur le sentier les affres de la dernières éruption sont bien visibles ; d’immense bombes volcaniques on creusées des cratères (on dirait un bombardement au mortier et certains blocs font 2m de larges !!!).

Au bout d’une heure et demi nous arrivons à Ketetahi Hut. Ce refuge est toujours fermé suite à sa destruction partielle. Nous poursuivons la descente en passant tout près de sources chaudes privées de « Ketetahi Hot Springs » ; elles appartiennent à une tribu maorie et sont considérées comme sacrées. Nous mettons encore deux bonnes heures pour atteindre le parking (il y est alors 17h30). En effet, la dernière partie dans la forêt est éprouvante car le dernier Lahar (Coulée de boues et de roches) en date a détourné une rivière de son lit. Le sentier est donc inondé par endroit et de nombreux détours peu praticables sont proposés. Une fois au van d’Emmeline, nous revenons au parking du départ récupérer le mien. Ce fut une grosse journée, nous allons dans un autre campsite du DOC qui est gratuit : Kaimanawa Forest (près de Turangi) nous nous y effondrons de sommeil.


 
Un des magnifique lacs émeraude.

Les dégâts importants dans Ketetahi Hut : heureusement personne ne dormait quand l’éruption est survenue.

Un des évents du Mt Tongariro bien actif.

Le lendemain, vendredi c’est en partie repos ; nous allons tout de même le matin à Turangi pour le plein d’essence et pour l’accès Internet de la bibliothèque. L’après-midi, nous voulons profiter de la belle journée pour découvrir la fameuse « desert road » qui contourne par l’Est du Tongariro National Park. La route a bien des allures de désert, elle traverse une région aride, recouverte de cendre volcanique grise, appelée désert de Rangipo. Il n’y a pas grand-chose, ici, pas d’habitations, juste des lignes électriques qui longent la route. Cela explique le choix de l’armée Néo-Zélandaise qui s’en sert de zone d’entraînement. Le risque de tomber sur des engins explosifs ou de croiser des tanks en exercice est important ; c’est pourquoi il est défendu de s’écarter des axes routiers dans la région. D’immenses panneaux sont là pour vous rappeler les risques encourus.

Sur la route nous effectuons quelques arrêts photos pour immortaliser les volcans enneigés. Et là, contre toute attente, nous retrouvons Tom, Mat et Jack. Ils ont terminé le docking au ranch de Lucy et rentrent sur Wellington. Décidément ce pays est vraiment petit ! Nous continuons jusqu’au sommet de la route à 1074m et pique-niquons sous le vent. Nous prenons une piste de graviers pour faire quelques photos des dunes de cendres (nous restons bien sur la route). Non loin a été tourné la dernière bataille devant la porte noire dans le film le Retour du roi. En fin d’après-midi, nous nous arrêtons à « Tree Trunk Gorge » mais nous reportons leur visite au lendemain (le soleil est bien bas pour visiter les gorges). Nous rentrons au campsite mais changeons d’emplacement (la veille Emmeline a été réveillé par un Opossum qui a sauté sur son toit dans la nuit!). Nous trouvons un minuscule mais parfait emplacement au bord de la rivière.

La vue du lac Taupo  depuis les hauteurs de Turangi.

Les grandes lignes droites de la « desert Road » qui traverse le désert de Rangipo donne un aspect désert d’Arizona.

Le samedi, le planning de la journée est chargé. Il fait encore beau même si les nuages ne sont pas loin. Le matin à côté du campsite nous voulons visiter les gorges de « Pillars of Hercules », mais il n’y a aucuns accès pour descendre près de l’eau. Donc nous retournons à « Tree Trunk Gorge » où nous étions passés la veille. Nous trouvons un chemin pour approcher de plus près ces ravissantes gorges. L’eau se fraye un chemin dans un socle d’orgues basaltiques et chute en plusieurs cascades et rapides. Puis nous continuons la route en direction de la petite ville d’Ohakune (au Sud du Tongariro National Park) ; nous retraversons le désert de Rangipo. Arrivé à Ohakune vers midi, nous poursuivons pour rallier la station de ski de Turoa sur les flancs du Mt Ruapehu.

