20 août, 2012

Le Northland

Je viens d’achever un petit road trip de 5 jours dans le Northland. J’ai tant de choses à raconter ; je reviens sur ces journées qui furent riches en découvertes et en sensations.

Mercredi :

Je quitte Warkworth après avoir fais mon plein d’essence, mes courses et alimenté mon van en eau à la "dump station". Je voulais aussi aller chez le coiffeur mais il était malade ce jour là, tant pis cela correspond mieux au mode routard! Pour rejoindre le Northland, j’emprunte jusqu’à Te Hana le seul grand axe routier : la route 1 qui monte dans le Nord. J’avais prévu de faire quelques arrêts découvertes : Dôme Forest et Te hana (ville où s’est déroulée une fameuse bataille entre maoris et colons britanniques) ; mais finalement la météo fut catastrophique et je n’ai eu d’autre choix que de renoncer. En effet pour cette première journée de road trip, la météo a été horrible, j’ai effectivement roulé sous les bombs water. Un véritable mur d’eau m'a contraint même à m’arrêter sur le bas côté de la route près de Mangawhai village.

Une photo « Countryside » du pays avant Mangawhai.

Une fois le gros de l’averse passé, j’ai poursuivi ma route sur cet axe côtier, et c’est en cours d’après-midi que je découvre Bream Bay. Une immense baie dominée dans le fond par des montagnes (les Whangarei Heads). Je fais un arrêt à Langs Beach le temps de prendre quelques magnifiques clichés et de marcher sur une grève jonchée d’éponges marines rouges et jaunes. Je continue sur cette côte et je me gare en free camping sur un parking à Uretiti Beach. Derrière les dunes, je contemple une plage de sable gigantesque (omaha à côté parait minuscule). Je passe la nuit ici. Le ciel est dégagé ; je contemple les étoiles, au loin j’aperçois les lumières de Whangarei et de la raffinerie de Marsden Point.

Bream bay sous un beau ciel d’averses sur les Heads de Whangarei.

Uretiti Beach et ses 25 kms de dunes. 

 Jeudi :

Je reprends la route, sous le soleil cette fois-ci, en direction de Whangarei la plus grande ville du Northland (à 2 heures d’Auckland). Je décide de me garer à 2 km du centre-ville à l’I-site pour découvrir à pied la ville et éviter un onéreux horodateur. La ville est quelconque mis à part une rue commerciale et le Town Bassin, réhabilité dans l’esprit colonial,  le long de la Hatea river. Dans le Town Bassin se situe le musée Claphams Clock (celui-ci rassemble 1600 pièces d’horlogerie soit la plus grande collection de l’hémisphère Sud), mais cela ne m’intéresse pas je préfère aller à Whangarei Falls. Situé à 4 km au Nord de la ville, Whangarei Falls est une cascade photogénique de 26 mètres de haut et facile d’accès. Je décide ensuite de faire une petite marche de 2 heures le long de la rivière pour rejoindre Ah Reed Kauri Park pour observer quelques Kauris de 500 ans dans une forêt (rien de vraiment exceptionnel par rapport à ce qui était annoncé dans le guide mais cela me met en jambe pour l’après-midi).
 
Town Bassin à Whangarei.

Whangarei Falls : la cascade la plus visitée du pays.

Je continue mon chemin avec mon van pour les Heads de Whangarei. Je rallie une péninsule à l’Est de la ville où se dresse cet ancien massif de lave qui a été sculpté par l’érosion et qui domine Bream Bay. Je me gare à Mc Leod Bay ; un charmant petit hameau et après mon lunch je commence l’ascension des Heads : plus précisément celle du Mont Manaia et de ses 460 mètres. J’emprunte une piste balisée depuis le village mais au bout d’une heure et demie je constate qu’il s’agit d’un chemin digne d’un track pour la pose des pièges contre les nuisibles (opossums, rats, …). Je poursuis néanmoins ma route sur ce difficile chemin dans le bush natif car il se dirige dans la bonne direction : il ne peut que couper le bon chemin. Ce qui fut le cas au bout de 30 minutes. Ce dernier est large et bien aménagé. Pas moins de 1040 marches (j'ai compté à la descente!) et d’une heure d’ascension me sont nécessaire pour arriver au sommet du mont Manaia. La vue au sommet des pinacles de laves est à 360°, cela valait tous ces efforts. Je redescends par la suite par le bon chemin. Après 6 heures de marches je m’endors arasé avec la tombée de la nuit dès 19 heures.


Mc Leod Bay : Une jolie anse où j'ai passé la nuit.

Mont Manaia est un site sacré pour les maoris ; la légende raconte que les 5 pinacles représentent 5 personnes : Le chef Manaia, ses deux enfants, sa belle femme Pito (qu’il a volé au chef Hautatu) et Hautatu brandissant une massue qui les poursuit pour récupérer sa femme. Ces personnes furent ensuite changées en pierre par le dieu du tonnerre.

