07 novembre, 2012

Changement de cap : du cap Kidnappers au cap Palliser.

Je continue mon voyage doucement, pour rejoindre Wellington fin Novembre et assister à la première du film le Hobbit (ou du moins voir le défilé des stars). Et me voilà à nouveau en solitaire sur la route et cet article a été composé depuis les bibliothèques de Waipukurau, d’Ashhurst, de Greytown et de Featherston. Durant ces derniers jours j’ai encore fait des découvertes intéressantes. Je poursuis la narration de mon aventure au départ de Turangi le 30 Octobre.

Mardi en début d’après midi je sors de la bibliothèque de Turangi, direction l’I-site de la ville pour « booker » mon ticket pour le ferry qui relie les deux principales îles du pays. Je choisis le 1 décembre au départ de Wellington, car je souhaite assister à la Première du Hobbit et partir avant les vacances de Noël des néo-zélandais le 15 décembre! Il m’en coûte tout de même 188DNZ même avec les 10% de réduction carte BBH (le prix le plus bas pour un campervan!). Une bonne chose de faite! Avant de me rendre à Taupo, je refais le plein et recharge mes réserves d’eau à la Dump Station. Je suis alors non loin du lac Rotopounamu (Lac de Jade en maori).

C’est l’occasion d’aller y faire un tour. J’effectue là-bas une agréable petite marche d’une heure et demie, à l’ombre d’hêtres et de Tawhairaunui. Le lac rempli l’intérieur d’un cratère. Il me fait penser au mélange des lacs auvergnats  Pavin et Tazenat. Il possède même une jolie plage de sable doré. Je retourne, ensuite à mon van et je prends la route pour Taupō sous le soleil. En route je m’arrête sur les points de vue : cette fois-ci j’ai sur les photos le lac Taupō avec en arrière plan les volcans enneigés du Tongariro National Park. À Taupō je refais des courses alimentaires et je m’en vais passer la nuit au camping gratuit de Reids Farm.

Le splendide lac de Rotopounamu qui valait bien le détour.

Le massif du Tongariro depuis la ville de Taupō.

Le mercredi matin, c’est le jour de mon départ pour Hawke Bay (une grande baie à l’Est de l’île du Nord). Je prends à nouveau la route sous le beau temps. Je traverse, au début du trajet, des forêts de pins en exploitation. Puis le paysage change, il devient plus sec et plus montagneux. Je coupe ainsi le massif d’Ahimanawa (1400m), la route est un peu tortueuse jusqu’au littoral. Les genêts, les ajoncs et quelques rares pins composent la végétation. Après deux heures de route, et sous un climat méditerranéen, j’arrive en vue de Napier (55000hbts). La ville est en partie bâtie sur une grosse colline au milieu de la baie. L’autre partie occupe des terres basses qui longent la côte. La ville est réputée pour son architecture « Art déco ». La raison est la suivante, à la suite d’un violent tremblement de terre en 1931, les architectes de l’époque ont profités de nouvelles terres sorties des flots lors du séisme pour rebâtir une ville moderne. Ils se sont employés à construire selon la mode du moment : style Spanish Mission, Style Prairie et surtout l’Art déco. Et la ville a depuis lors conservé cet ensemble urbain cohérent dans ces styles architecturaux.

Je me gare et commence la visite de la ville. Je débute par une petite promenade sur la « Marine Parade » : un joli front de mer aménagé de parcs fleuris et de sentiers sous l’ombre des pins de Norfolk. Pendant cette promenade, je découvre une belle fontaine Art Deco de Tom Parker, une statue de Pania (une sirène maorie locale) et la Soundshell (une scène pour orchestre à l’allure de coquillage). Je passe en vitesse à l’I-Site bondé de touristes pour récupérer les horaires de marée pour une randonnée au cap Kidnappers. Il y a un monde fou, des cars entiers de personnes du troisième âge débarquent ; la ville est vraiment une place touristique d’importance ! Je poursuis l’exploration de la ville en traversant Emerson et Tennyson streets. À chaque coin de rues, il y a effectivement beaucoup de bâtiments d’intérêts à observer. Ce sont tout d’abord les hôtels du Dôme et du Masonic qui requièrent mon attention. Ensuite je m’arrête devant l’ex-Hotel Central avec ses fenêtres aux moulures en zig-zags et aux tons rose pâle. Puis je passe devant les colonnes de la Public Trust Office, pour rejoindre l’Art Deco Center qui occupe une ancienne caserne de pompiers. Je continue mon tour en faisant un crochet par le théâtre municipal. J’ai même la chance de voir l’intérieur en demandant bien poliment. Après je contemple la façade du Daily Telegraph Building avec ces néons rouges (éteints en journée), non loin un orchestre de rue joue un air des années 30. Je termine ma visite de Napier par l’ascension du mont Bluf pour avoir une vue d’ensemble de la ville. Durant la montée, je croisse un magnifique jardin public, tout en marchant sous le chant des cigales ! Je retourne à mon van où je pique-nique.

