21 septembre, 2012

De Matamata à Matata.

Après cette semaine bien rythmée au Coromandel, je ralentis le train en rejoignant doucement la ville de Matata dans la « Bay of Plenty ». Je finis d’écrire cet article depuis Whatakane, au cœur de la partie orientale de la baie. C’est une petite ville qui s’enorgueillit de 2500 heures d’ensoleillement annuel et je le confirme : il n’y a pas un nuage ici aujourd’hui.

Le lundi, après avoir quitté la petite ville de Te Ahora, je m’en vais découvrir au Sud la cascade de Wairere, c’est une immense cataracte sur 2 niveaux. Pour atteindre la base des chutes il me faut bien 45 minutes et de même pour atteindre le belvédère au sommet. Le chemin est très bien aménagé ce qui facilite la difficile ascension, au sommet je prends littéralement une douche avec le vent qui renvoi l’eau de la cascade. Cette mise en jambes, me permet de bien dormir sur le parking du site où le « freedom camping » est autorisé ! Je ne suis pas le seul il y a deux danois qui font de même.

Une vue sur la cascade de Wairere se déversant depuis le massif de Kamai.

Et la vue depuis le sommet sur la plaine de Matamata.

Le lendemain, il fait un temps magnifique, c’est la journée idéale pour la visite que j’ai programmée de longue date. Je me rends à la ville proche de Matamata et je réserve un ticket pour le tour d’Hobbiton. Je vais parcourir, pour 66DNZ, Hobbitbourg un des lieux de tournage du seigneur des anneaux et du Hobbit (dont le premier volet sort le 12.12.12). Je ne pouvais pas passer à côté sans visiter le lieu même si l’entrée n’est pas donnée. Je monte directement depuis l’I-site dans une navette direction 20km au Sud-Ouest de la ville. Je suis impatient dans le bus ; le paysage de campagne ressemble de plus en plus à celui de la Comté : de vertes collines, de petits ruisseaux et des arbres anciens. Le site de 500 ha appartient à  la famille Alexander, des éleveurs de moutons et des moutons il y en a beaucoup sur les collines aux alentours (13000 têtes) !

Le bus passe 4 barrières gardées, il y a une garde permanente du site avec des pièges, des chiens, des détecteurs et une clôture électrifiée (curieux s’abstenir de venir sans payer !). Hobbitbourg (Hobbiton en anglais) a été ici reproduit par les Studios Weta. Peter Jackson a choisit le site car il correspondait le mieux au paysage de la Comté décrit par Tolkien. C’est notamment son immense arbre multi centenaire (l’arbre de la fête) et le petit lac qui l’on décidé sur le lieu exacte du tournage (et également l’absence de lignes électriques, de maisons ou de routes modernes). Le bus longe des champs qui servaient de lieux techniques pour les tournages (loges des stars, cafétéria, camion de maquillages et de visionnage, etc.….). La route d’1,5 km qu’emprunte le bus n’est pas d’origine : c’est l’armée néo-zélandaise qui la terrassée et viabilisée.

Je débute la visite guidée qui dure 2 heures 30, je plonge complètement dans l’univers de Tolkien : Hobbitbourg se dresse devant moi ! Le guide raconte qui a fallut 9 mois de chantier pour arriver à ce résultat (le chantier a débuté en mars 1999). Il n’y a pas moins de 37 trous de hobbits qui y ont été construits, mais ce ne sont que les façades, et quelques paliers. Il y a aussi la taverne du Dragon vert, le moulin à eau et le pont. La taverne est d’ailleurs en chantier : l’intérieur tel qu’il apparaît dans le film va être recréé ! Tout a été artificiellement vieilli, du bois au verre ; même les lichens ne sont qu’une peinture texturée colorée pulvérisée par petites touches ! Le résultat est bluffant : il faut s’approcher de près pour constater la supercherie. Le site que j’observe ne fait pas carton-pâte. Une forte raison à cela, pour le film le Hobbit, Hobbitbourg a été réaménagé et une bonne partie à été reconstruit dans des matériaux plus durables.

Une section a même été nouvellement créée. Le guide qui a l’air de bien connaître l’œuvre de Tolkien, confit tous un tas d’anecdotes de tournage et de données techniques sur le site. Au moment où je fais la visite ; il y a 27 ouvriers qui travaillent pour entretenir les lieux (mais pendant le tournage il y a eu un pic avec 400 employés sur le site !). Les toits en herbes des trous de hobbits sont arrosés par un système de goutte à goutte souterrain ; l’herbe reste ainsi bien verte. Les maisons n’ont pas toutes la même échelle ; sont à l’échelle humaine uniquement celles qui servaient pour des prises de vue avec les acteurs en devanture. Je vous donne quelques anecdotes en vrac (j’espère avoir bien tout compris des commentaires en anglais je peux me tromper) :

Alexander Dean fut surpris un soir de voir des lumières rouges dans le ciel de sa ferme, il alla sur le plateau extérieur et vit l’équipe de tournage avec des néons en train de gambader dans la prairie. Mais après avoir vue le film il comprit qu’il s’agissait de la scène du feu d’artifice en forme de dragon !

