22 novembre, 2012

Mon arrivée sur Wellington : Miramar et mon HelpX

Je suis enfin à Wellington, et j’ai déjà effectué la moitié de mon HelpX! Finalement je n’aurai pas attendu bien longtemps pour me rendre à Wellington depuis mon précédent article. En effet, dès ma sortie de la bibliothèque de Featherston je me suis mis en route pour la capitale de la Nouvelle-Zélande, j’ai juste envoyé auparavant mes présents en France par la poste néo-zélandaise! J’étais impatient de découvrir la ville et toute la péninsule et la baie qu’elle occupe. J’ai tant à raconter, j’aurai d’ailleurs dû poster cet article un peu plus tôt mais je me suis laissé surprendre par le temps qui file si vite ici ! Mais bon mieux vaut tard que jamais.

Par où commencer ? Et bien je quitte Featherston le jeudi 08 Novembre accompagné par un beau soleil pour faire la route. Une route, qui au départ, est très pentue et qui chemine sur les flancs des monts Rimutakas ; mon van franchit le col avec lenteur. De l’autre côté je suis déjà en vue de la baie de Wellington. Je longe les localités d’Upper Hutt et de Lower Hutt, situées sur la Hutt river (celle-là même qui servit pour représenter l’Anduin dans certaines scènes de la trilogie du Seigneur des Anneaux). D’ailleurs dans le secteur il y a d’autres lieux de tournages : une carrière (rues de Minas Thirith et le gouffre de Helm) et des parcs (Fontcombe).

J’essaye d’aller à la carrière mais il n’y a plus rien à voir et le site est fermé au public! Je suis le littoral sur une voie rapide ; je me situe alors à l’exact aplomb d’une faille sismique qui traverse toute la péninsule. La région attend d’ailleurs un tremblement de terre dit « big one », j’ignorais complètement, qu’ici à Wellington, il y avait cette faille et ce risque latent. J’arrive en vue de Wellington mais j’effectue un petit crochet par Tawa pour sa dump station (la dernière sur ma route d’après ma carte). J’en profite aussi pour faire mon plein d’essence et je reprends la route.

La Hutt River.

Il est 16h30 lorsque j’atteins Wellington et ses 140 000Hbts, je ne fais que traverser la ville en longeant la route du front de mer. Il y a un peu de circulation mais pas d’embouteillage, les axes sont fluides. Je constate également que la ville est en « 2 parties » : un centre-ville portuaire construit sur des terres gagnées sur la mer (donc plat) et une multitude de quartiers résidentiels sur les hauteurs adjacentes (collines très pentues et perdues dans le bush natif). Je passe devant le musée Te Papa et contourne Oriental Bay en empruntant la « Marine Drive » (route littorale qui fait le tour de toute la péninsule Est). Une fois passé le quartier d’Oriental Bay avec ces jolies villas victoriennes, j’ai l’impression d’avoir quitté la ville. Je découvre l’autre côté du cap où s’enchaînent tout un tas de petites baies. Je dépasse le port de plaisance d’Evans Bay, et distingue aussi l’aéroport blottit sur une étroite bande de terre sur l’isthme menant à Miramar (encore des terres gagnées sur la mer je suppose).

Je commence à rechercher un lieu pour passer la nuit ; en « freedom camping » bien que je préfère les termes « Responsible Camper with self-contained car». Mes recherches me conduisent sur la presqu’île de Miramar. Je commence un tour côtier de cette dernière toujours sur la marine drive. Le soleil brille encore, quand j’arrive sur la crique de Scorching bay. Pas de doute j’ai trouvé le lieu idéal pour me poser pour la nuit. Accès à des douches et à des WC, le coin n’est ni trop isolé ni trop visible et surtout le top du top une magnifique plage de sable doré. Entre les rochers près de la plage je ramasse quelques opercules (plus qu’à New Chum beach). Je passe une nuit tranquille, à pourtant seulement 2 Kms à vol d’oiseau du centre ville de Wellington.


Scorching Bay : non loin du quartier d’Eastbourne la plage offre une belle vue sur le chenal où passent les ferry qui relient l’île du Sud.

Je dédis la journée du lendemain à la visite de la presqu’île de Miramar. C’est un haut lieu de l’industrie cinématographique du pays, et a connu un essor à partir des années 1970. C’est donc le Hollywood néo-zélandais, on y trouve un grand nombre de studios de cinéma et des ateliers de fabrication liés à cette industrie. On trouve aussi quelques belles maisons de stars sur les hauteurs de Miramar (Peter Jackson y réside notamment). Je commence ma visite par un petit tour en voiture des hauts de Miramar. Il y a effectivement d’immenses et somptueuses maisons, dont certaines sont vraiment atypiques. Je me rends ensuite à la Weta Cave. Il s’agit d’une boutique-musée des studios Weta. Ces studios ont créé tous les accessoires et décors studios des films du Seigneur des Anneaux. Des armures aux maquettes, des parchemins calligraphiés au colossal corps d’un Mumak.

Ces studios ont travaillés pour d’autres films du réalisateur Peter Jackson comme par exemple : Braindead, King-Kong District 9 et pour la trilogie à venir du Hobbit. Mais aussi pour les films suivants : Avatar, Narnia 2 et 3, Indiana Jones 4, Le masque de Zorro, Master and Commander, Van Helsing (liste non exhaustive!). Bref, je rentre dans cette caverne d’Ali baba du « geek ». Je ne sais plus où donner de la tête, le lieu est petit mais surchargé ; il y en a de partout. Des armes et armures, des figurines et maquettes en résines peintes et de nombreuses reproductions de cartes de la terre du milieu sur parchemin. Il trône aussi un Gandalf, un gobelin, un Gollum et un Uruk-Hai (Lurtz) taille réelle s’il-vous plait.  Il y a aussi ce coffret caché avec marqué dessus top secret The Hobbit. Dans une petite salle, j’assiste aussi à une projection sur l’historique de Weta Studio et sur les différents corps de métier qui y œuvrent.

Après la projection, je ressors contempler les objets en vitrines dont la majorité sont à vendre ! Tout ce qui est exposé ici aurait sa place dans ma chambre, vraiment tout je vous assure ! Je me retiens donc sur les dépenses. C’est très difficile devant une telle collection, mais je souhaite rester raisonnable. Je m’offre une copie de la clé d’Erebor du prochain film The hobbit. Et cède aussi pour des timbres à l’effigie des personnages du film. Et j’effectue un dernier achat un T-shirt spécifique pour la première. L’artisanat est de très bonne qualité, tout ou presque est fabriqué sur place. Pour exemple ma clé est vraiment en acier et a été forgée avec le même moule du film (numéro de série). Je quitte les lieux rêveur mais sans trop me retourner pour ne pas être tenter de nouveau ! Je me rends par la suite au petit centre-ville de Miramar pour l’envoie de quelques mails à la bibliothèque.