Nous voulions voir à quoi ressemblait une station de sports d’hiver ici. La côte est bien raide pour atteindre le pied de la station à 1600m. A notre étonnement la station est encore ouverte et il y a foule. Tous les panneaux ici nous indiquent que la station est basée sur un volcan actif ; dans les WC je trouve même les indications d’évacuations sur les pistes de ski. Depuis le parking de la station je reconnais une cascade qui a servi de lieu de tournage pour « The Hobbit » (oui j’ai suivi assidûment le making-off du film). Je ne peux pas résister je vais au pied faire des photos. Nous sommes un peu forcés de ne pas nous attarder car ce jour même se déroule un événement sportif et la route va être barrée. Nous redescendons à Ohakune, Nous faisons quelques petites ballades autour de la ville et nous arrivons à une auberge qui fait office d’arrivée pour la course. Il s’agit du 20ième « annual peak to powderkeg» ; un petit triathlon partant du sommet de la montagne (au programme ski, course à pied de 5km et vélo sur 15km).

Dans le même secteur, nous passons devant une pizzeria et là mon estomac me dicte de déguster ma première pizza de Nouvelle-Zélande. Et puis il faut bien marquer la fin du Road-trip. La course terminée, j’emporte ma pizza (avec du bleu dessus en supplément!) au campsite tout proche de Mangawhero, où je la partage avec Emmeline. Et oui, le road-trip se termine ici, le lendemain dimanche, nous faisons un bout de chemin en commun puis nous nous séparons sous la pluie. Emmeline se dirige à l’Est vers New Plymouth pour un HelpX avec des chevaux. Tandis que moi, je rentre au campsite près de Turangi où je continue la rédaction de ce long article, auquel j’ai encore consacré pas mal de temps lundi et mardi mais j’avais beaucoup à raconter.

Le petit canyon photogénique de « Tree Trunk Gorge » m’avait été indiqué par Martin le photographe lors de mon HelpX près d’Opotiki.

La fameuse cascade à Turoa Skifield qui sera dans « The Hobbit ». Je rempli progressivement mes visites des lieux du tournage !

Ohakune affiche fièrement être la capitale locale de la carotte.

Ainsi s’achève ce road-trip de 15 jours, il fut riche en sensations et bien intense. J’ai vraiment réalisé des visites et des activités incroyables ; du cheval à la rando de 19 bornes, de la rivière chauffée au sommet glacé du Red Crater, des bassins multicolores au monochrome de la desert road. Je me suis régalé, le plateau central vaut le détour. Je garderais un très bon souvenir de mon premier grand road-trip. Je tiens également à remercier Emmeline avec qui j’ai partagé tous ces moments magiques. Et qui a rendu le road trip plus vivant et plus « français » (j’avoue que j’ai moins parlé anglais ces 15 derniers jours !).


Nous avons connus joies et petites galères comme se compose souvent un bon vrai road-trip. Je souligne aussi que le blog a franchit les 1000 visiteurs uniques, je vous remercie de votre assiduité et j’espère que vous prenez plaisir à le lire (j’ai changé le classement des albums photos qui devenait compliqué à lire). Prochaine destination Napier dans la Bay of Hawkes (côte Sud-Est), où je vais essayer de travailler en intérim (Fruit Picking ou autres). Avec entre-temps des étapes sur la route pour me refaire une santé car je suis un peu fatigué je vous avouerais. La suite dans une semaine si possible.

20 octobre, 2012

Road Trip Plateau central : Région de Rotorua.

Ça y est j’ai atteint le plateau central de l’île du Nord, et je suis en plein road-trip près de Rotorua. Avant de vous narrer le road-trip dans les détails, je reviens sur mon départ d’Opotiki.

Dimanche matin, je quitte ma famille d’accueil et je fais mes adieux non sans émotions. Ensuite, un petit crochet par Ohope s’impose pour dire bonjour à Jean-Louis. Il m’offre le café à sa pizzeria et on discute un petit moment. Je profite de la livraison, de sa planche de surf qui sort tout juste de réparation pour l’accompagner sur la côte et ainsi le voir faire du paddle (surf avec baguai). Sur la plage d’Ohope, je rencontre Maryse et Greg ; deux autres français « pvtistes » (ils ont comme moi un Permis Voyage Travail autrement dit un Working Holiday Visa). On discute là une bonne heure tous les quatre. Le temps passant je décide de continuer ; je dis au revoir à Jean-Louis et dépose Maryse et Greg à Whatakane vu que c’est sur mon chemin. Je fais le plein d’essence et commence véritablement le périple vers la cité thermale de Rotorua.