Le hobbit qui sourit devant les pétards de Gandalf est un néo-zélandais du coin ; un fermier qui est plus qu’heureux d’apparaître 29 secondes dans la communauté de l’anneau.

La scène des ronds de fumée avec Bilbo et Gandalf fut compliquée à tourner : uniquement les matins à l’aube et nécessitait une seule prise : il y eut beaucoup d’aube pour les 2 acteurs.

La nouvelle section d’Hobbiton comprend quelques plantes tropicales typiques de la Nouvelle-Zélande : seront-elles floutées au montage ?

Pour le tournage il fallut récupérer les 13000 moutons dans la propriété et les confiner ailleurs pour qu’ils évitent de passer dans le champ de la caméra : ils faisaient trop modernes pour la production.

Le petit plan d’eau est artificiel, sa mise en eau  date de 1996 ; sans cela peut être que le lieu de tournage n’aurait pas eu lieu ici.

L'arbre qui chapote le toit de Cul-de-sac de Frondon Sacquet est un chêne plus ou moins authentique. Il s'agit du seul arbre non naturel du site : un vrai chêne importé en pièce détaché non loin de Matamata et recouvert de fausses feuilles made in Taiwan.

La scène où Sam Gamegie dit "un pas de plus et ce sera le plus loin que j'ai jamais été de chez moi" se déroule dans un champ à 5 minutes à pied de sa maison. 

Sinon j’ai effectivement vu les maisons de Sam et de Frodon !

Il n’y aurait non pas deux mais trois films pour le Hobbit : Un voyage inattendu, Les désolations de Smaug et La chute de Dol Guldur (errata temporel : la bataille des 5 armées pour le troisième volet).

Je termine ma visite comblé, plein d’images dans la tête ! Je veux désormais voir le film, mais il va me falloir encore attendre un peu ! Je rencontre également un couple de français : Marion et Sébastien, avec qui je discute ; Sébastien est le premier autre Clermontois que je rencontre! Le bus me ramène ensuite à Matamata, petit tour à la dump station, à la station service et à la bibliothèque puis direction le Nord-est.

 
 
 
 
 La visite d’Hobbitourg un autre rêve que je réalise ici en Nouvelle-Zélande. J’aime ce pays.

Je franchis les monts Kumai pour arriver en vue de Bay of plenty. L’après-midi étant bien entamée je m’arrête pour la nuit au Parc de Mc Laren. Sur la route pour m’y rendre je longe les chutes de Mc Larren. Une belle cascade toute en longueur alimentée par deux torrents au niveau d’une patte d’oie. Je campe pour 5DNZ près d’un ravissant plan d’eau en compagnie d’oies, de canards et de coqs. Le lendemain le mercredi j’ai décidé de visiter Tauranga mais la journée va être longue. Au moment de prendre la route, mon van que je sens fébrile m’indique à nouveau sur le tableau de bord les voyants frein et batterie. Je pense qu’il ne s’agit peut-être pas que de fusibles déboîtés. Je décide de faire vérifier à Tauranga qui est une grande ville de 116 000 habitants. Je franchis la ville et rejoins sur la pointe de l’estuaire le quartier de Mont Maunganui où il y a une vaste zone industrielle.

Je me gare proche de l’I-site pour demander des adresses de garages mais celui-ci est définitivement fermé. Pas de chance, je décide donc de faire le tour en voiture de la zone et de trouver un garage par moi-même. Mais le van refuse de démarrer pourtant j’ai de la batterie ! Il est tout juste 8H30 du matin, j’utilise pour la première fois ma carte d’assistance AA ; elle va grandement me servir. Je bafouille un peu au téléphone et un peu en stress j’arrive à me faire tout de même comprendre. Une dépanneuse arrive dans le quart d’heure. Ce n’est pas la batterie mais l’alternateur ; diagnostic il faut que je me rende dans un garage spécialisé dans l’électronique pour voiture. Le dépanneur m’en indique un à 2 Kms seulement. Après avoir fait redémarrer mon van, je le suis au garage. Ils peuvent me réparer mon alternateur dans la journée. Je donne mon numéro de portable pour me tenir au courant des réparations.