Au milieu du centre ville, sur l’artère principale il y a le magnifique cinéma style Art Déco : le Roxy. Ses propriétaires sont les « oscarisés » Richard Taylor et Jami Selkirk. Je reprends la route et part à la découverte du sud de la péninsule. Je traverse le quartier de Seatoun, puis de Breaker Bay. Le long de la route, il y a encore des panneaux demandant de faire attention aux pingouins. Je me gare près de Moa Point juste à côté d’une magnifique baie, et je commence une petite marche sur le sentier du littoral. Je distingue très nettement l’île du Sud avec ses hauts sommets enneigés. Et je poursuis mon chemin jusqu’à arriver en vue de l’aéroport international de Wellington. Je reviens à mon van et gravit à pied la colline pour avoir un meilleur panorama. Je poursuis ma route ensuite en van en passant sous les pistes de l’aéroport et je rejoins Lyall Bay. C’est un spot réputé pour le surf. Pour l’anecdote, c’est ici que Billy Boyd (Pipin) et Viggo Mortensen (Aragorn) ont appris à faire du surf. Mais je n’ai ni le temps ni la planche pour les copier, je retourne à Scorching Bay pour la passer la nuit.

Miramar surnommée Wellywood regroupent pratiquement l’ensemble des studios de cinémas du pays.

Un impressionnant Uruk-Hai plus vrai que nature vous surveille dans la Weta Cave.

Au sommet de la colline près de Moa Point, se dresse un monument à la gloire de Mustapha Kemal Atatürk. Et au loin l’île du Sud enneigée.

Il faut faire attention aux manchots bleus ici qui traversent les routes le soir.

Ma seconde nuit est assez pénible, car on est vendredi soir et j’assiste à un balai de voitures. De nombreuses personnes se rendant ou sortant de discothèques viennent utiliser le seul WC du coin (?), du moins c’est l’impression que j’en ai. Je note pour plus tard de ne plus me garer trop prés de WC publics ! Je prévois pour cette seconde journée une petite randonnée au Sud près des Red Rocks. Je reviens à Lyall Bay et cette fois-ci, je poursuis ma route vers l’Ouest. Je passe par Owhiro Bay qui fait partie de la réserve marine de Taputeranga, et j’atteins un grand parking, point de départ de la marche. L’endroit est très venté et la nature ici est austère. Il n’y a pas beaucoup de végétation, à l’image du cap Palliser.

Le chemin longe la côte au pied de collines qui se jettent abruptement dans la mer. Je dis chemin mais c’est avant tout une route pour 4x4 et MotoCross très (trop) pratiquée pour les amoureux de ballades  motorisées. Malgré le vent, je débute cette marche de 3 heures, sous un franc soleil. L’océan est ici plus agité, les forts courants du détroit de Cook sont à l’œuvre. J’ai d’ailleurs appris dans le petit centre culturel à côté du parking, qu’en Nouvelle-Zélande, quand la marée est haute sur la côte Ouest elle est basse sur la côte Est, et inversement. Il en résulte qu’entre les deux îles, au niveau du détroit de Cook, un différentiel de marée qui se traduit par de puissants courants (de la marée haute vers la marée basse), même par beau temps.

Au début du parcours, je dépasse une ancienne carrière. Puis au niveau du premier grand cap, je trouve les fameux « red rocks » (rochers rouges) qui donnent le nom au lieu. Effectivement, il y a ici, concentrés sur une dizaine de mètre, des roches volcaniques d’un rouge intense. Ces basaltes se sont mis en place au fond de l'océan sous la forme de pillow-lavas. Ils ont ensuite été compressés dans un prisme sédimentaire à la marge d’une plaque océanique, et ils ont émergés après de forts bouleversements tectoniques. Leur couleur rouge est due au niveau d’oxydation des particules de fer qu’ils contenaient lors de leur création. Ces basaltes ne sont pas tous rouges, je distingue d’autres gris-vert, mauves ou même un peu jaunes. Je continue mon chemin pour rejoindre le second cap ; je passe la « devils gate » (une passe taillée dans le rocher pour la route) et j’atteins la colonie d’otaries à fourrure de Sinclair Head.

Il y a une dizaine de gros mâle qui se prélassent sur les rochers au soleil, les autres doivent être en mer en train de pêcher. On dirait qu’ils posent pour les photos. Je poursuis, en longeant la côté je souhaite me rendre au dernier cap au loin. Mais le vent me contraint d’y renoncer. J’avance avec difficulté sous les bourrasques et je tiens à peine debout. De gros morceaux d’algues séchés volent et manquent de me gifler. Mais le pire reste la poussière que je prends en pleine face. Je fais donc demi-tour et reviens à mon van. Je prends un peu le soleil près du parking puis je me rapatrie à l’intérieur des terres pour passer la nuit un peu plus à l’abri du vent. Pour cela, je trouve un parking sur Owhiro Road. Et je découvre également une dump-station (ma carte disait faux : il y en a donc quelques unes sur Wellington!).

Les red rocks qui se démarquent bien sur cette côte. Je vous invite à regarder sur Google earth sur ma carte de voyage vue satellite (=>) on les devine clairement. 
 
Cette colonie d’otarie à fourrure comprend entre 80 à 140 individus. Ici un gros mâle : ils peuvent peser jusqu’à 150 kilos. 
 
Il n’y a pas que des basaltes sur cette côte, ici d’autres strates de sédiments qui s’érodent sous l’assaut des vagues. 
 
La Devils Gate : rien de vraiment difficile pour les 4x4 que j’ai pu observer mais je n’y risquerais pas mon van.