Vendredi :

Une bien belle journée en perspective, mais je décide pourtant de m’enfoncer sous terre, le matin, en allant visiter Abbey Caves. Il s’agit d’un réseau de grottes facilement praticable à pieds. Je me rends à la grotte qui est en fait une galerie creusée par une rivière dans de la roche calcaire. Je m’équipe de 3 lampes torches (une frontale, une puissante torche, et une autre à manivelle), d’un K-way et de chaussures adaptées pour les rochers et l’eau. J’explore pendant 40 minutes cet environnement souterrain. J’observe des stalagmites, des stalactites et quand j’éteins ma torche je me retrouve dans le noir avec pour seule lumière un plafond « étoilé » de glowworms. Ma progression est lente, certains passages demandent de l’attention et de la réflexion pour éviter de trop se mouiller. En remontant le cours de la rivière il m’arrive d’avoir de l’eau jusqu’aux genoux, voir plus par endroit. Je termine le parcours spéléologique dans une immense salle riche en concrétions et en glowworms. Je ressors à la lumière du jour et remonte au van en traversant un chemin garni de gros blocs de laves aux formes ciselées vraiment surprenantes.

 Dans les tréfonds d'Abbey Caves.
Une concrétion qui ressemble à une grosse meringue.

Il est 10 heures, le temps d’aller à la « Tutukaka coast » au Nord-Est de Whangarei. Je traverse des petits patelins côtiers : Ngunguru, Tutukaka et je me gare à Matapouri. Le panorama est splendide et rappelle certains endroits dans le Var : je fais face à une baie bien protégée avec sa plage de sable fin comme sur une photo d’agence de voyage. J’effectue ensuite une petite randonnée pour découvrir d’autres baies et criques tout aussi jolies que Matapouri Bay. Je ne croise pas grand monde, ce qui me permet d’apprécier davantage les lieux.   

Whale Bay et Matapouri Bay : les plus belles plages du Northland.

Je quitte les lieux à 15 heures, je fais mon plein à Whangarei et m’apprête à faire un peu de route en direction de la côte Ouest et de ses forêts de Kauris géants. Je passe par Dargaville une ville sans charme dans une plaine, avec 2 grands axes la traversant. Dargaville est la capitale néo-zélandaise de la patate douce : la « Kumara » et fut une plaque tournante du commerce de la résine de Kauris. Je m’enfonce dans des contrées vraiment isolées et dépeuplées, je croise beaucoup de moutons dans les champs et je prends mon premier autostoppeur sur quelques kilomètres. Pour finir j’arrive en fin d’après-midi au camping du DOC (Department Of Conservation) dans Trounson Kauri Park. Les campsites du DOC sont des campings en autogestion et vraiment minimalistes excepté certains comme celui-ci. Pour 10 DNZ (que l’on dispose dans une urne) je peux passer une journée et une nuit et disposer de cuisines, de douches chaudes, de toilettes et je peux même me brancher en courant avec mon van (j’ai ainsi testé et utilisé mon frigo et mes néons dans le van).

Tous les campings du DOC sont situés dans des réserves ou des parcs et sont généralement difficiles d’accès (20 km de gravels road ou sur des îlots parfois). J’étais venue dans celui-ci pour l’électricité et la douche chaude mais j’ai vite réalisé que le parc allait s’inscrire dans ma liste des visites. En effet, dans la cuisine je lis que l’on peut observer des kiwis dans la forêt de Kauris la nuit. Je me suis donc préparé pour le début de soirée pour une ballade nocturne sur le sentier du parc. Je ne me suis pas trop enfoncé dans la forêt ; j’ai effectivement entendu des kiwis mais je ne les ai pas vus. En revanche, j’ai vu des rats, un opossum et des wetas parmi les troncs gigantesques des Kauris. Cette marche dans la forêt de nuit m’a rappelé Abbey Cave en plus sonore, mais toujours avec la même sensation de pénétrer dans un sanctuaire naturel et son ambiance particulière.

Un gros opossum que j’ai pris pour un chat au départ et qui m’a suivi durant mon excursion nocturne.

 Le plus gros Kauri du parc : 1200 ans et 3,5m de diamètre.

Samedi :

Le samedi matin je retourne dans la forêt. Au milieu de la jungle de cette forêt primaire j’ai vraiment l’impression d’être à la nuit des temps et voir surgir un moa des fougères géantes ne me surprendrait pas. Ce parc de 450 hectares abrite de beaux spécimens de Kauris mais ce n’est qu’une mise en bouche ; je fais les choses crescendo concernant les Kauris (Un gros Kauri à Warkworth, puis ceux de Ah Reed Kauri Park et enfin ceux de cette réserve). Car par la suite je prends la route en direction du Nord et de la forêt de Waipoua. Cette grande forêt est juste un fragment de ce qu’il reste d’une immense forêt préhistorique qui jadis recouvrait quasiment tout le Northland. Mais elle demeure la plus vaste des anciennes forêts de Kauris car elle fut protégée dès 1952. La route coupe la forêt sur 18km et passe non loin de Kauris millénaires dont la taille et la hauteur donnent le vertige.