En attendant ces dernières, je ne veux pas perdre mon temps au garage ; direction le Mont Maunganui qui donne le nom au quartier.  C’est un ancien volcan qui domine l’entrée de l’estuaire et toute la baie. L’ascension me change les idées, et après 30 minutes d’une pente bien raide j’atteins le sommet : et là quelle vue sur la baie, même si le ciel est voilé. Je redescends ensuite par un chemin différent encore plus pentu. Je laisse derrière moi les moutons « citadins » qui parcourent les flancs du volcan. Je marche sur la plage, où quelques vagues profitent aux surfeurs. Et lorsque j’arrive sur la petite presqu’île de Moturiki je fais une rencontre inattendue : un phoque à fourrure sur un rocher au soleil (je me trompe peut être sur l’espèce ? les gens ici disent « seals » pour les otaries, les phoques et les lions de mer).

Je suis le premier à le découvrir : il vient juste de sortir de l’eau et commence sa toilette comme un chat sur son rocher. Je l’approche à distance raisonnable mais quand même d’assez près et je prends tout un tas de photos. Moins d’une semaine après les dauphins encore un animal sauvage que je peux approcher et contempler. J’avais déjà vu des phoques en France en Bretagne mais là j’ai l’impression de tourner un documentaire animalier. Je reste là sur le rivage pour l’observer, j’ai été rejoins et imité par une petite foule ; je reviens même après manger pour l’observer à nouveau. En début d’après midi je retourne au garage, mon van est disponible et réparé ! Le garagiste a réparé mon alternateur en remplaçant un régulateur et des « bearings », je suis tranquille pour 250 000 kilomètres avec mon nouvel alternateur. La facture est un peu salée (314DNZ) mais je peux reprendre la route en étant rassuré.

Le parc Mc Laren offre un paysage digne de la Comtée.

Une nouvelle cascade au compteur: les Chutes de Mc Laren.

Une plage composée en grande partie de coquillage près de la presqu’île de Moturiki.

Rencontre avec un phoque à fourrure sur la presqu’île de Moturiki !

Le célèbre Mont Maunganui.

Je conduis direction Matata où m’attends un campsite du DOC avec des douches chaudes pour 6 DNZ la nuit !!! Je traverse auparavant la ville de Te Puke avec ses vergers de Kiwis. Et pour cause, la ville est fière d’être la capitale mondiale du Kiwi. Deux mots à ce sujets : en 1930, une horticulture intensive de « la groseille à maquereaux chinoise » pris le pas sur les élevages ovins et bovins décimés par des maladies, ce fruit trouva un débouché international sous le nom de Kiwi après une campagne marketing bien menée et les ventes s’envolèrent dès 1960. Il y a deux variétés de kiwis : le vert (Hayward) qui recule devant le jaune (Zespri doré). Je poursuis mon chemin et j’arrive au campsite, tout est comme dans la brochure du DOC ; un joli camping coincé entre une lagune et des dunes.

Sur la plage je trouve des pierres ponces et des scories ; preuve du volcanisme actif de la région. D’ailleurs au large j’aperçois White Island : le volcan le plus actif du pays. Il crache par intermittence des nuages blancs de cendres d’où son nom. Il y a d’autres volcans actifs dans le secteur comme le Mont Tarawera qui rentra en éruption en 1986 tuant 153 personnes et détruisant pour toujours la huitième merveille du monde : les White & Pink Terraces. Le soir à Matata, je rencontre des néo-zélandais sur la plage, des maoris qui vivent ici. Bon on est loin de l’iconographie Maori : voiture tunnée, rap, bière et joins. Mais en discutant ils m’apparaissent sympathiques et malgré un fort accent je les comprends bien. Ils ont de 25 à 37 ans. Le propriétaire de la voiture Adrian fait un peu de rap. Ils travaillent tous ici dans Matata. Norm l’aînée du groupe et père de 3 enfants me propose d’aller pêcher avec lui le lendemain. J’accepte volontiers.

Le jeudi je profite de quelques rayons de soleil pour faire ma lessive. Le matin en parcourant la plage je trouve dans les algues une canne à pêche (c’est un modèle pour enfant et le moulinet est cassé). Par la suite dans la journée, je fais le tour de la ville et du camping, et je marche sur la plage. A 16h30 je rejoins Norm pour la session de pêche. Je lui fais part de ma découverte du matin et je lui donne la canne à pêche (je n’en ai aucune utilité). Il me dit que même cassée rien que la canne vaut 100DNZ. On essaye une bonne heure mais la marée n’est pas idéale, on rentre bredouille ou presque. En effet après on s’essaye à la pêche à l’anguille dans la lagune, et là Norm sort une anguille d’une quarantaine de centimètre : belle prise ! Trop occupé à pêcher je n’ai pas pris de photos mais promis j’en ajouterais. Car cet après-midi nous remettrons cela et le soir je suis invité pour manger l’anguille de la veille qu’il a mise à fumer toute la nuit.