Je roule 80 km au milieu de forêts de bush natif. La route qui s’élève continuellement, longe de grands lacs volcaniques : Lacs de Rotoma, de Rotoehu, de Rotoiti et de Rotorua. En maori « roto » signifie lac, et dans cette région il n’y a pas moins de 10 grands lacs. J’arrive à 16h30 à Rotorua sous un véritable déluge, ce qui ne m’aide pas pour trouver ma route. Je me perds dans de ravissants quartiers, et je parviens tout de même vers 17h00 chez Brigdet (la sœur de Mégane : mon précédent hôte). Après le dîner en commun,  je dessine des dragons pour les enfants et je passe ma nuit dans mon van sur leur parking. Le lendemain matin, après le petit déjeuner, je prends un maximum d’information auprès de Bridget sur les visites à ne pas manquer surtout les lieux peu connus des touristes. Je quitte leur maison, frais et paré, pour un gros road-trip de deux semaines.

Le lac Rotoiti sur la route pour Rotorua.

Le lundi matin, je reviens dans le centre ville de Rotorua sous un grand soleil. J’effectue les ravitaillements en essence, en eau et en nourritures assez rapidement. Ensuite, je me gare, dans le centre ville,  près d’un grand parc où s’échappent des fumées. Intrigué, je commence un petit tour du parc : il s’agit du Kuirau Park. Un peu partout j’observe des surprenants phénomènes géothermiques : des immenses piscines naturelles d’eau chaudes d’un bleu profond, des bassins de boues animés de clapotis, ou tout simplement des trous fumant dans la terre. Tous ceux-ci sont entourés de clôtures pour empêcher les curieux de s’approcher de trop près.

Je ne m’attarde pas trop car j’ai rendez-vous à l’I-site de Rotorua dès 9h00. En effet, je dois rencontrer Emmeline ; une française avec qui j’ai prévu d’effectuer ce road-trip dans le centre du pays. Nous avions planifiés par Internet, sur le forum des pvtistes, sans vraiment nous connaître, de voyager en commun. Ne connaissant pas de visu Emmeline je questionne les personnes qui sont aussi là à attendre : situation un peu cocasse mais brève. En effet je rencontre Emmeline peu après, on marche dans Rotorua tout en faisant plus amples connaissances. Elle est dans le pays depuis 2 mois et viens tout juste de finir un helpX où elle s’occupait d’équitation dans une immense propriété.

Emmeline et moi-même devant un bassin thermal en plein centre ville de Rotorua.

Nous décidons de commencer par une promenade sur les berges du lac Rotorua. L’air est fortement chargé en soufre (comme dans la ville mais en plus marqué) ce qui est un peu incommodant au départ mais on s’y habitue vite. La raison est simple de grandes fumerolles dégagent du sulfure d’hydrogène sur les rives du lac. Le lieu s’appelle d’ailleurs « Sulfur Point ». Nous découvrons un spectacle lunaire, ici, à quelques encablures du centre ville. Il y a ces petites crevasses d’où s’échappe le sulfure d’hydrogène, au fond de celles-ci on entend l’eau bouillonner et sur leurs bords on aperçoit des dépôts jaune de soufre. Nous progressons sur le sentier pour atteindre « Sulfur flat », l’endroit où les rejets de gaz sont le plus importants. Jadis, se dressait, non loin de sulfur flat, un établissement de cure contre l’alcoolisme. Des bains de boues sulfureuses étaient dispensés et sensés guérir toute addiction.

Nous atteignons Sulfur Flat : une berge blanche formée par un mélange de ponce, de vase et de dépôt de soufre. Une belle vue sur le lac s’offre à nous, on distingue aussi clairement le musée de Rotorua. C’est un ancien bâtiment de cure thermale de style Tudor et construit en 1908. Au retour de la promenade, nous en effectuons d’ailleurs la visite pour 18DNZ. Nous commençons la visite par un film de 20 minutes sur l’activité géothermique de Rotorua, l’histoire des maoris dans la région et sur l’éruption du mont Tarawera en 1886. La salle de projection ressemble à un ancien théâtre mais il s’agit d’un cinéma dynamique avec des sièges plus que tape-cul ! Nous poursuivons par la visite des soubassements du musée où l’on aperçoit l’ancien réseau de tuyauterie qui alimentait les bains. Nous continuons par la visite des anciennes salles de cure thermale, puis nous contemplons une exposition photo temporaire sur la nature et nous finissons par une somptueuse collection maorie. En sortant du musée nous terminons la promenade de sulfur point, et nous prenons la direction du parc dont j’avais commencé le tour. Nous décidons même d’y pique-niquer au milieu des bains de vapeurs.