Le lendemain, j’ai rendez-vous pour débuter mon second HelpX sur Wellington. Le rendez-vous est à partir de 17h00, cela me laisse un peu de temps pour découvrir la ville. Je décide de me rendre directement au lieu de rendez-vous pour stationner mon van et ne pas avoir à le déplacer à nouveau. J’éprouve quelques difficultés pour me repérer dans les vieux quartiers sur les hauteurs de la ville. Aucune route n’est droite bien longtemps, le réseau routier est un amalgame de tunnels, de viaducs, et de voies sans issues. J’ai beau voir où je veux aller, à chaque fois les routes m’en éloignent ! Heureusement que j’ai un petit bout de plan de ces quartiers sur mon atlas. Je parviens tout de même dans la rue du rendez-vous où je stationne pour la journée (c’est dimanche c’est gratuit !). Je suis à deux pas du jardin botanique, sur une colline qui domine toute la ville. J’ignore à ce moment, l’adresse exacte de mon HelpX, mais le quartier (Kelburn) me plait bien. Celui-ci se situe à 15 minutes du centre ville à pied ; il suffit de descendre la colline.

Je commence donc ma découverte de la ville. Wellington est bien différente d’Auckland, elle ressemble à une ville davantage chargée d’histoire. La ville accueille de nombreuses institutions à commencer par le parlement (siège du gouvernement) dans le charismatique bâtiment appelé la ruche mais aussi des ministères, les ambassades (dont celle de la France), la cour d’appel, les archives et la bibliothèque nationales. L’architecture de la ville est un mélange plutôt réussit d’édifices victoriens et de bureaux modernes. Dans les vieux quartiers périphériques du centre-ville, la majorité des maisons bâties sous l’ère Victorienne occupent des terrains pentus (car la place à l’époque vint à manquer obligeant à construire sur les collines). C’est le cas pour Kelburn mais aussi pour Thorndon, Mount Victoria et Oriental Bay. Les maisons les plus simples sont en bois avec une véranda, mais la plupart possèdent une avancée avec fronton, et des vérandas sur 2 niveaux. Les villas des plus fortunés de l’époque, sont garnies de vitraux et d’entrelacs en fonte sur les balustrades. Toutes les maisons adoptent des fenêtres à guillotine et des toits en tôle ondulée. Voilà pour mes premières observations au niveau de l’architecture.

Le jardin botanique étant à côté, je décide en premier lieu de m’y promener. Il fut fondé en 1868 et occupe une bonne moitié de la colline et regroupe beaucoup d’essences d’arbres et de plantes. Je débute par le point culminant du jardin qui abrite un ancien observatoire astronomique et un planétarium plus récent. Je me ballade ensuite dans les allées pentues du site, et, au sommet de l’une d’elles, j’ai une vue plongeante sur la magnifique roseraie de Lady Norwood Rose Garden avec ses 106 parterres. Je remonte ensuite à mon point de départ. Sur le trajet je rencontre un perroquet gris en train d’arracher une écorce à un arbre. La suite de ma visite est consacrée au centre-ville de Wellington. Pour m’y rendre, je prends le « cable car ». Il s’agit d’un petit funiculaire qui relie le sommet du jardin botanique au centre ville (100m de dénivelé). Le premier modèle date de 1902. On peut encore voir une des voitures dans un petit musée gratuit. Le funiculaire possède deux voitures reliées à un même câble : quand l’une monte l’autre descend et elles se croissent en milieu de ligne. Les arrêts opposés sont en symétrie parfaite par rapport au centre de la ligne (j’espère avoir été clair!).

Me voilà dans le centre ville, c’est la cohue, j’avais perdu l’habitude de voir autant de gens. Je parcours quelques rues, toutes gagnées sur la mer au milieu du 19ième siècle, et arrive très vite sur une place bordée de bâtiments publics (bibliothèque, I-site, City Gallery, Town Hall). Cette place c’est « Civic Square », c’est un lieu de passage qui fait le lien entre le quartier des affaires et celui culturel. De l’autre côté de Civic Square je découvre le charmant front de mer en empruntant la passerelle piétonne « City to sea » avec ses grandes sculptures de bois à l’effigie d’animaux marins. L’imposant musée Te Papa est là aux pieds des quais de Lambton.

Dans le jardin botanique il y a Bégonia House : une immense serre, où je peux cheminer au milieu des orchidées et des épiphytes.

Le dernier modèle de « cable car » vient de Suisse et a été mis en service en 1979.

Civic Square : le quartier est orné d’une multitude de sculptures, ici la sphère métallique est signée Neil Dawson.

Un Nazgul dans une librairie : partout en ville il y e les signes de la tenue de la première du Hobbit dans maintenant moins d’une semaine.

Après cet aperçu de la ville, je retourne à mon rendez-vous, je prépare mon sac et mes affaires, car j’ai décidé de laisser un minimum d’affaire dans mon van par sécurité. Je vais attendre pratiquement 2 heures près de la clinique vétérinaire lieu du rendez-vous. Et c’est long deux heures à attendre dans le froid (oui ce jour là c’était grisaille et vent glacé!). Quand le fils de mon hôte m’invite à le suivre ; je suis soulagé. Il me fait découvrir mon lieu de résidence pour 3 semaines. Je dispose d’un petit studio sous une ancienne maison victorienne pleine de charme. J’ai  ma propre cuisine, ma salle de bain et ma chambre. Et j’ai même Internet en Wifi. Que demander de plus. Mon hôte s’appelle Deborah et elle a deux enfants qui ont la vingtaine passé Ioni et Eva.

Je rencontre Deborah que le lendemain, car elle avait un planning de travail assez chargé. Deborah m’explique ma mission ici. Elle consiste à faire le ménage de mon studio (occupé par des étudiants qui sont partis en laissant bien sale derrière eux) et à m’occuper du jardinage. Je suis libre de gérer mon temps, je travaille entre 25 et 30 heures hebdomadaires. Libre à moi de m’organiser. Deborah m’explique tout cela dans un français très correct car elle suit et anime des groupes de travail « French Speaking » pendant son temps libre. Dès le lundi soir, je suis convié à rejoindre 2 de ces groupes. Je rencontre le premier à la bibliothèque de la ville. Et fait connaissance du second dans la maison de l’une des personnes. Il y a des francophones expatriés (français, suisses, néerlandais), et des kiwis voulant apprendre notre langue. En temps que « frenchy» je suis bien accueilli. Ces groupes organisent également des repas mensuels. Cette une occupation nouvelle pour moi ici en Nouvelle-Zélande et je suis ravi de pouvoir participer à cet échange culturel.

Voici la ravissante maison victorienne où j’habite pour mon second HelpX.

 Après avoir fini de nettoyer du sol au plafond mon studio, je m’attaque donc désormais à désherber à la main un jardin qui été recouvert d’une végétation anarchique et dense.

D'autres maisons victoriennes typiques de Wellington dans le quartier de Tinakori Village.
 