Waipoua forest : une jungle de géants où nous sommes les fourmis.

Je commence par une petite boucle dans la forêt (The Kauris Walk) pour admirer certains arbres qui se démarquent du lot. Tout d’abord, je me rends à « Four Sisters » : quatre Kauris géants qui poussent côte à côte. Puis je vais voir l’imposant, pour ne pas dire le colossal Te Matua Ngahere (« le père de la forêt ») qui a une circonférence de 16m40 ! Il est difficile de se faire une idée de la taille car on doit rester à bonne distance puisque c’est un arbre sacré pour les maoris et qu’il doit être préservé de dégradations et des maladies. J’achève mon tour dans la Waipoua Forest par Tane Mahuta (« le seigneur de la forêt ») : 51m de haut et 13m80 de circonférence ; il s’agit du plus haut Kauri vivant, vieux de 1200 à 2000 ans. Là encore j’ai du mal à le photographier, même à bonne distance. Dans cette forêt on se sent vraiment minuscule au milieu de ces arbres ; on pourrait être sur la planète Pandora !

Ma première impression face à Te Matua Ngahere  fut de penser qu’il y avait un énorme rocher dans la forêt !

 Tane Mahuta : la prise de vue s'effectue d'assez loin pour cadrer les 51m de haut de ce géant.

Je ressors de cette forêt, reliquat d’un autre temps, pour remonter davantage au Nord. Je passe à Omapere où j’aperçois enfin la mer de Tasman près d’une embouchure où se dressent d’énormes dunes de dizaines de mètres. Je bifurque vers l’Est à Opononi direction Bay of Islands. Je m’arrête à Kawakawa pour une curiosité locale : des WC ! Oui le seul attrait de cette ville passe dans ses toilettes loufoques. Et paradoxalement c’est à mon avis le lieu le plus surveiller et le plus propre de la ville (2 agents d’entretiens, 2 policiers devant et dedans 3 caméras de surveillance pour surveiller vos besoins !). Le reste de la ville se compose d’une rue principale traversée par une ligne de chemin de fer (un petit côté FarWest). Je remonte jusqu’à Kerikeri, où j’effectue une plein salé (l’essence est bien plus cher qu’à Whangarei), et je mets un peu de temps pour trouver un bon coin pour passer la nuit dans Kerikeri Inlet (une péninsule sauvage avec que de la gravel road bien pentue).

Les WC publiques de Kawakawa : évitez d’uriner à côté vous êtes filmé !

Dimanche :

Je me lève avec le soleil qui tente de percer une brume épaisse sur la mer. Ma visite du jour : Russel dans Bay of Islands. Je commence par aller à Paihia ; une charmante ville côtière très touristique où je prends un ferry pour Russel qui se situe en face dans la baie. La traversée ne dure qu’une quinzaine de minutes et passe non loin d’îlots et d’îles ; il y en a beaucoup ici d’où le nom donné à cet endroit : Bay of Islands. La brume s’étant levée, j’arrive à Russel sous le soleil. Russel est un joli petit village historique ; ce fut au début du 19ième siècle une station baleinière et l’une des plus grandes villes coloniales de l’époque. Un lieu de débauche et d’anarchie qui lui valut le nom de « bouge du Pacifique ». Ce qui explique que l’on peut voir certains bâtiments parmi les plus anciens du pays comme The Christ Church (1836), la doyenne des églises néo-zélandaises. Eglise dont j’ai visité l’intérieur et j’ai aussi observé de l’extérieur de l’enceinte le plus ancien bâtiment industriel du pays : le Pompallier. Cette grande bâtisse construite par des missionnaires français abrite une presse d’origine. Ensuite je fais une petite marche dans le bush où je rencontre un oiseau que je prends pour un kiwi, et j’atteins un lookout (point de vue) sur Russel. C’est aussi ici sur Flagstaff Hill que fut arraché le drapeau britannique par un chef Maori Hone Heke se qui déclencha la guerre du Nord. Je redescends pour rejoindre une autre baie (Oneroa Bay). Je pique-nique dans une petite crique et je reviens tranquillement à Russel puis à Pahaia avec le ferry (12 DNZ l’aller-retour). Pour finir cette journée, je voulais faire la visite de Waitangi, le lieu où a été signé le traité du même nom mais les 25 DNZ pour visiter juste une maison m’ont fait changer d’avis.

Le petit port de Russel qui fut la première capitale coloniale du pays : de 1840 à 1841.

The Christ Church financée par Charles Darwin de passage en 1835.

Le coin où j'ai pique-niqué. 

Voilà un petit résumé détaillé de ces 5 jours, et dès le lundi en début d’après-midi je suis allé à mon second wwoof où tout se passe à merveille mais ceci est une autre histoire que je vous raconterai prochainement.

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