L’après-midi, nous prenons nos vans et nous choisissons d’explorer le nord du lac Rotorua pour échapper à d’éventuels nuages de pluie. En chemin nous nous arrêtons à Hamurana Springs sur les conseils d’Emmeline qui a repéré le coin sur une brochure. Ce lieu est splendide ; nous sommes stupéfait de trouver une rivière translucide, dont le fond est tapis de sable et où ondulent de grandes algues et nagent de grosses truites. Cette rivière ressemble davantage à un petit lagon océanique qu’à un court d’eau typique du pays. Nous empruntons une allée de séquoias plantée en 1919 (certains arbres font 90 mètres !) pour atteindre les fameuses sources d’Hamurana. À notre grande surprise, la rivière que nous remontions prend source directement depuis un trou de 15m de fond. L’eau jaillis puissamment ; le débit est de 2 piscines olympiques par heure (cela en fait la plus grosse source du pays). Nous observons d’autres sources plus petites, notamment la source du « dancing sand » comme son nom l’indique le sable s’anime au fond de la rivière à cet endroit.

Nous rentrons séduit par ce lieu enchanteur. Mais nous sommes vite redescendus de notre petit nuage car le van d’Emmeline refuse de démarrer ! La batterie est pourtant chargée ; donc je suspecte le démarreur. Il est 16h, Emmeline appelle son assistance qui ne semble pas trop disposé à amener une dépanneuse mais qui en revanche souhaite connaître le numéro de sa carte bancaire avec son code ! Nous décidons de nous passer de leur « aide »  et nous mettons en place le plan B : solliciter l’aide locale plus efficace ! Finalement Emmeline joint son ancien employeur qui lui donne le numéro personnel du garagiste. Ce dernier viendra nous dépanner en dehors de ses horaires de boulot gratuitement (c’est aussi ça la nouvelle Zélande !!!). Il nous démarre le van en le tractant (la panne vient du démarreur) et nous invite à aller à son garage à Rotorua  pour que le lendemain matin il puisse le réparer. Nous passons donc notre première nuit de road-trip dans une zone industrielle, on est loin de l’image du campsite dans la nature ! La nuit se déroule sans accros mis à part de gros camions qui manœuvrent tôt le matin dans la rue.

La vue sur Sulfur Flat au bord du lac Rotorua.

Des fumeroles déposant du soufre près de sulfur point.

Le musée de Rotorua de l’extérieur.

Le plus grand bassin géothermal du parc Kuirau dans Rotorua.

 Hamurana Spring : un lieu paradisiaque.

Le départ de la source d'Hamurana.

Le mardi matin, nous nous réveillons sous le soleil, la journée s’annonce radieuse. Pas question de perdre du temps à attendre la réparation, nous prenons donc mon van pour continuer le road-trip : la liste des visites du jour est longue. Dès le matin nous retournons à Hamurana springs et on se refait la petite boucle de trente minutes pour conjurer un peu le sort. Puis nous enchaînons sur Okere Falls dans le même secteur. Ce sont une série de chutes d’eau et de rapides au niveau du déversoir du lac Rotoiti. Nous marchons une petite heure le long de la rivière et nous assistons même à une descente en rafting d’un groupe de personne. Nous nous rendons ensuite, au sud du lac Rotorua, à 3km de la ville dans la forêt des Redwoods. Son nom vient de la couleur rouge des troncs de séquoias qu’elle abrite. En effet, c’est une forêt plantée à partir de 1899 pour déterminer quelles essences pouvant être cultivées avec succès pour l’exploitation forestière.