Le "trésor" échoué une fois démêlé des algues.

Système D pour étendre mon linge.

Vue de la plage avec au large White Island, une éruption en 1914 y tua tous les mineurs de soufre.

Voilà pour les news du pays. Demain je me rends à Opotiki pour mon premier HelpX (une sorte de wwoofing mais qui n’est pas exclusif à l’agriculture) mais je développerais cela prochainement.

La veille de mon HelpX je me suis rendu à ville proche de Whatakane pour trouver un spot Wifi, dans la bibliothèque il y avait une exposition présentant ce kiwi naturalisé.

19 septembre, 2012

Là-bas au Coromandel …

Je suis enfin au Coromandel, le lieu de vacance privilégié des néo-zélandais. C’est là encore une péninsule mais bien différente de celles du Northland.

 Petit retour en arrière, comme prévu le samedi à 08 Septembre, je fais une étape à Warkworth, avant de descendre au Coromandel. Je passe une nuit à la plage d’Omaha et le lendemain je me rends à l’I-Site, puis à la ferme d’Audrey pour faire la surprise. Cela fais pile trois mois que je suis dans le pays (le temps passe trop vite !) et mon retour à la ferme me parait loin et me donne une curieuse impression de retour à la maison. Je retrouve Mayumi et huit autres nouveaux wwoofers, et bien sûr Audrey ravie de me revoir en pleine forme même si elle me trouve amaigris! Je découvre le nouveau jardin qu’a créé Mayumi et puis d’autres nouveaux travaux réalisés. Je retourne même avec Audrey et les wwoofers à Matakana Market car on est samedi. Je reste pour le dîner en tant qu’invité durant lequel je raconte mes aventures dans le Nord. La soirée je discute avec les wwoofers de mes impressions sur mes visites, je donne aussi quelques conseils sur les bons et les mauvais plans. Je dors dans mon van car faute de lit disponible.

Ce retour à Warkworth permet de m'offrir le levé de soleil sur Omaha beach.

Mayumi a choisi pour son jardin un design maori d’où le nom : Hana Garden.

Cette halte me fait le plus grand bien, et dès le dimanche matin après mes courses, mon plein et la dump station ; je conduis direction la péninsule du Coromandel. Je traverse Auckland et je dépasse le point le plus au Sud que je connaissais du pays : l’aéroport international d’Auckland ! Je me dirige vers Miranda où j’ai décidé de passer la nuit. Je me gare sur un espace en front de mer où l’overnight motorhome est toléré pour les véhicules self-contained (Traduisez que je peux passer la nuit tranquillement et gratuitement à l’abri des 200 dollars d’amende).Le Coromandel est la chasse gardée des néo-zélandais, le freedom camping n’y est autorisé qu’à de très rares endroits.

Je suis idéalement situé, assez proche de la Péninsule du Coromandel pour débuter mon road-trip. Je contemple ici l’estuaire de Thames. C’est un  golfe dans le prolongement du celui d’Auraki (celui d’Auckland), son nom vient de la ville qui le borde : Thames. Cette ville sera ma destination du lundi. Je prends le temps de longer la côte à pieds, la plage est constituée en grande partie, pour ne pas dire entièrement, de débris de coquillages. J’observe quelques oiseaux marins dans la réserve maritime et je me couche de bonne heure ; ignorant que je vais passer ma pire nuit depuis mon aventure.

En effet, toute la nuit, le van est secoué par de grosses rafales et il pleut à torrent. J’ai vraiment eu du mal à fermer l’œil de la nuit. Mais pas question de faire de grasse matinée, j’ai un planning que je me suis fixé. Je prends la route de Thames, une ville qui connue la ruée vers l’or. En effet Le Coromandel est réputé pour son or, la première découverte du précieux minerai remonte à octobre 1852 près de la ville de Coromandel. S’ensuivit une véritable ruée vers l’or et Thames passa de 5000 à 18000 habitants (plus qu’Auckland à l’époque).

Mais dès les années 1870 les filons s’épuisèrent. L’intérêt se porta au Sud-est de la péninsule vers Karangahake Mountain et à Waihi où la Martha mine était en 1912 l’une des plus grande mine d’or du monde. En 2007 s’est véritablement achevée l’exploitation industrielle. L’exploitation continue de manière sporadique avec des habitués qui en font leur passent temps mais l’activité est dangereuse (les galeries ne sont pas sûres et les locaux veillent sur leurs propriétés). Je reviens à mon récit, à peine arrivé dans la ville j’en fais le tour rapidement et je retire du cash au distributeur de la poste. Ensuite je vais faire mon plein et c’est là que je commets l’impensable mais je ne le découvre que dans l’heure qui suit !