La Marine parade avec ses colonnades et sa surprenante Soundshell. Et derrière l’hotel le Dome érigé en 1936 pour accueillir Le Silver Strip Nightclub.

Et à contrario l’ex-Hotel Central qui héberge maintenant un club de striptease et un salon de massage. J’aurais bien aimé voir l’intérieur mais c’était fermé !

Le somptueux théâtre municipal avec ses panneaux nus en déport qui encadrent sa scène.

L’après-midi,  je m’arrête au National Aquarium of New Zealand. On ne peut pas le louper le long de la côte, avec son toit qui évoque une raie pastenague. Il n’est pas très cher 18DNZ, mais ceci s’explique par sa modeste taille; j’en ai fait le tour en moins d’une heure. Cependant il se distingue pour les quelques merveilles qu’il abrite. Je commence la visite par découvrir un squelette de Moa (plus petit que celui vu à Auckland, mais il en existe 20 espèces différentes). Puis je longe des bassins de divers poissons tropicaux. Je poursuis par une partie avec des vivariums contenant de beaux reptiles dont les Tuataras (lézard endémique de la Nouvelle-Zélande). A mi parcours, je rentre dans une zone sombre simulant la nuit, et où, pour la première fois de mon séjour, j’observe des kiwis vivants (c’était le but premier de ma visite de l’Aquarium !). Je suis étonné je m’attendais pas à ce qu’ils soient si gros (la taille d’un gros coq). Le fait qu’on ne voit pas leurs ailes leur donne un air particulier et préhistorique. Je fais quelques photos sans flash pour préserver leurs yeux fragiles (à retrouver dans les albums les photos sont un peu sombres!). Et en fin de visite, j’emprunte un petit tunnel sous marin pour l’observation de requins et de raies. Et je découvre aussi les restes d’un calamar géant conservé dans du formol.

Le dragon d’eau est un lézard australien, qui vit de Sydney au cap York, et capable de courir à la surface de l’eau.

Le plus grand aquarium du site : celui contenant les requins et les raies.

Je sors de l’aquarium et je me rends à la ville voisine d’Hastings. C’est aussi une ville qui fut également ravagée par le tremblement de terre de 1931. Elle adopte en toute logique le même style Art déco, mais aussi de beaux bâtiments aux airs hispaniques (comme le Westerman’s building). Il y a certes moins de bâtiments d’époque mais cette jolie ville cultive toujours un peu de rivalité avec sa voisine. Le plan de la ville est aussi élaboré en blocks comme pour les villes américaines. Hastings se revendique comme le centre économique de la région, c’est d’ailleurs la raison de ma visite : la recherche de travail. J’avais pris quelques contacts auparavant via les anciens propriétaires du van qui ont travaillés dans le secteur. Mais déjà par mail j’avais compris qu’il y aurait peu de possibilités d’embauche à cette période.

J’avais effectivement noté, en traversant la région, l’absence de fruits sur les arbres. Le « fruit picking » était mal engagé. Mais je tente tout de même de voir s’il n’y a pas d’autres offres (« fencing, pruning »,…). Je vais à l’I-site de la ville qui m’indique le bâtiment de PickNZ. Une entreprise qui met en relation les saisonniers et les professionnels, comme toute bonne agence d’intérim mais ici spécialisée dans la récolte de fruits (ou « fruitpicking »). Manque de chance le bureau est fermé et n’ouvre que le lendemain de 8h30 à midi (et reste ensuite fermé jusqu’au lundi). Je profite tout de même d’être en ville pour laver mon linge dans un « laundromat » (laverie automatique). Et par la suite, je reprends la route direction la petite ville de Clive, à mi chemin entre Napier et Hastings. J’ai repéré que je pouvais y passer la nuit avec mon van « self-contained ». L’endroit est au pied d’un canal où s’entraînent des rameurs d’aviron. Pour le boulot j’aviserais le lendemain.  


Le cinéma Art déco d’Hastings et cet autre bâtiment de style Spanish Mission.