En plus de participer aux échanges culturels français, je visite chaque jour un peu plus Wellington. Eva, la fille de Deborah, me sert de guide et m’indique tout les lieux intéressants à voir. Un jour nous nous rendons sur les quais de Lambton pour apercevoir le prince Charles en voyage car rappelons-le la Nouvelle-Zélande est encore un état du Commonwealth. Il y a un petit attroupement de curieux et de fans venus l’accueillir. La foule est restreinte, ce qui nous permet d’approcher de près l’héritier au trône de la famille royale anglaise. Le prince Charles est accompagné de la duchesse de Cournouailles : Camila Parker Bowles. Il y a aussi toute une délégation locale, madame le maire de Wellington et des élus et représentants maoris. Le couple royal, s’offre un bain de foule avec serrages de mains, le long d’une allée. Ils assistent ensuite à un chant maori avec mise à l’eau d’une pirogue traditionnelle. Puis repartent aussi vite qu’ils étaient venus. Le planning du prince à l’air bien chargé.

 J’aurai pu serrer la main à Camila l’occasion m’en était donnée mais je me suis contenté de prendre des photos.

La délégation au complet qui assiste au départ en chanson du canoë de guerre.

Ensuite le même jour, nous nous rendons au musée Te Papa Tongarewa (qui signifie : « notre lieu »). C’est le flambeau des musées, le « must » ici en Nouvelle-Zélande. Et ce joyau est gratuit! Le musée comprend six étages qui abritent de fantastiques collections. C’est une magnifique mise en lumière de la culture maorie et de l’histoire naturelle du pays. Nous parcourons pendant 3 heures les étages mais sans trop s’attarder, car si nous voulions nous pourrions y rester des heures pour avoir le temps de tout lire. Je suis bluffé par la richesse des collections. Ainsi il m’est donné de voir,  des kiwis naturalisés, des reconstitutions de moas, des squelettes de mammifère marins, des collections d’insectes (j’en retrouve certains vu dans le bush lors de mon premier wwoof), des ornements maoris, des armes en jades, ….etc. Retiennent mon attention le calamar géant conservé dans du formol, la reconstitution d’un cœur de baleine bleue taille réelle (je rentre dedans facilement), le Kuri naturalisé (une race de chien venu avec les premiers maoris qui ne survécut pas à la colonisation), et tout l’étage dédié à la culture maorie (notamment Te Hono Ki Hawaiki). C’est aussi la première fois qu’il m’est permis de rentrer dans une Marae (maison commune maorie)

Moi-même devant une ammonite géante fossilisée.

Ceci est l’extrémité du tentacule préhensile du calamar géant capturé encore vivant! Ce tentacule est garni de crochets acérés. Les plus gros spécimens de calamars disposent de véritables crocs plus gros que des canines de grands fauves.

Te Hono Ki Hawaiki « (le lien pour rentrer à Hawai ») est une Marae moderne, richement décorée de sculptures en bois et peintes. Il représente tout le panel de divinités maories et d’ancêtres qui se sont illustrés.

Un kuri, plus vrai que nature. Ils ne servaient pas d'animaux de compagnie mais ils étaient plutôt un met de choix pour les maoris.

Nous ressortons du musée direction l’Embassy Theatre, le cinéma où se tiendra la projection de la première du Hobbit. Nous rentrons dans le cinéma, il y a plusieurs bars à l’intérieur. Nous ne pouvons pas rentrer dans la salle principale de l’auditorium. Mais avant-hier, je m’y suis rendu. Un vigile m’a laissé passer après avoir gentiment demandé. Il y a avait des essais de compteur à l’écran. Malheureusement je ne me suis pas attardé car je me suis fait poliment reconduire à la sortie et le vigil s’est pris un savon. Je suis partit en vitesse, je pense qu’il s’agissait d’essai pour la projection du Hobbit. J’ai tout de même eut le temps de voir que chaque siège était assigné à une personne célèbre. Par exemple le second à l’entrée est celui d’Orlando Bloom alias Legolas. Je retourne dans ce cinéma avec Eva aujourd’hui, voir le dernier James Bond Skyfall (oui il ne sort que maintenant ici). Nous terminons par la visite des rues  piétonnes de la ville, et dans Cuba street nous dînons dans un restaurant Thaillandais. Cuba street c’est la rue pour sortir ici à Wellington : une rue pleine de bars, de restaurants et de nightclubs.

Voilà ma vie à Wellington, que je partage essentiellement entre sorties culturelles et jardinage (j’ai aussi cuisiné des crêpes pour la petite famille.). De tant en tant je retourne aussi à mon van garé, pour m’assurer que tout va bien, je l’ai garé dans un autre quartier où le stationnement est gratuit. J’ai aussi dernièrement dû avancer d’un jour mon départ en ferry pour l’île du Sud face aux menaces de grève annoncées pour le 1er Décembre! Sinon j’ai fait un petit tour dans le magasin Games Workshop® local pour retâter du pinceau et peindre de la figurine. J’ai retrouvé un environnement familier et j’ai un peu peints dans les conditions d’un « speedpainting » un lancier Haut Elfes de Warhammer®. Maintenant j’ai une figurine peinte par mes soins ici avec moi, quand je parle de hobby je peux dorénavant l’illustrer physiquement. De plus j’ai fait un peu de shopping pour renouveler ma garde robe qui part en morceau ou qui n’est plus à ma taille, je me trouve maigre dans mes nouveaux pantalons Slim! Les jours prochains je prépare pas mal de sorties et de rencontre en thème avec la première du Hobbit le 28 Novembre. Mon départ le 30 arrivera aussi bien vite je l’imagine. Mais j’ai envie de dire la suite au prochain numéro.

Le cinéma The Embassy se met aux couleurs du Hobbit avec cette fresque 3D murale garnie de vraies plantes.

07 novembre, 2012

Changement de cap : du cap Kidnappers au cap Palliser.

Je continue mon voyage doucement, pour rejoindre Wellington fin Novembre et assister à la première du film le Hobbit (ou du moins voir le défilé des stars). Et me voilà à nouveau en solitaire sur la route et cet article a été composé depuis les bibliothèques de Waipukurau, d’Ashhurst, de Greytown et de Featherston. Durant ces derniers jours j’ai encore fait des découvertes intéressantes. Je poursuis la narration de mon aventure au départ de Turangi le 30 Octobre.