 Le parc forestier est composé de plus d’une centaine d’espèces d’arbres, il n’y a donc pas que des séquoias mais se sont les plus impressionnants. Nous parcourons une infime partie des 100kms de pistes VTT, à travers une partie de forêt de séquoias, de platanes, d’eucalyptus et de pins européens. Les platanes ont grandis en hauteur au milieu du bush pour chercher la lumière, ils sont différents du coup des notre en France. Nous pique-niquons dans une clairière, devant un bon paquet de joggers. Il n’est que 14h30 et le temps est tellement magnifique (rare dans la région), que nous nous rendons au lac bleu (Lac Tikitapu) pour une petite marche d’une heure et demi pour rallier le lac vert (Lac Rotokakahi). Ces lacs volcaniques, très encaissés, au milieu de forêt de pins me rappellent certains lacs d’Auvergne mais en bien plus grands. Après la balade, nous retournons au garage à 16h30 pour récupérer le van d’Emmeline, il est réparé et la facture est correcte. Nous retournons dans la zone des lacs, pour passer la nuit au campsite du lac Okareka (6DNZ). C’est d’ailleurs tout près qu’Emmeline à travailler 5 semaines.

Okere falls offre un débit important et 17 mètres de chutes cumulées.

Un petit cours d’eau aux couleurs étonnantes dans les Redwoods.

Les Redwoods : des séquoias et des fougères géantes un mélange des genres qui donne l'impression d'être sur Endor.

Le lac bleu ou Tikitapu (qui est plutôt vert émeraude)

Le lac vert ou Rotokakahi (qui lui est bien bleu!)

Un cygne noir qui fait sa toilette au Lac Okareka.

Le mercredi matin nous tentons en vain de trouver un départ de ballade sur les rives du lac Tarawera, à défaut nous avançons notre planning et nous allons juste à la sortie de Rotorua au village thermal de Whakarewarewa. Mais auparavant, sur notre chemin nous nous arrêtons dire bonjour à Lucy : le précédent hôte HelpX d’Emmeline. Nous restons près des écuries à l’entrée de la propriété ; Lucy ravie de revoir Emmeline nous propose de passer la nuit. Nous acceptons et nous remettons en route pour Whakarewarewa. C’est une abréviation du nom complet du village : Te Whakarewarewatanga O Te Ope Taua A Wahio, ne me demandez pas le nom des habitants ! La zone est marquée là encore par des émanations thermales. Le village est construit sur un bassin naturel d’eau chaude : le Parekohuru. Certaines maisons s’effondrent parfois dans les cratères ou deviennent inhabitables en raison de gaz. La tribu Tuhourangi Ngati Wahia s’est implantée ici il y a 300 ans et une soixantaine de personnes y vivent encore actuellement. Celui-ci comprend notamment la traditionnelle maison commune maori (Whare Tipuna), des bains chauds à l’air libre et un ensemble de bassins thermaux.

Nous commençons la visite (32DNZ l'entrée) par un spectacle maori d’une demi-heure. Comme dans celui que j’avais vu au Northland, 6 maoris habillés en tenues traditionnelles (Piupius) effectuent des danses et des chants maoris dont le fameux haka. Ils utilisent là encore, des Taiahas,  des Tītī tōrea (des bâtonnets de lancer) et des Poï. Les danseurs sont fiers de réaliser et partager cette démonstration (2 fois par jours tous les jours !) et de poser pour la photo au côté des visiteurs. Ils nous apprennent même une chanson et nous demandent de participer à la chorégraphie ! Ceci illustre très bien le principe du manaakitanga qui implique de traiter les visiteurs comme des amis, principe toujours respecté ici. Après, nous récupérons chacun un épi de maïs cuit dans une des piscines thermales, et nous faisons la visite guidée du village. Notre guide, qui vit au village nous raconte toute son histoire et nous explique le mode de vie adapté au lieu. Par exemple, on assiste à la cuisson géothermique d’un repas de fruits de mer de sa cousine. Ensuite, nous faisons une halte sur les dalles chaudes à coté des bains thermaux riches en minéraux. Notre guide nous montre aussi une partie de la préparation des Piupius ; elle plonge les flaxes tressées (genre de yuccas) dans une piscine à plus de 180°C. Ce procédé long doit être répété jusqu’à se que la plante change de couleur (du vert au beige) et se courbe. Nous continuons la visite, en marchant parfois sur seulement 60 cm de sol avec en dessous un bain à plus de 200 °C.

Je pose ici en position de combat muni d'un Taiaha lors d'un haka

Au beau milieu du village le Parekohuru alimente des bains pour le plaisir des habitants qui utilisent à bon escient cette ressource naturelle.

L’intriguant cimetière du village : l’eau chaude étant qu’à 2m de profondeurs, les morts ne sont pas ensevelis dans la terre fumante mais au dessus du sol.