Le jeudi matin, encore une belle journée, mais je m’empresse de retourner à PickNZ pour l’ouverture. Je suis bien reçu mais mes craintes se concrétisent, il n’y a rien pour moi pour le moment ici. Je m’inscris dans leur liste et récupère toutefois des contacts pour l’île du Sud. Je serai là-bas pendant la bonne période de travail (Décembre à Février). Je quitte le bureau un peu déçu mes plans sont bien chamboulés. Mais je reste optimiste je trouverais autre chose. Et je ne compte pas  perdre cette belle journée de Novembre car oui nous sommes le premier Novembre. En Nouvelle-Zélande ce n’est pas un jour férié national comme en France (jour de la Toussaint), mais dans la région (Hawke bay) cela reste un jour férié dans la culture maori! J’ai eut de la chance de ne pas avoir trouvé porte close à PickNZ ! Je reprends le fil conducteur ; donc oui pas question de laisser filer une aussi belle journée. Je décide de faire ma randonnée au cap Kidnappers. C’est une jolie péninsule à l’Est d’Hastings qui héberge  une grande colonie de fou de Bassan (des oiseaux marins). Le jour même, je reprends donc la route et je traverse d’immense vergers pour rallier le parking de Clifton : point de départ de la rando. J’ai les horaires de marée, je suis paré ! La rando propose 18 Kms de marche le long de gigantesques falaises de sédiments, soulevés et fracturés lors des séismes. Je dois faire l’aller retour en 7 heures pour échapper à la marée.

Le cap Kidnappers doit son nom au capitaine James Cook qui, en 1769, manqua d’y perdre son interprète tahitien après une tentative d’enlèvements par des maoris.

En maori le cap s’appelle : « Mataupo Maui» (L’hameçon de Maui) car selon la légende ce cap serait l’hameçon magique que le demi-dieu Maui utilisa pour pêcher l’île du Nord comme un poisson.

Je commence vers les 11h00 cette longue marche sous le soleil, avec mon pique nique dans le sac à dos et la crème solaire sur le visage. Il fait tellement chaud que je dois me mettre en short et en T-shirt dès le second kilomètre de marche. Sur la grève je découvre les coquilles de gros ormeaux. Ici on les nomme Pauas. Ils sont beaucoup plus gros que ceux que l’on peut trouver sur nos côtes françaises. Les maoris les utilisent pour en faire des bijoux ou tout simplement en guise d’yeux à leurs statues en bois. J’allie donc la randonnée à la collecte de ces coquillages irisés. Je ne m’attarde pas trop car je ne veux pas me retrouver piégé par la marée. Les falaises jaunâtres, striées par les strates successives de sédiments marins, sont magnifiques au soleil. Je me sens tout petit à leurs pieds. A certains endroits, de petits canyons encaissés coupent la ligne de falaise. A mi-chemin du cap, perché à flanc de falaise, je fais la découverte d’un cabanon sommaire, c’est le lieu ombragé parfait pour ma pose déjeuner. Après cela, je continue ma progression le long de la côte et de l’océan Pacifique. Je découvre de beaux fossiles de coquillages mais ils sont souvent pris dans une épaisse gangue de roche (je les laisse donc sur place). Ensuite, j’atteins le cap de « Black Reef » où niche une première colonie de fou de Bassan (Australasian Gannets en anglais). Cet oiseau de belle taille (comme une grosse pintade), au bec et aux pattes bleutés, a un plumage particulier (le dessus de la tête orangé-doré, un corps blanc avec une ligne noire sur les ailes). Les fous de Bassan sont extrêmement bruyants. Ils se livrent à des parades nuptiales, à des combats entre mâles et construisent leurs nids à partir d’algues (seuls les mâles amènent les algues).