Mardi en début d’après midi je sors de la bibliothèque de Turangi, direction l’I-site de la ville pour « booker » mon ticket pour le ferry qui relie les deux principales îles du pays. Je choisis le 1 décembre au départ de Wellington, car je souhaite assister à la Première du Hobbit et partir avant les vacances de Noël des néo-zélandais le 15 décembre! Il m’en coûte tout de même 188DNZ même avec les 10% de réduction carte BBH (le prix le plus bas pour un campervan!). Une bonne chose de faite! Avant de me rendre à Taupo, je refais le plein et recharge mes réserves d’eau à la Dump Station. Je suis alors non loin du lac Rotopounamu (Lac de Jade en maori).

C’est l’occasion d’aller y faire un tour. J’effectue là-bas une agréable petite marche d’une heure et demie, à l’ombre d’hêtres et de Tawhairaunui. Le lac rempli l’intérieur d’un cratère. Il me fait penser au mélange des lacs auvergnats  Pavin et Tazenat. Il possède même une jolie plage de sable doré. Je retourne, ensuite à mon van et je prends la route pour Taupō sous le soleil. En route je m’arrête sur les points de vue : cette fois-ci j’ai sur les photos le lac Taupō avec en arrière plan les volcans enneigés du Tongariro National Park. À Taupō je refais des courses alimentaires et je m’en vais passer la nuit au camping gratuit de Reids Farm.

Le splendide lac de Rotopounamu qui valait bien le détour.

Le massif du Tongariro depuis la ville de Taupō.

Le mercredi matin, c’est le jour de mon départ pour Hawke Bay (une grande baie à l’Est de l’île du Nord). Je prends à nouveau la route sous le beau temps. Je traverse, au début du trajet, des forêts de pins en exploitation. Puis le paysage change, il devient plus sec et plus montagneux. Je coupe ainsi le massif d’Ahimanawa (1400m), la route est un peu tortueuse jusqu’au littoral. Les genêts, les ajoncs et quelques rares pins composent la végétation. Après deux heures de route, et sous un climat méditerranéen, j’arrive en vue de Napier (55000hbts). La ville est en partie bâtie sur une grosse colline au milieu de la baie. L’autre partie occupe des terres basses qui longent la côte. La ville est réputée pour son architecture « Art déco ». La raison est la suivante, à la suite d’un violent tremblement de terre en 1931, les architectes de l’époque ont profités de nouvelles terres sorties des flots lors du séisme pour rebâtir une ville moderne. Ils se sont employés à construire selon la mode du moment : style Spanish Mission, Style Prairie et surtout l’Art déco. Et la ville a depuis lors conservé cet ensemble urbain cohérent dans ces styles architecturaux.

Je me gare et commence la visite de la ville. Je débute par une petite promenade sur la « Marine Parade » : un joli front de mer aménagé de parcs fleuris et de sentiers sous l’ombre des pins de Norfolk. Pendant cette promenade, je découvre une belle fontaine Art Deco de Tom Parker, une statue de Pania (une sirène maorie locale) et la Soundshell (une scène pour orchestre à l’allure de coquillage). Je passe en vitesse à l’I-Site bondé de touristes pour récupérer les horaires de marée pour une randonnée au cap Kidnappers. Il y a un monde fou, des cars entiers de personnes du troisième âge débarquent ; la ville est vraiment une place touristique d’importance ! Je poursuis l’exploration de la ville en traversant Emerson et Tennyson streets. À chaque coin de rues, il y a effectivement beaucoup de bâtiments d’intérêts à observer. Ce sont tout d’abord les hôtels du Dôme et du Masonic qui requièrent mon attention. Ensuite je m’arrête devant l’ex-Hotel Central avec ses fenêtres aux moulures en zig-zags et aux tons rose pâle. Puis je passe devant les colonnes de la Public Trust Office, pour rejoindre l’Art Deco Center qui occupe une ancienne caserne de pompiers. Je continue mon tour en faisant un crochet par le théâtre municipal. J’ai même la chance de voir l’intérieur en demandant bien poliment. Après je contemple la façade du Daily Telegraph Building avec ces néons rouges (éteints en journée), non loin un orchestre de rue joue un air des années 30. Je termine ma visite de Napier par l’ascension du mont Bluf pour avoir une vue d’ensemble de la ville. Durant la montée, je croisse un magnifique jardin public, tout en marchant sous le chant des cigales ! Je retourne à mon van où je pique-nique.

La Marine parade avec ses colonnades et sa surprenante Soundshell. Et derrière l’hotel le Dome érigé en 1936 pour accueillir Le Silver Strip Nightclub.

Et à contrario l’ex-Hotel Central qui héberge maintenant un club de striptease et un salon de massage. J’aurais bien aimé voir l’intérieur mais c’était fermé !

Le somptueux théâtre municipal avec ses panneaux nus en déport qui encadrent sa scène.

L’après-midi,  je m’arrête au National Aquarium of New Zealand. On ne peut pas le louper le long de la côte, avec son toit qui évoque une raie pastenague. Il n’est pas très cher 18DNZ, mais ceci s’explique par sa modeste taille; j’en ai fait le tour en moins d’une heure. Cependant il se distingue pour les quelques merveilles qu’il abrite. Je commence la visite par découvrir un squelette de Moa (plus petit que celui vu à Auckland, mais il en existe 20 espèces différentes). Puis je longe des bassins de divers poissons tropicaux. Je poursuis par une partie avec des vivariums contenant de beaux reptiles dont les Tuataras (lézard endémique de la Nouvelle-Zélande). A mi parcours, je rentre dans une zone sombre simulant la nuit, et où, pour la première fois de mon séjour, j’observe des kiwis vivants (c’était le but premier de ma visite de l’Aquarium !). Je suis étonné je m’attendais pas à ce qu’ils soient si gros (la taille d’un gros coq). Le fait qu’on ne voit pas leurs ailes leur donne un air particulier et préhistorique. Je fais quelques photos sans flash pour préserver leurs yeux fragiles (à retrouver dans les albums les photos sont un peu sombres!). Et en fin de visite, j’emprunte un petit tunnel sous marin pour l’observation de requins et de raies. Et je découvre aussi les restes d’un calamar géant conservé dans du formol.

Le dragon d’eau est un lézard australien, qui vit de Sydney au cap York, et capable de courir à la surface de l’eau.

Le plus grand aquarium du site : celui contenant les requins et les raies.

