28 août, 2012

Kia Ora depuis le Far Northland


Voilà un peu plus d’une semaine que j’ai intégré mon second wwoof, à Pakaraka dans le Far Northland (Le Far Northland désigne les territoires de l’extrême Nord sous fortes ingérences des Iwis (ou tribus) maoris locales).

Les paysages vallonnés, volcaniques et verts du Far Northland rappellent ceux de l’Auvergne.

 Mes hôtes pour mon second wwoof :  Frederika et Douglas.

Cette fois-ci je suis à l’intérieur des terres (à 30 min de la côte), dans un coquet manoir qui fait bed and breakfast et centre équestre. Ce wwoof est bien différent de mon premier. Tout d’abord, je suis le seul woofer ce qui m’oblige à parler anglais avec mes hôtes Douglas et Frederika, un couple d’anglais installé ici depuis plus de 20 ans. Je suis extrêmement bien logé (au même titre que si je payais pour la chambre d’hôte) ; Je dispose d’une ravissante chambre avec un confortable lit à baldaquin. Douglas, ancien aubergiste, cuisine très bien pour le repas du soir qui est pris en commun (sinon je prends mon petit déjeuner et mon lunch à part). J’ai n’ai pas à aider pour la cuisine ni pour le ménage en revanche je travaille beaucoup, vraiment beaucoup et j'ai bien compris que je n'étais pas ici pour des vacances. En effet, je travaille 6 heures par jours tous les jours (pas de day off!!!) soit 42 heures de boulot physique par semaine ! Cela me convient car je ne reste que 15 jours (je quitte les lieux le 3 Septembre), je pense que je n’aurais pas tenu deux mois ici contrairement à mon premier wwoof.


Le merveilleux manoir de mon second wwoof et son jardin.

Un superbe perroquet mais malheureusement il fut difficile à approcher pour la photo.

Je fais des tâches qui commencent à être habituelles comme la promenade des chiens (un grand Danois et un Jack Russel), nourrir les deux chats, couper du bois (sauf que cette fois-ci en plus de la hache j’ai appris à me servir de la tronçonneuse), désherber, m’occuper des 6 poulets et faire quelques réparations dans le jardin. Je découvre de nouvelles tâches comme brosser les trois chevaux, nourrir les deux poneys et ramasser leurs excréments ! Dernièrement j’ai creusé des fossés dans le champ des chevaux pour drainer l’eau ; j’ai opéré dans un véritable bourbier, j’étais davantage couvert d’argile que lorsque je travaillais sur le four. Sinon je travaille seul, excepté un jour où j’ai aidé leur beau-fils à dégager des arbres autour de barrière (c’est là que j’ai appris à me servir de la tronçonneuse). C’est un peu le mauvais côté de ce wwoof que de n’avoir finalement personne à qui parler en journée pendant le boulot mais je ne m’ennuie pas car chaque jour il m’est donné une liste bien longue d’impératifs. Et je relativise car j’ai la compagnie durant le travaille des martins-pêcheurs, des tuis et des magnifiques perroquets le tout dans un somptueux environnement.

Les travaux de coupe du bois : Dégager des vieux troncs, les couper, et en construire un mur de bûches.
  
Le défis fil rouge de chaque matins : 1h30 à ramasser des montagnes de crottins de poneys. Mais je préfère cela à ramasser les feuilles mortes car au moins les tas de crottins sont bien localisés dans le pré.

 Le travail le plus passionnant que j'ai eu à réaliser.

N’ayant pas de day off je ne bouge pas trop, j’ai par ailleurs déjà visité les lieux intéressants des environs. Je profite simplement du magnifique cadre pour me reposer après le travail et j’ai juste effectué une marche sur une après-midi pour rallier le lac Owhareiti au pied d’un cône volcanique. 

 A proximité de mon wwoof la petite église de Holy Trinity Anglican Church érigée en 1851.
 
Un avion d’épandage que j’ai surpris à atterrir sur une piste bien pentue au pied d’un volcan.
 
Ma seule véritable sortie remonte à lundi dernier, quand je me suis rendu à Kaikohe East School, l’école primaire où enseigne Frederika, pour assister à un spectacle maori. J’ai d’ailleurs bien failli le louper car mon van était enlisé sur la « place » de parking que mes hôtes m’avaient indiqué (je me gare sur une meilleure place désormais). Enfin revenons au spectacle ; c’est un show d’une heure donné par  la Kahunrangi Dance Company (Kahunrangi signifie bleu en maori). Les six danseurs maoris sont revêtus de Piupiu ; un short élaboré avec des flaxes (une sorte de yucca) et dont la réalisation prend 8 semaines. Il y a plusieurs parties dans le spectacle. Ils commencent par raconter le récit légendaire d’Hatupatu (confère ci-dessous). Puis les hommes effectuent une danse guerrière avec un Taiaha, une lance qui à deux extrémités : la langue ou Arero pour atteindre les organes mous et le manche ou Tinana pour casser les os. Ensuite j’ai été bluffé par une histoire racontée uniquement à partir de figures réalisées au moyen d’entrelacement de cordes avec les mains. Celle-ci était à propos d’un pêcheur rencontrant le dieu de la mer Tangaroa. Enfin ils ont fait une danse avec des Tītī tōrea (des bâtonnets de lancer) et des Poï (un sac de tissu, rempli de graine, attaché au bout d'une ficelle).

J’en garde un excellent souvenir, mais ce n’était pas tout, j’ai ensuite été reçu en tant que « guest » dans la classe de Frederika face à une quinzaine d’élèves, de 7 et 8 ans, et à 90% maoris (j’ouvre une longue parenthèse pour dire que 40% de la population du Northland est maoris (60% vers Kataia), et que Kaikohe regroupe des écoles bilingues, d’où l’importance d’élèves maoris). Les élèves se sont présentés en français (« Je m’appelle  …»)  et puis à mon tour je me suis présenté et j’ai parlé un peu de moi et de mon voyage le tout en anglais illustré par quelques photos d’Auvergne et de ma famille. Quand je leur ai montré la France sur le globe terrestre ils n’en revenaient pas de la distance entre nos deux pays. J’ai aussi fait quelques tours de magie que j’ai ramené de France : ils les ont bien appréciés. Ils étaient vraiment curieux et m’ont posé tout un tas de questions. Ils ont clôturé, cet échange enrichissant et intéressant, par une chanson en anglais et des mots en maori à mon honneur.

 La Kahunrangi Dance Company en train de réaliser une danse traditionnelle aux Tītī tōrea.

Une représentation de la légende d’Hatupatu :
Lors d’une partie de chasse avec ses trois frères aînés et brutaux envers lui, Hatupatu fut poursuivie par Kurangaituku une déesse oiseau. Hatupatu essaya par tous les moyens de lui échapper. Il était entraîné à l’art de l’esquive et doté d’un fort instinct de conservation. Il avait acquis certains dons et il ouvrit par magie une pierre pour s’y réfugier à l’intérieur. Il commandait aussi les éléments et utilisa un geyser pour ébouillanter Kurangaituku. Par la suite, il devint chef de clan, fut respecté par ses frères et ne recula plus jamais devant l'adversité.

La classe néo-zélandaise de Primary school où j’ai été invité.

C’est tout concernant ma vie dans le Far Northland pour le moment, j’espère avoir de belles choses à raconter d’ici peu. Après mon wwoof je compte rallier l’extrême Nord en visitant le Cap Reinga, mais en attendant il me reste encore pas mal de bois à couper! Ka kite ano.

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