C’est d’ailleurs purement par hasard si je suis arrivé dans la région pour leur nidification début Novembre. Car avant dans la saison l’accès au site est interdit pour laisser au calme les oiseaux (interdiction de Juillet à Octobre). Et il n’y a aucun oiseau de Mars à Août. Ils nichent ici jusqu’à fin Février, le mâle et la femelle s’alternant pour couver. Ces oiseaux forment un couple pour la vie et peuvent vivre jusqu’à 33 ans (le plus souvent 20-24 ans). Je les regarde s’activer et utiliser leur langage corporel puis je continue mon chemin pour observer la colonie principale sur le cap Kidnappers. La côte change ensuite de forme ; les falaises laissent place à de hautes dunes et la plage s’élargie. J’arrive enfin en vue du cap caractéristique avec son éperon rocheux et ses falaises blanches. Il me faut encore quelques kilomètres et une ascension pour atteindre la fameuse colonie d’oiseaux. Ils sont là par milliers derrières une petite clôture. Tout comme à « black reef » ils nichent, sans se soucier de ma présence. Certains me frôlent même en volant alors que je les photographie sous tous les angles depuis un banc. J’avais une petite appréhension qu’ils me chient dessus ! Je ne suis donc pas resté des heures et puis je devais toujours garder un œil sur l’horaire et la marée. Je refais le chemin en sens inverse en croissant des touristes déposés en « tracteur-train » par un tour opérateur. Je reviens au van vers 17h00, un peu lessivé par la chaleur et la marche sur les galets, mais quelle étonnante randonnée.

Les falaises de sédiments se sont formées il y a 3 millions d’années, il y a avait alors une petite mer intérieure entre les emplacements de Napier et Wellington.

Affrontement violent entre deux fous de Bassan à la colonie de « Black Reef ». L’un des deux a voulu voler des algues dans le nid du second, mal lui en a pris ; il s’est fait repoussé du promontoire et a failli me tomber dessus.

Avec presque 16 000 individus l’ensemble des 4 nichoirs du cap en font la plus grande colonie de fou de Bassan du pays et au monde.
 
Je ne peux pas rester plus longtemps dans la région, mais j’espère avoir vue l’essentiel. Et c’est donc le vendredi que je décide de quitter Hawkey Bay, encore sous le beau temps. Mais juste avant de partir, je retourne sur la plage de Clifton, où je marche une petite heure ; je trouve encore quelques beaux ormeaux pour ma collection. Après avoir refait mes réserves en eau potable, je reprends la route. Je passe par Havelock North, une des banlieues huppée d’Hastings. Je traverse à nouveau de grands vergers et davantage de vignobles. Je vois le fameux Te Mata Peak ; montagne de 400m qui surgit au milieu des plaines d’Heretaunga. C’est également selon la légende maorie le corps du chef Te Mata O Rongokako qui s’étouffa en répondant au défi d’une jolie fille ; elle lui avait demandé d’ouvrir avec ses dents un passage dans la colline ! Je descends vers le Sud avec pour objectif Wellington. J’effectue une petite halte à Waipukureau pour acheter quelques cadeaux et profiter d’un accès Internet gratuit (inexistant sur Napier et Hastrings). Je commence à consulter les annonces d’HelpX sur Wellington.

Je roule ensuite jusqu’à la petite localité de Woodville. Cette petite ville de campagne est dominée par un champ d’éolienne, se situe au pied des Manawatu gorge. C’est l’unique passage entre les imposants massifs de Tararua et de Ruahine. Cette ville sera une étape dortoir sur ma route. Pour l’anecdote ; après avoir fait un tour rapide de la bourgade, je souhaite, pour changer, prendre un repas dans un « Fish and Chips » tenu par un couple de chinois et leur fille d’une dizaine d’année ! Je passe commande et commence à attendre à l’intérieur. Une attente d’une heure !!! En effet il n’est pourtant que 18h00 mais les commandes pleuvent, et en rentrant je n’avais pas vu le mûr d’étiquettes des commandes téléphoniques. Je prends mon mal en patience à écouter parler chinois (pour les engueulades entre eux) et anglais (pour les clients). Pour la peine, ils me rajoutent un hamburger, soit pour 6DNZ j’ai 2 hamburgers maisons et des frites : le repas le plus bon marché que j’aurais acheté dans le pays. Il est ensuite l’heure de retourner à mon van pour prendre le temps de déguster ce festin. Je dors en « freedom camping » ; je ne gène personne ici.

Un ormeau (Paua) ramassé sur la plage de Clifton.

Dans Woodville, j’aime l’allure de cette maison abandonnée (?) qui semble avoir presque un siècle, l’arrière pays réserve parfois ce genre de découverte un peu atypique.

Je reprends la route le samedi matin, je fais un détour par Palmertson North ; la plus grande ville du secteur (85000hbts). J’avais en tête de trouver un UPS pour envoyer des présents en France. J’avais bien vérifié dans Google map, j’étais sûr de mon coup. Mais quand je passe à l’adresse indiquée : je suis en pleine zone pavillonnaire ; pas d’UPS ici. Je ne peux que constater mon échec, la prochaine fois je vérifie au moins avec google street view ! Je retourne à Woodville, en chemin je m’arrête à la bibliothèque d’Ashhurst. Je vais y avoir une bonne nouvelle, en trouvant via Internet un hôte HelpX sur Wellington pour la semaine prochaine. Je n’aurais au moins pas perdu ma matinée. Ma route reprend vers le Sud, toujours vers le Sud mais cela revient à quitter une région sèche pour une région pluvieuse et venteuse.