Je continue mon road-trip par la visite de la vallée de Kauaeranga où il y a des belles forêts natives. Je commence un petit circuit en forêt quand je me rends compte que je n’ai plus mon portefeuille en poche, je viens de perdre mes papiers et mon cash pour la quinzaine ! Et seconde grosse erreur de ma par je n’ai pas pris le temps de « spliter » mon argent. Je fouille mon sac et mon van et je me dis que je ne peux l’avoir égaré qu’à la station service. J’y retourne pressement dans l’heure. Et effectivement le gérant me le rend, je vérifie le contenu tout y ai (vive la tranquille Nouvelle-Zélande !!!). Cela m’a valu une bonne frayeur et me servira de leçon ; je prends quelques nouvelles résolutions pratiques pour l’avenir.

Décidément je me demande encore comment j’ai pu le perdre sans l’entendre tomber en remontant en voiture (les conséquences de la terrible nuit ?). Je suis énervé après moi-même, car cela ne m’était jamais arrivé en France. Je ne suis pas du genre à commettre ce genre de négligence! Je reprends mes esprits car j’ai de la route et ici sur la péninsule du Coromandel, les routes sont particulièrement pentues et sinueuses. J’emprunte la route 25 jusqu’au village de Coromandel. Celle-ci serpente le long de la côte, alternant des passages de corniches et de montagnes. La côte Ouest de la péninsule du Coromandel est très montagneuse, contrairement à l’Est où il y a quelques plaines (en son centre la péninsule est parcourue par une chaîne de montagne avec certains sommets qui culminent à un peu plus de 800m).

Au petit matin je me lève avec une magnifique vue sur l’estuaire de Thames à marée basse.

Devant cette rivière j'ai réalisé qu'il me manquait mon portefeuille!

Un des nombreux bâtiments de style colonial construits à Thames à l’époque de la ruée.

La route 25 qui longe les eaux turquoises et troubles de l’estuaire.

J’atteins la ville du Coromandel qui donne son nom à la péninsule, mais qui elle-même tient le sien du bateau de la marine britannique, qui y vint en 1820 pour embarquer des poutres de Kauris. C’est une petite bourgade charmante mais minuscule, on y trouve quelques édifices victoriens de l’époque de la ruée. Je m’arrête dans le village  pour en faire le tour et pour prendre à l’I-site des informations sur mes prochaines visites et je récupère notamment les horaires des marées (très utiles). Je poursuis mon chemin, direction la pointe Nord de la péninsule, je dépasse Colville (dernier patelin) pour ensuite rouler sur 40km de gravel road (« la Unsealed Narrow Scenic Road ») jusqu’à mon point d’arrivée : Port Jackson. La route porte bien son nom ; elle est étroite, parfois pentue et technique (gués, éboulis, nids d’autruche !).

Je suis obligé de rouler au pas sur certaines sections pour ne pas trop abîmer les pneus. Je me demande l’été quand c’est l’affluence comment les immenses camping-cars font pour se croiser à certains endroits. J’arrive pour le lunch autour de midi à Port Jackson ; une belle baie circulaire avec une végétation rase. Mon camping, encore un campsite du DOC, bien situé derrière une petite dune, possède des douches froides et des wc (le minimum confort que je recherche). Je commence ma découverte mais je décide de ne pas m’aventurer trop loin la météo est instable dans la région et il est prédit du mauvais temps sur le début de semaine. Je commence la Mirawai walk mais je rebrousse chemin : il y a trop de vent et le chemin longe de hautes falaises.


La « Unsealed Narrow Scenic Road » avec ses anciens Puhutukawas est plaisante à emprunter malgré que je ne dépasse pas les 30 km/h.

Port Jackson : une jolie anse sauvage pas si abritée que cela des vents.


Je retente le lendemain le mardi et là je me prends un mûr d’eau ; le K-way ne permet que de sauver mon appareil photo numérique et mon portable. Je rentre trempé au van et je fais tout séché y compris les papiers d’identités (là encore je dois m’organiser différemment à l’avenir). La météo ici peut changer en l’espace d’un quart d’heure, il peut pleuvoir alors qu’il n’y a presque pas de nuage, la température peut chuter rapidement si le soleil se cache, et le vent surgit quand on s’y attend le moins. J’ai prévus de passer trois nuit à Port Jackson, et les deux premières nuits sont encore difficiles : que de vent mêlé de pluie ici dans le Nord du Coromandel ! 

Sur le retour de Mirawai walk, quand je distingue au loin un véritable mur sombre dans le ciel il est déjà trop tard pour chercher un abris sur les deux derniers kilomètres pour atteindre le campsite!