Je sors de l’aquarium et je me rends à la ville voisine d’Hastings. C’est aussi une ville qui fut également ravagée par le tremblement de terre de 1931. Elle adopte en toute logique le même style Art déco, mais aussi de beaux bâtiments aux airs hispaniques (comme le Westerman’s building). Il y a certes moins de bâtiments d’époque mais cette jolie ville cultive toujours un peu de rivalité avec sa voisine. Le plan de la ville est aussi élaboré en blocks comme pour les villes américaines. Hastings se revendique comme le centre économique de la région, c’est d’ailleurs la raison de ma visite : la recherche de travail. J’avais pris quelques contacts auparavant via les anciens propriétaires du van qui ont travaillés dans le secteur. Mais déjà par mail j’avais compris qu’il y aurait peu de possibilités d’embauche à cette période.

J’avais effectivement noté, en traversant la région, l’absence de fruits sur les arbres. Le « fruit picking » était mal engagé. Mais je tente tout de même de voir s’il n’y a pas d’autres offres (« fencing, pruning »,…). Je vais à l’I-site de la ville qui m’indique le bâtiment de PickNZ. Une entreprise qui met en relation les saisonniers et les professionnels, comme toute bonne agence d’intérim mais ici spécialisée dans la récolte de fruits (ou « fruitpicking »). Manque de chance le bureau est fermé et n’ouvre que le lendemain de 8h30 à midi (et reste ensuite fermé jusqu’au lundi). Je profite tout de même d’être en ville pour laver mon linge dans un « laundromat » (laverie automatique). Et par la suite, je reprends la route direction la petite ville de Clive, à mi chemin entre Napier et Hastings. J’ai repéré que je pouvais y passer la nuit avec mon van « self-contained ». L’endroit est au pied d’un canal où s’entraînent des rameurs d’aviron. Pour le boulot j’aviserais le lendemain.  


Le cinéma Art déco d’Hastings et cet autre bâtiment de style Spanish Mission.

Le jeudi matin, encore une belle journée, mais je m’empresse de retourner à PickNZ pour l’ouverture. Je suis bien reçu mais mes craintes se concrétisent, il n’y a rien pour moi pour le moment ici. Je m’inscris dans leur liste et récupère toutefois des contacts pour l’île du Sud. Je serai là-bas pendant la bonne période de travail (Décembre à Février). Je quitte le bureau un peu déçu mes plans sont bien chamboulés. Mais je reste optimiste je trouverais autre chose. Et je ne compte pas  perdre cette belle journée de Novembre car oui nous sommes le premier Novembre. En Nouvelle-Zélande ce n’est pas un jour férié national comme en France (jour de la Toussaint), mais dans la région (Hawke bay) cela reste un jour férié dans la culture maori! J’ai eut de la chance de ne pas avoir trouvé porte close à PickNZ ! Je reprends le fil conducteur ; donc oui pas question de laisser filer une aussi belle journée. Je décide de faire ma randonnée au cap Kidnappers. C’est une jolie péninsule à l’Est d’Hastings qui héberge  une grande colonie de fou de Bassan (des oiseaux marins). Le jour même, je reprends donc la route et je traverse d’immense vergers pour rallier le parking de Clifton : point de départ de la rando. J’ai les horaires de marée, je suis paré ! La rando propose 18 Kms de marche le long de gigantesques falaises de sédiments, soulevés et fracturés lors des séismes. Je dois faire l’aller retour en 7 heures pour échapper à la marée.

Le cap Kidnappers doit son nom au capitaine James Cook qui, en 1769, manqua d’y perdre son interprète tahitien après une tentative d’enlèvements par des maoris.

En maori le cap s’appelle : « Mataupo Maui» (L’hameçon de Maui) car selon la légende ce cap serait l’hameçon magique que le demi-dieu Maui utilisa pour pêcher l’île du Nord comme un poisson.

Je commence vers les 11h00 cette longue marche sous le soleil, avec mon pique nique dans le sac à dos et la crème solaire sur le visage. Il fait tellement chaud que je dois me mettre en short et en T-shirt dès le second kilomètre de marche. Sur la grève je découvre les coquilles de gros ormeaux. Ici on les nomme Pauas. Ils sont beaucoup plus gros que ceux que l’on peut trouver sur nos côtes françaises. Les maoris les utilisent pour en faire des bijoux ou tout simplement en guise d’yeux à leurs statues en bois. J’allie donc la randonnée à la collecte de ces coquillages irisés. Je ne m’attarde pas trop car je ne veux pas me retrouver piégé par la marée. Les falaises jaunâtres, striées par les strates successives de sédiments marins, sont magnifiques au soleil. Je me sens tout petit à leurs pieds. A certains endroits, de petits canyons encaissés coupent la ligne de falaise. A mi-chemin du cap, perché à flanc de falaise, je fais la découverte d’un cabanon sommaire, c’est le lieu ombragé parfait pour ma pose déjeuner. Après cela, je continue ma progression le long de la côte et de l’océan Pacifique. Je découvre de beaux fossiles de coquillages mais ils sont souvent pris dans une épaisse gangue de roche (je les laisse donc sur place). Ensuite, j’atteins le cap de « Black Reef » où niche une première colonie de fou de Bassan (Australasian Gannets en anglais). Cet oiseau de belle taille (comme une grosse pintade), au bec et aux pattes bleutés, a un plumage particulier (le dessus de la tête orangé-doré, un corps blanc avec une ligne noire sur les ailes). Les fous de Bassan sont extrêmement bruyants. Ils se livrent à des parades nuptiales, à des combats entre mâles et construisent leurs nids à partir d’algues (seuls les mâles amènent les algues).

C’est d’ailleurs purement par hasard si je suis arrivé dans la région pour leur nidification début Novembre. Car avant dans la saison l’accès au site est interdit pour laisser au calme les oiseaux (interdiction de Juillet à Octobre). Et il n’y a aucun oiseau de Mars à Août. Ils nichent ici jusqu’à fin Février, le mâle et la femelle s’alternant pour couver. Ces oiseaux forment un couple pour la vie et peuvent vivre jusqu’à 33 ans (le plus souvent 20-24 ans). Je les regarde s’activer et utiliser leur langage corporel puis je continue mon chemin pour observer la colonie principale sur le cap Kidnappers. La côte change ensuite de forme ; les falaises laissent place à de hautes dunes et la plage s’élargie. J’arrive enfin en vue du cap caractéristique avec son éperon rocheux et ses falaises blanches. Il me faut encore quelques kilomètres et une ascension pour atteindre la fameuse colonie d’oiseaux. Ils sont là par milliers derrières une petite clôture. Tout comme à « black reef » ils nichent, sans se soucier de ma présence. Certains me frôlent même en volant alors que je les photographie sous tous les angles depuis un banc. J’avais une petite appréhension qu’ils me chient dessus ! Je ne suis donc pas resté des heures et puis je devais toujours garder un œil sur l’horaire et la marée. Je refais le chemin en sens inverse en croissant des touristes déposés en « tracteur-train » par un tour opérateur. Je reviens au van vers 17h00, un peu lessivé par la chaleur et la marche sur les galets, mais quelle étonnante randonnée.