Je me rapproche de Wellington la capitale du vent au dire des locaux! J’aperçois aussi mes premiers panneaux « roadsigns » vent violent ! Après la traversé des petites villes de Masterton (plein d’essence), de Carterton, et de Greytown, je stoppe à Featherston. Une étape idéale, avec l’Internet gratuit à la bibliothèque, Wellington à 60 Kms, et un campsite du DOC gratuit. Mais il s’avère que le campsite en question est une immense pataugeoire de boue ! Je n’ai pas envie de m’enliser dans ce bourbier j’irais dormir à celui de Putangirua Pinnacles, 40 Kms au Sud. Chemin faisant, j’arrive à cet autre campsite du DOC. Le temps est à la grisaille et à la tempête mais je m’aventure sur la plage de galets et de sable noir. J’y trouve des fossiles de coquillages et des morceaux d’ormeaux polis par l’océan. Pris dans mes recherches, je me fais surprendre par une vague plus grosse que les autres ; plus de peur que de mal ! Cela me vaut d’avoir les pieds mouillés et d’être dorénavant plus attentif.

Ce curieux panneau retient mon attention ; il y a des pingouins sur cette côte!
 
Sur la plage il est facile de trouvé quelques fossiles : ici un oursin et un agglomérat de coquillages!

Le camping est situé dans la réserve des Putangirua Pinnacles.

Le dimanche, il fait toujours gris mais la pluie de la nuit a cessée. Je décide d’aller voir la curiosité locale : les pinacles de graviers de Putangirua Pinnacles Scenic Reserve. Je n’ai pas à aller bien loin puisque le site est à 20 minutes de marche du camping. J’ai juste à remonter un lit de rivière en galets pour atteindre les premières pinnacles. Le chemin qui y mène est bien raide. Le site lui-même est pentu, je suis surpris car j’avais à l’esprit un site plat. En effet, je connaissais de visu cet endroit grâce au film « Le seigneur des anneaux », où il apparaît dans le troisième volet. Il y représente la vallée qui mène au passage sous la montagne (ou voix de Dimholt), où Legolas, Aragorn et Gilmi s’aventurent et rencontrent l’armée des morts. Peter Jackson a aussi utilisé ce lieu pour la séquence d’ouverture d’un autre de ses films : « Braindead ». Ce lieu est impressionnant, j’ai la sensation de parcourir une ancienne forteresse de gravier avec ses vieux remparts et ses tours branlantes. L’érosion a construit ici un décor unique. Mais cela a pris du temps ; il a fallu 120000 ans à la pluie et au vent pour façonner ce mélange de sables de limon et de gravier vieux de 12-14 millions d’années. J’observe là encore une multitude de fossiles de coquillages.

Je remonte le site à la recherche de tout les lieux possibles de tournages, j’essaye de me refaire les scènes de mémoire (j’ai revu la trilogie en version complète avant de venir en Nouvelle-Zélande). Bon en 10 ans le site a sûrement un peu changé mais je crois reconnaître des endroits! Je suis perturbé par la pluie qui fait son retour, maudite pluie ; je dois rentrer au van impossible de continuer les photos ! Je reviens l’après-midi sous le soleil et poursuis la visite et la prise de photos. Les pinacles au soleil paraissent moins austères ; le lieu a perdu un peu de l’ambiance du film. Je monte au point de vue pour voir le site dans son ensemble. Il m’apparaît alors comme une maquette miniature ;  comme un morceau de polystyrène découpé à la pyro-scie et floqué de sable (là, c’est le modéliste qui parle). Je rentre à mon van en prenant un chemin sur les crêtes de la montagne. Le panorama sur la baie de Palliser est splendide.



Ces pinacles sont de bien curieuses formations géologiques.

J’imagine qu’ici passe devant moi, tout comme dans le film, le cheval d’Aragorn.

Palliser bay : par beau temps on peu voir les sommets enneigés de l’île du Sud.