24 heures séparent ces deux clichés: preuve de la virevoltante météo néo-zélandaise!

J’attends le mercredi pour faire la grande randonnée prévue : 14,5km sur la côte Est de Port Jackson, pour rallier Fletcher’s bay à Stony bay (c’est aussi l’emplacement de deux autres campsites du DOC). Le temps incertain, vire en une magnifique journée ensoleillée ; je foule un lieu vraiment incroyable. A l’allé, je prends le sentier côtier avec ses falaises, ses aiguilles de lave, et ses criques à l’eau émeraude. Je marche deux bonnes heures pour atteindre Stony bay ; un petit paradis perdu où je pique-nique le long de la grève. Le retour je passe par le sentier intérieur destiné au VTT. Il est annoncé comme pentu mais avec une vue intéressante. Je commence donc une ascension qui n’en fini plus. La pente casse les jambes ; j’ai l’impression de monter trois fois le Puy de dôme. Quand j’atteints le sommet et ses 540 mètres, je découvre effectivement un panorama à 360° époustouflant. Je vois loin au large ; je distingue Little et Great Barrier island, mais aussi la plage d’Omaha, et même les Heads de Whangarei. Je dois ensuite descendre un chemin bien pentu encore une fois, le long de prairies à moutons. Je rentre épuisé et j’achève ainsi par ces 6 heures de rando cette étape à Port Jackson car le lendemain je souhaite découvrir la côte Est du Coromandel.

Les moutons devant Square top Island.

 Les Puhutukawas de Stony bay.

 La vue depuis le chemin du retour sur Great Barrier Island.

Le jeudi matin, je reprends la « Scenic road » dès 7h00 car je vais devoir rouler sur plus de 100 km de gravel road. Mon choix de partir de bonne heure m’a donné la chance d’apercevoir de très près des dauphins ! Après avoir traversé un troupeau de vache sur la route, je conduisais à faible allure quand j’ai entraperçu un aileron à 3m à peine du bord de la plage. Je stoppe mon van, je fais quelques photos et j’enfile mon shirt de bain rapidement et je cour en direction de la plage. Un groupe de dauphins d’une petite dizaine d’individus longe la côte très proche du bord mais il commence à s’éloigner. Je siffle et alors contre attente ils font demi tour et viennent, c’est alors que je commence à me mettre à l’eau jusqu’à la taille (elle est bien fraîche mais je ne me pose pas de question).

Certains dauphins s’approchent à deux mètres de moi, mais ils gardent tout de même une distance de sécurité et je ne peux pas les toucher. Il y a un bébé et une mère ce qui explique peut être leurs comportements. Je tapote le dessus de l’eau ce qui a pour conséquence de les faire bondir hors de l’eau deux d’entre eux. Ces deux mêmes dauphins jouent à s’envoyer un poisson comme si c’était une balle. Ils restent quelques minutes à faire des cercles dans l’eau. On s’observe mutuellement puis ils repartent, je sors de l’eau et je reprends mon appareil photo le temps de faire un petit film. Je suis un peu transi de froid mais réjouis de cette expérience incroyable. Et moi qui avais renoncé à faire le Dolphins tour à Paihia pour voir depuis un bateau les cétacés pour 150 DNZ, j’étais plus que satisfait de cette rencontre intime, gratuite et inattendue. Je remonte en voiture euphorique, le Coromandel est bien surprenant.

Je prends un autre itinéraire pour rejoindre le village de Coromandel : une « gravel road » vraiment tape cul et pentue qui traverse la montagne. Dans la montée j’ai deux voyants qui s’allument : le frein et la batterie. Je me gare et teste mes freins et ma batterie, rien à signaler et j’en déduis qu’il s’agit d’un problème de fusibles. Je poursuis mon chemin jusqu’à Whangapoua. Après ce hameau il y a une petite marche qui permet de se rendre à New Chums Beach. New Chum Beach est classée parmi les 20 plus belles plages au monde. Je m’attends donc à un spectacle hors du commun. Effectivement je ne suis pas déçu, son titre n’est pas usurpé. La plage, dont le sable fin est pour moitié blanc pour moitié rose, s’étire entre deux formations rocheuses : d’anciens dômes volcaniques dont on aperçoit aujourd’hui les orgues basaltiques. La plage est sublime, elle fait face à un chapelet d’île au large et est parcourue par plusieurs petits cours d’eau qui viennent se jeter en mer. L’eau est lipide et est d’un vert émeraude splendide.