Les falaises de sédiments se sont formées il y a 3 millions d’années, il y a avait alors une petite mer intérieure entre les emplacements de Napier et Wellington.

Affrontement violent entre deux fous de Bassan à la colonie de « Black Reef ». L’un des deux a voulu voler des algues dans le nid du second, mal lui en a pris ; il s’est fait repoussé du promontoire et a failli me tomber dessus.

Avec presque 16 000 individus l’ensemble des 4 nichoirs du cap en font la plus grande colonie de fou de Bassan du pays et au monde.
 
Je ne peux pas rester plus longtemps dans la région, mais j’espère avoir vue l’essentiel. Et c’est donc le vendredi que je décide de quitter Hawkey Bay, encore sous le beau temps. Mais juste avant de partir, je retourne sur la plage de Clifton, où je marche une petite heure ; je trouve encore quelques beaux ormeaux pour ma collection. Après avoir refait mes réserves en eau potable, je reprends la route. Je passe par Havelock North, une des banlieues huppée d’Hastings. Je traverse à nouveau de grands vergers et davantage de vignobles. Je vois le fameux Te Mata Peak ; montagne de 400m qui surgit au milieu des plaines d’Heretaunga. C’est également selon la légende maorie le corps du chef Te Mata O Rongokako qui s’étouffa en répondant au défi d’une jolie fille ; elle lui avait demandé d’ouvrir avec ses dents un passage dans la colline ! Je descends vers le Sud avec pour objectif Wellington. J’effectue une petite halte à Waipukureau pour acheter quelques cadeaux et profiter d’un accès Internet gratuit (inexistant sur Napier et Hastrings). Je commence à consulter les annonces d’HelpX sur Wellington.

Je roule ensuite jusqu’à la petite localité de Woodville. Cette petite ville de campagne est dominée par un champ d’éolienne, se situe au pied des Manawatu gorge. C’est l’unique passage entre les imposants massifs de Tararua et de Ruahine. Cette ville sera une étape dortoir sur ma route. Pour l’anecdote ; après avoir fait un tour rapide de la bourgade, je souhaite, pour changer, prendre un repas dans un « Fish and Chips » tenu par un couple de chinois et leur fille d’une dizaine d’année ! Je passe commande et commence à attendre à l’intérieur. Une attente d’une heure !!! En effet il n’est pourtant que 18h00 mais les commandes pleuvent, et en rentrant je n’avais pas vu le mûr d’étiquettes des commandes téléphoniques. Je prends mon mal en patience à écouter parler chinois (pour les engueulades entre eux) et anglais (pour les clients). Pour la peine, ils me rajoutent un hamburger, soit pour 6DNZ j’ai 2 hamburgers maisons et des frites : le repas le plus bon marché que j’aurais acheté dans le pays. Il est ensuite l’heure de retourner à mon van pour prendre le temps de déguster ce festin. Je dors en « freedom camping » ; je ne gène personne ici.

Un ormeau (Paua) ramassé sur la plage de Clifton.

Dans Woodville, j’aime l’allure de cette maison abandonnée (?) qui semble avoir presque un siècle, l’arrière pays réserve parfois ce genre de découverte un peu atypique.

Je reprends la route le samedi matin, je fais un détour par Palmertson North ; la plus grande ville du secteur (85000hbts). J’avais en tête de trouver un UPS pour envoyer des présents en France. J’avais bien vérifié dans Google map, j’étais sûr de mon coup. Mais quand je passe à l’adresse indiquée : je suis en pleine zone pavillonnaire ; pas d’UPS ici. Je ne peux que constater mon échec, la prochaine fois je vérifie au moins avec google street view ! Je retourne à Woodville, en chemin je m’arrête à la bibliothèque d’Ashhurst. Je vais y avoir une bonne nouvelle, en trouvant via Internet un hôte HelpX sur Wellington pour la semaine prochaine. Je n’aurais au moins pas perdu ma matinée. Ma route reprend vers le Sud, toujours vers le Sud mais cela revient à quitter une région sèche pour une région pluvieuse et venteuse.

Je me rapproche de Wellington la capitale du vent au dire des locaux! J’aperçois aussi mes premiers panneaux « roadsigns » vent violent ! Après la traversé des petites villes de Masterton (plein d’essence), de Carterton, et de Greytown, je stoppe à Featherston. Une étape idéale, avec l’Internet gratuit à la bibliothèque, Wellington à 60 Kms, et un campsite du DOC gratuit. Mais il s’avère que le campsite en question est une immense pataugeoire de boue ! Je n’ai pas envie de m’enliser dans ce bourbier j’irais dormir à celui de Putangirua Pinnacles, 40 Kms au Sud. Chemin faisant, j’arrive à cet autre campsite du DOC. Le temps est à la grisaille et à la tempête mais je m’aventure sur la plage de galets et de sable noir. J’y trouve des fossiles de coquillages et des morceaux d’ormeaux polis par l’océan. Pris dans mes recherches, je me fais surprendre par une vague plus grosse que les autres ; plus de peur que de mal ! Cela me vaut d’avoir les pieds mouillés et d’être dorénavant plus attentif.

Ce curieux panneau retient mon attention ; il y a des pingouins sur cette côte!
 
Sur la plage il est facile de trouvé quelques fossiles : ici un oursin et un agglomérat de coquillages!

Le camping est situé dans la réserve des Putangirua Pinnacles.

Le dimanche, il fait toujours gris mais la pluie de la nuit a cessée. Je décide d’aller voir la curiosité locale : les pinacles de graviers de Putangirua Pinnacles Scenic Reserve. Je n’ai pas à aller bien loin puisque le site est à 20 minutes de marche du camping. J’ai juste à remonter un lit de rivière en galets pour atteindre les premières pinnacles. Le chemin qui y mène est bien raide. Le site lui-même est pentu, je suis surpris car j’avais à l’esprit un site plat. En effet, je connaissais de visu cet endroit grâce au film « Le seigneur des anneaux », où il apparaît dans le troisième volet. Il y représente la vallée qui mène au passage sous la montagne (ou voix de Dimholt), où Legolas, Aragorn et Gilmi s’aventurent et rencontrent l’armée des morts. Peter Jackson a aussi utilisé ce lieu pour la séquence d’ouverture d’un autre de ses films : « Braindead ». Ce lieu est impressionnant, j’ai la sensation de parcourir une ancienne forteresse de gravier avec ses vieux remparts et ses tours branlantes. L’érosion a construit ici un décor unique. Mais cela a pris du temps ; il a fallu 120000 ans à la pluie et au vent pour façonner ce mélange de sables de limon et de gravier vieux de 12-14 millions d’années. J’observe là encore une multitude de fossiles de coquillages.