Nous nous rendons en fin de visite sur une plateforme pour assister à l’éruption de geysers sur le site concurrent et « trop commercial » de Te Puia. Sur cette terrasse de silices de 1km² : on peut observer 7 Geysers dont le Pohutu le plus haut geyser du pays. Les geysers se font désirer un petit peu mais lorsque le spectacle débute c’est grandiose ! Nous mangeons notre maïs devant ce show naturel et pique-niquons ensuite sur des dalles chauffées dans le village. Nous achevons cette journée par une marche en périphérie du village, près de lacs verts, bleus et de chaudrons de boue. Nous ressortons du village de Whakarewarewa plus que comblé, un site unique au monde je pense. En fin d’après-midi nous nous rendons donc chez Lucy et John. Leur propriété est immense (800 hectares) sur les pentes d’anciens volcans au bord du lac d’Okareka. Ils élèvent des moutons et organisent surtout des randonnées à cheval (trekking). C’était d’ailleurs le boulot d’Emmeline de préparer les chevaux et d’encadrer les ballades. En arrivant, je fais connaissance de John, de Charles (le fils de Lucy), de Sarah (la sœur de Lucy), de Carmen (une autrichienne en HelpX) et de Tom, Jack et Mat (des néo-zélandais travailleurs saisonniers pour le « docking » (couper la queue des agneaux)). Le soir je cuisine pour le dessert des crêpes qui sont appréciées de tous. 

Les geysers de Pohutu, Prince of Whales et Kereru qui jaillissent en moyenne une à deux fois par heure.

Le lac bleu de Pikopikowhiti donne envie de s’y baigner mais il faut s’y abstenir : le pH est acide !

Le jeudi, nous nous levons sous la grisaille et la pluie, mais je reste optimiste. J’emmène en van Emmeline et Carmen à Kerosene Creek. C’est un site thermal gratuit et facilement accessible à 30 km au sud de Rotorua. Nous arrivons sur les lieux au bout d’une petite portion de gravel road. Là, dans la forêt se trouve une rivière d’eau chaude qui façonne à travers une ancienne coulée de lave de petites cascades. L’endroit est magnifique, nous ne nous faisons pas prier pour nous mettre à l’eau (30°C) ! Je prends mon pique-nique depuis la « piscine chauffée ». Nous essayons deux emplacements différents sur la rivière ; le premier est une petite chute d’eau de 80 cm.

Le second en aval, est un bassin sous une cascade de 3 mètres. Il y a un fort courant car le débit est important et la profondeur faible (moins d’un mètre). Comme à hot water beach, on ressent dans l’eau les arrivées d’eau chaudes quand l’on enfonce nos pieds dans le sable. L’eau est aussi chaude en surface qu’en profondeur car le courant brasse correctement les afflux de chaleur. De temps en temps, nous essuyons quelques averses mais une fois les affaires protégées au sec, on peut rester dans l’eau sans avoir à en sortir. Nous restons trois heures dans l’eau à profiter de ce spa gratuit. Ensuite, nous rentrons et en chemin nous nous arrêtons en ville pour effectuer quelques courses pour Lucy. Le soir je cuisine des tomates farcies qui font sensation (John et Lucy ne connaissaient pas !).

Kerosene creek : le nom ne donne pas envie mais une fois sur place on y reste des heures.

Le vendredi, avec Emmeline nous tentons notre chance avec la météo incertaine pour aller visiter pour 32DNZ, un autre site thermal vraiment incontournable : Wai-O-Tapu. Lorsque l’on arrive sur place le soleil perce les nuages et c’est une chance pour contempler ce site. C’est important car le site propose 3 boucles de 75 minutes au total (sur 18km²), où l’on peut voir des bassins aux eaux multicolores ; autant donc profiter pleinement des couleurs ! La première partie de Wai-O-Tapu est constituée de gouffres sulfureux, de bains de boue bouillonnants et de bain ferreux. La seconde partie comprend une immense surface de silice recouverte d’eau « The Artist’s Palette » qui est alimentée par « The Champagne Pool ». The champagne pool est un cratère de 62m de profondeur remplis d’eau bouillonnante (180°C en profondeur, 74°C en surface), ses bords sont d’un bel ocre orangé. The Artist’s Palette est un étalage de couleurs (rouge, orange, jaune, vert et bleu) de bassins chauds et froids. La terrasses de silice descend en pente douce et forme « Primrose terraces » : une dentelle blanche et mauve de silice (un aperçut miniature de ce qu’était les Pinks et Whites Terraces ensevelis après l’éruption du Tarawera).