Je profite un peu du soleil même si le fond de l’air est vif, et l’eau bien que donnant envie est vraiment froide (ce qui explique que la plage soit déserte ?). Après un pique-nique à l’ombre des arbres sur la plage, je rentre à mon van. Je monte au sommet d’un des volcans, en utilisant les orgues telles des grosses marches, pour avoir une vue d’ensemble sur la somptueuse plage. En chemin je m’arrête sur une autre plage pour ramasser des opercules ; les portes nacrées de gros escargots marins. Je reprends la route je passe par Whitianga au fond de la Mercury bay (baie où James Cook passa dix jours en 1769 à observer Mercure). A Whitianga je vérifie mes fusibles ; certains avec les vibrations étaient décrochés, d’où les indications erronées ! Je me dirige ensuite vers Tairua, une ravissante petite ville au pied d’une lagune et surplombé par un volcan. Je décide de passé la nuit à Tairua car on y trouve 4 emplacements pour le « freedom camping » pour véhicules « self-contained » (les seuls de tout le Coromandel !). La ville dispose également d’une bibliothèque avec un accès wifi : l’étape parfaite en somme.

Ma rencontre avec les dauphins du Coromandel restera inoubliable.

Sur la route je longe la Kennedy Bay, seul chose à voir sur cet itinéraire retour (je déconseille d’ailleurs de prendre cette route, il veut mieux passer par Colville !)


 New Chums Beach n'usurpe pas son titre d'une des plus belles plages du monde. 


Ma collecte d’opercules, juste en 30 minutes.

Le vendredi, il fait encore bien beau. Je quitte Tairua pour la Hahei Coast où je vais découvrir deux curiosité locales : Cathedral cove et Hot water beach.  Je commence par Cathedral cove, qui se situe à côté du village de Hahei. Ce site est un équivalent « d’Etretat » en Nouvelle-Zélande, car ici aussi la côte est formée par des falaises blanches sculptées par l’érosion maritime. A la différence que ce n’est pas de la roche calcaire mais de la ponce qui s’est accumulée après une violente éruption volcanique. Je prends un sentier pour aller voir le phénomène d’érosion le plus atypique du secteur : un tunnel dans la falaise qui relie deux baies. Il y a aussi des aiguilles rocheuses sur la plage et d’autres petites baies que l’on peut parcourir. Le site est vraiment unique, et je suis seul sur place à en profiter car j’évite la foule estivale ! Je continue mon chemin par la suite pour rejoindre la plage d’Hahei non loin. Une belle plage mais la baignade est interdite car il y a de puissants courants marins. Au bout de la plage un ancien Pa maori est visible, j’en fais l’ascension rapide. Je ne perds pas de vue l’heure car je dois tenir compte de la marée, là encore, pour ma seconde étape du jour.
La grotte dans la falaise de ponce, de cette petite baie donne le nom au lieu : Cathedral cove.

Cette pinacle de ponce appelée Te Hoho se dresse telle la proue d'un bateau échoué.

Du sommet du Pa je profite d’une jolie vue sur Hahei et sur sa plage.


Je reprends la route et j’arrive sur la seconde curiosité qui vaut le détour : Hot water beach. Comme son nom l’indique il s’agit de sources chaudes qui ressortent sur la plage. L’eau chaude jaillie à 60°C, il faut faire attention à ne pas s’ébouillanter. Les sources sont accessibles que sur une fourchette de 4 heures entourant la marée basse. Me concernant j’arrive sur la plage 30 minutes après le plus bas de la marée (je dispose donc que d’une heure et demi !). Je me munie de ma pelle (acheté pour l’occasion) et rejoins la foule (1ière fois que je vois autant de monde sur une plage de NZ !). Je n’ai pas à chercher longtemps où creuser le sable fume par endroit, je commence à créer mon bassin éphémère. J’y prends place, dedans il y a des bulles mais ce n’est pas l’ébullition juste du gaz carbonique. L’eau est bonne pour la peau car riches en minéraux : je me fais une petite thalasso ainsi. Puis la marée, submerge « ma piscine chauffée », au départ je supporte les arrivées d’eau fraîche mais ensuite il est temps de plier bagages. Je prends mon lunch bien sur le tard et avant la fin d’après midi je retourne à Tairua où je découvre le second spot de parking « freedom camping » et la bibliothèque où j’utilise internet. 
  

Hot water beach et tous ces bassins éphémères qui procurent une petite Thalasso.


L’aube qui se lève à Tairua sur le mont Paku (178m).

Le samedi matin je prends un peu de temps à la bibliothèque de Tairua pour refaire le plein de batterie, écrire l’article et commencer l’upload des photos. L’après midi direction Waihi et ses mines d’or. Sur la route je traverse de grandes forêts de conifères en exploitation et je fais un petit stop à Whangamata, il parait que sur la plage on peu trouver des morceaux d’obsidienne mais je n’ai pas cette chance. Je ne m’attarde pas trop car le mauvais temps arrive. Lorsque je parviens à Waihi, la grisaille recouvre le ciel mais il ne pleut pas. En premier lieu, juste après m’être garé je décide d’aller voir un curieux édifice sur une colline. Et là surprise, le haut de la colline est le bord du cratère d’excavation de la Martha mine. La mine est au beau milieu de la ville ; c’est la surprise je m’attendais pas à la trouver si proche !