Je remonte le site à la recherche de tout les lieux possibles de tournages, j’essaye de me refaire les scènes de mémoire (j’ai revu la trilogie en version complète avant de venir en Nouvelle-Zélande). Bon en 10 ans le site a sûrement un peu changé mais je crois reconnaître des endroits! Je suis perturbé par la pluie qui fait son retour, maudite pluie ; je dois rentrer au van impossible de continuer les photos ! Je reviens l’après-midi sous le soleil et poursuis la visite et la prise de photos. Les pinacles au soleil paraissent moins austères ; le lieu a perdu un peu de l’ambiance du film. Je monte au point de vue pour voir le site dans son ensemble. Il m’apparaît alors comme une maquette miniature ;  comme un morceau de polystyrène découpé à la pyro-scie et floqué de sable (là, c’est le modéliste qui parle). Je rentre à mon van en prenant un chemin sur les crêtes de la montagne. Le panorama sur la baie de Palliser est splendide.



Ces pinacles sont de bien curieuses formations géologiques.

J’imagine qu’ici passe devant moi, tout comme dans le film, le cheval d’Aragorn.

Palliser bay : par beau temps on peu voir les sommets enneigés de l’île du Sud.

Le lundi, je dois retourner à la dump station car je n’ai plus d’eau ! Je me rends à la plus proche ; celle de Greytown. Pour rejoindre cette ville, je traverse la région de Martinborough réputée pour ces vins du Wairarapa (pinot noir et des blancs). Je profite aussi de ma présence à Greytown, pour refaire le plein d’essence, faire quelques courses alimentaires et me connecter à Internet. Je reviens au campsite du DOC, et je me revisite les pinacles car cela ne mange pas de pain. J’apprécie vraiment ce lieu lunaire.

Mardi, il ne fait pas particulièrement très beau mais je reste confiant ; le ciel bleu commence à pointer. Ce sera le jour pour ma découverte du cap Palliser, qui se situe 15 Kms plus au Sud sur la côte. Pour se faire, j’emprunte une route de corniche, où les glissements de terrains sont fréquents. En chemin, je fais quelques arrêts photos et je trouve à nouveau sur la plage des ormeaux (toujours plus gros, toujours plus beaux !). Je passe par tout un tas de minuscules localités qui étaient encore au début du 20ième siècle des ports baleiniers. Dans l’une d’elle, sur le bord de la route, j’observe une allée de vieux bulldozers colorés qui servent à la mise à l’eau de bateaux. En vue du cap, je croisse le long de la route une colonie d’otaries à fourrure qui y ont élues domicile. Elles sont plus grosses que les phoques à fourrures que j’ai observées jusqu'ici. Les gros mâles sont imposants. Je les filme et les photographie, les otaries sont sur la défensive. Je reste aussi sur mes gardes car elles doivent voir des touristes parfois un peu envahissants, et une charge est toujours possible. J’observe à cet endroit, une quarantaine d’individus, mais il y a d’autres groupes un peu partout sur la côte.

Je reprends la route et arrive enfin au cap Palliser. Je trouve des similitudes avec le cap Reinga : encore un lieu du bout du monde, un petit phare et une côte déchiquetée par de grosses déferlantes. Les roches du littoral, tailladées par les vagues, me rappellent la Bretagne. L’océan déverse toute sa puissance ici ! Pas d’arbres, tout est sous le vent. D’ailleurs le vent est glacé ! Je me gare devant les rares habitations du cap, et je commence l’ascension de 252 marches pour me rendre au petit phare rouge et blanc. La pente des marches est importante, sur la fin on dirait plus une échelle qu’un escalier. Et au milieu des marches, un couple de chinois qui redescend me demande de les prendre en photo ; un exercice simple qui ici est décidément compliqué! De là haut, une vue grandiose sur l’océan m’attend. Je redescends ensuite pour aller marcher un peu sur la plage de galet. Parmi les rochers je trouve des ormeaux et je sursaute devant les grognements d’une otarie cachée entre des rochers. La forte odeur de soupe de poisson et de musc de ces mammifères aurait pourtant dû m’alerter de leur présence ! Je découvre d’autres groupes d’otarie qui somnolent au soleil, et je prends le temps de les observer. Je découvre même un cadavre desséché d’hippocampe coincé entre des galets. Et je rentre au campsite ravi de ma journée. Et ah oui, je n’ai pas vu de pingouins comme indiqué par les panneaux (pas la saison sans doute)!


Alignés le long de la route, une armada hétéroclites de bulldozers bariolés dans la localité de Ngawi!

La mer démontée vient pratiquement buter sur la route de corniche !


La colonie d’otaries à fourrure du cap Palliser.

La vue du petit phare se mérite avec cet escalier bien raide.


La vue sur le cap Palliser depuis le phare.Le cap fut nommé ainsi par James Cook (encore lui!) en l'honneur de son ami l'amiral Sir Hugh Palliser.

Voilà, en une semaine j’ai pas mal roulé et j’ai découvert deux magnifiques baies (Hawke Bay et Palliser Bay) et deux caps de caractère mais chacun bien différents. Le changement de cap s’est aussi effectué pour mes plans et mes ambitions! Dans les jours prochains je me rends sur Wellington où je suis attendu le 11 Novembre pour mon second HelpX en plein centre-ville! Je vais sans doute en route faire d’autres découvertes et rencontres (j’ai déjà planifié d’intéressantes visites) mais je vous raconterais cela la prochaine fois.

Aujourd’hui, j’ai aussi visité le petit musé sur les Locomotives Fell de Featherston. On y trouve la dernière locomotive Fell (traction sur un rail central) qui fonctionna de 1878 à 1955 dans les montagnes du Rimutakas. Il fallut 9000 heures de restauration sur 8 ans à des bénévoles passionnés pour remettre sur pied la motrice de 32 tonnes.