Le lundi, je dois retourner à la dump station car je n’ai plus d’eau ! Je me rends à la plus proche ; celle de Greytown. Pour rejoindre cette ville, je traverse la région de Martinborough réputée pour ces vins du Wairarapa (pinot noir et des blancs). Je profite aussi de ma présence à Greytown, pour refaire le plein d’essence, faire quelques courses alimentaires et me connecter à Internet. Je reviens au campsite du DOC, et je me revisite les pinacles car cela ne mange pas de pain. J’apprécie vraiment ce lieu lunaire.

Mardi, il ne fait pas particulièrement très beau mais je reste confiant ; le ciel bleu commence à pointer. Ce sera le jour pour ma découverte du cap Palliser, qui se situe 15 Kms plus au Sud sur la côte. Pour se faire, j’emprunte une route de corniche, où les glissements de terrains sont fréquents. En chemin, je fais quelques arrêts photos et je trouve à nouveau sur la plage des ormeaux (toujours plus gros, toujours plus beaux !). Je passe par tout un tas de minuscules localités qui étaient encore au début du 20ième siècle des ports baleiniers. Dans l’une d’elle, sur le bord de la route, j’observe une allée de vieux bulldozers colorés qui servent à la mise à l’eau de bateaux. En vue du cap, je croisse le long de la route une colonie d’otaries à fourrure qui y ont élues domicile. Elles sont plus grosses que les phoques à fourrures que j’ai observées jusqu'ici. Les gros mâles sont imposants. Je les filme et les photographie, les otaries sont sur la défensive. Je reste aussi sur mes gardes car elles doivent voir des touristes parfois un peu envahissants, et une charge est toujours possible. J’observe à cet endroit, une quarantaine d’individus, mais il y a d’autres groupes un peu partout sur la côte.

Je reprends la route et arrive enfin au cap Palliser. Je trouve des similitudes avec le cap Reinga : encore un lieu du bout du monde, un petit phare et une côte déchiquetée par de grosses déferlantes. Les roches du littoral, tailladées par les vagues, me rappellent la Bretagne. L’océan déverse toute sa puissance ici ! Pas d’arbres, tout est sous le vent. D’ailleurs le vent est glacé ! Je me gare devant les rares habitations du cap, et je commence l’ascension de 252 marches pour me rendre au petit phare rouge et blanc. La pente des marches est importante, sur la fin on dirait plus une échelle qu’un escalier. Et au milieu des marches, un couple de chinois qui redescend me demande de les prendre en photo ; un exercice simple qui ici est décidément compliqué! De là haut, une vue grandiose sur l’océan m’attend. Je redescends ensuite pour aller marcher un peu sur la plage de galet. Parmi les rochers je trouve des ormeaux et je sursaute devant les grognements d’une otarie cachée entre des rochers. La forte odeur de soupe de poisson et de musc de ces mammifères aurait pourtant dû m’alerter de leur présence ! Je découvre d’autres groupes d’otarie qui somnolent au soleil, et je prends le temps de les observer. Je découvre même un cadavre desséché d’hippocampe coincé entre des galets. Et je rentre au campsite ravi de ma journée. Et ah oui, je n’ai pas vu de pingouins comme indiqué par les panneaux (pas la saison sans doute)!


Alignés le long de la route, une armada hétéroclites de bulldozers bariolés dans la localité de Ngawi!

La mer démontée vient pratiquement buter sur la route de corniche !


La colonie d’otaries à fourrure du cap Palliser.

La vue du petit phare se mérite avec cet escalier bien raide.


La vue sur le cap Palliser depuis le phare.Le cap fut nommé ainsi par James Cook (encore lui!) en l'honneur de son ami l'amiral Sir Hugh Palliser.

Voilà, en une semaine j’ai pas mal roulé et j’ai découvert deux magnifiques baies (Hawke Bay et Palliser Bay) et deux caps de caractère mais chacun bien différents. Le changement de cap s’est aussi effectué pour mes plans et mes ambitions! Dans les jours prochains je me rends sur Wellington où je suis attendu le 11 Novembre pour mon second HelpX en plein centre-ville! Je vais sans doute en route faire d’autres découvertes et rencontres (j’ai déjà planifié d’intéressantes visites) mais je vous raconterais cela la prochaine fois.

Aujourd’hui, j’ai aussi visité le petit musé sur les Locomotives Fell de Featherston. On y trouve la dernière locomotive Fell (traction sur un rail central) qui fonctionna de 1878 à 1955 dans les montagnes du Rimutakas. Il fallut 9000 heures de restauration sur 8 ans à des bénévoles passionnés pour remettre sur pied la motrice de 32 tonnes.

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