Le curieux bâtiment minier est tout ce qui reste d’une installation qui servait à pomper l’eau de la mine. Celui-ci repose à 300m de son lieu d’origine car il menaçait de s’effondrer dans la mine, il fut donc déplacé ! Ensuite direction l’I-site où je fais le plein d’informations en discutant avec l’employé. Je visite également un petit musée très enrichissant et gratuit sous l’I-site. J’y apprends que l’or extrait ici est issu de veines profondes de quartz, il est d’ailleurs mêlé à de l’argent (on ne peut pas trouver de pépites d’or directement. Dans la Martha mine il est fabriqué des lingots de 20kg d’un mixe des deux métaux précieux. Le gisement a été découvert en 1878 par John McCombie, et le terrain appartenait à William Nicholl qui donna le nom de sa nièce à la mine. La Martha mine est encore en activité et emploie 300 personnes (elle avait été fermée de 1952 à 1988). Après cette petite visite je conduis jusqu’au « Karangahake gorge » pour passer la nuit dans un campsite du DOC à Dickey Flat.

Le profond puit à ciel ouvert de la Martha Mine tel une gigantesque cicatrice dans la terre.

Sur la route du Campsite il y a cette ravissante cascade : Owharoa Falls.

Le lendemain, après une nuit de pluie, je m’apprête encore sous la pluie à visiter les gorges de Karangahake pour continuer mon aventure dans l’orpaillage. Je prends un parapluie en plus du K-way cette fois. Je suis le cours de la rivière, qui s’enfonce progressivement dans une étroite gorge de granit. Le sentier est facilement praticable même sous la pluie ; je franchis plusieurs ponts suspendus sur la rivière. A mi-parcours je dois traverser un obscur tunnel minier de 180m (j’avais pris avec moi ma torche électrique). Le tunnel n’est pas bien haut de plafond et il est bien humide mais je continue. Je débouche à sa sortie, sur une gorge de plus en plus profonde, le chemin devient taillé à flanc de falaise. Et quelques minutes ensuite j’atteins la tête de puit dont l’entrée est condamnée. Le réseau minier est immense : 14 étages : 450m au dessus du niveau de la mer et 100m en dessous.

J’observe les restes de l’installation qui permettait de descendre les mineurs et de remonter le quartz. C’est ici qu’en 1909, 60% de l’or du pays était extrait. Plus loin je m’aventure dans des galeries ouvertes au public pour atteindre la station de pompage souterraine (dans une immense salle mais je ne vois pas grand-chose hormis la grille qui bloque le passage). Le réseau a été réhabilité sur la partie ouverte au public avec au sol des rails : on se prend au jeu d’être un mineur chercheur d’or ! Je ressors de l’autre côté, où je découvre l’entrée des gorges avec les restes de la station d’extraction de l’or. Je reviens sur mes pas pour le retour. Le côté historique de cette visite était intéressant, d’après les photos d’époques le site devait ressembler à ceux de la ruée vers l’or dans les rocheuses américaines. La ville de Karangahake avait même un côté Far West.

 A mi-chemin dans le tunnel minier : claustrophobes s'abstenir.


Sur la corniche en contrebas se tenait un tramway pour évacuer le quartz miné.

On peut parcourir une infime partie du vaste réseau minier mais une lampe est indispensable

Je quitte les gorges le dimanche en fin d’après-midi. Et je quitte ainsi la péninsule du Coromandel après une fantastique semaine, je termine juste par une petite halte pour mes courses à Paeroa. Cette ville est connue pour la boisson concoctée à partir d’une source naturelle dès 1908 : « L&P » (Lemon and Paeroa). Cette boisson ressemble à une limonade au goût. L’usine de la ville a fermé mais la production perdure désormais près d’Auckland, la marque ayant été racheté par la firme Coca-Cola Amatil. Je poursuis ma route vers le Sud et je m’arrête à Te Aroha. Une ville thermale, où j’observe un petit Geyser dans un par et où je finis d’écrire cet article. Pour la suite je m’offre une semaine de transition avant de travailler chez un hôte dans le cadre du programme HelpX. Je suis impatient de reprendre la route pour découvrir un lieu qui me tient à cœur… (Surprise for the next time)…

 La fameuse bouteille de la marque se retrouve un peu partout dans la ville de Paeroa.

Mon premier geyser à Te Aroha !