La dernière partie du site est composée de bassins laiteux verdâtres dans un petit canyon, alimenté par Primrose terraces. Les eaux vertes finissent leurs courses dans le lac Ngakoro en formant une petite cascade. La végétation du parc est aussi recouverte d'une algue orange la Trentepohlia se qui renforce l'impression d'être sur une autre planète. Nous nous régalons devant ce spectacle naturel, à mi parcours nous ressortons du parc pour assister à temps au jaillissement du geyser Lady Knox. Au geyser il y a foule, nous prenons la mesure que c’est bien le parc géothermique le plus attractif de Nouvelle-Zélande. Le geyser est déclenché artificiellement à 10h15 par un apport de « savon » (un surfactant), sinon il faudrait attendre entre 48h et 70h pour son cycle naturel. Il monte à 21m puis se stabilise à 3m durant une heure. Une fois les dix premières minutes du geyser passées nous retournons au parc géothermique pour finir la visite, avant le flot de touristes. Nous nous arrêtons à nouveau devant la palette de l’artiste ; les couleurs ont encore changées !

Nous rentrons chez Lucy, pour préparer les chevaux pour une rando. En effet, Lucy nous a gracieusement offert une rando de 2 heures à cheval. Nous partons ainsi à cheval à 8 (Emmeline, Lucy, Carmen, un client, Tom, Jack, Mat et moi-même) dans la propriété de Lucy. Je n’ai pas remonté un cheval depuis mes 4 ans. Je suis plus qu’enthousiasme! Le chemin, à travers le bush, est abrupte, j’avais oublié la hauteur depuis un cheval : l’ascension est impressionnante. Je retrouve quelques réflexes mais je reste un débutant. D’ailleurs, je me mange une petite branche que je n’arrive pas à écarter à temps, et le cheval part au trot mais je reste sur ma selle, la seule petite frayeur de la rando ! Nous atteignons le sommet d’un ancien volcan. La vue au sommet est à couper le souffle : on distingue 7 lacs et en arrière plan se dresse devant nous le majestueux volcan Tarawera.

Nous faisons partir nos chevaux au trot, mais je restreins un peu la vitesse du mien ; je n’ai pas envie de voir ma selle tourner et de finir au sol ! La descente et plus facile car moins pentue. Je remercie Lucy pour cette incroyable expérience ; j’ai goûté à la vie de cowboy quelques instants. Nous rentrons à l’écurie et j’aide pour enlever les selles et les brides, laver les chevaux et remettre les couvertures. Je rentre à la maison de Lucy pour cuisiner une truffade (oui encore une !), mais avant dîner nous allons au pub comme tous vendredi soir. C’est l’occasion pour moi de discuter et de faire quelques parties de billard dans ce pub décoré à la mode saloon de western. On y attend deux allemandes (Caroline et vivianne) qui viennent en HelpX au ranch. Nous remontons du pub au ranch, il est 22h quand on attaque de manger la truffade !

Wai-O-Tapu : un site unique au monde : encore une fois je suis bluffé par la Nouvelle-Zélande. Ci-dessus : The Champagne Pool, The Artist's Palette, le lac Ngakoro et un bassin de cyanure.

Le geyser Lady Knox : réveillé et activé pour la première fois par un prisonnier qui travaillait à la coupe du bois, ce dernier a échappé son savon pour la lessive dans un bassin d'eau thermal.

Voici Joe le cheval que j’ai monté pour la rando (au fond c'est le mont Tarawera)

Le vendredi c’est sortie pub ici : le billard est un incontournable.

Voilà pour cette première partie de Road-Trip, j’ai pris le temps ce samedi matin d’écrire l’article. Je vous avouerais que j’ai fait un peu la grasse matinée (levé à 9h) et que j’ai le dos en compote après le cheval d’hier. Cet après-midi je pars me promener sur les berges du lac Okareka sous un beau soleil ! La semaine prochaine nous descendons dans le sud vers Taupo puis le Tangariro. Je ne sais en revanche pas trop quand j’aurais l’occasion de donner des nouvelles car ce sont des régions isolées sans trop d’accès internet.

Et je vous présente Mary la jeune brebis de  5 semaines qui est un animal de compagnie!